Comme l’indique le titre original [« Quand la ville dort ») mais qui était déjà pris pour « Asphalt jungle » (1950) de John Huston], c’est avant tout un film sur les médias et le journalisme à sensations, thème toujours d’actualité. Il est tiré du 1er roman, « The bloody spur » (1953) du journaliste américain Charles EINSTEIN (1926-2007), titre qui fait allusion à "l’éperon sanglant de l’ambition" dans « Jules César » (1599) de William Shakespeare (1564-1616). Suite au décès de son père, Walter Kyne (Vincent PRICE) prend la direction du groupe paternel de médias (quotidien « The sentinel » et chaine de télévision) à New-York et décide de doper l’audience et les ventes en mettant en compétition les 4 principaux chefs de service pour l’attribution du nouveau poste de directeur général : George SANDERS [qui a joué dans « Les contrebandiers de Moonfleet » (1955)], Dana ANDREWS, Thomas MITCHELL et James CRAIG (le moins connu des 4, n’ayant que 17 films à son actif auparavant. Le premier qui identifiera le tueur de femmes, dit à rouge à lèvres, obtiendra le poste. Les 4 hommes brillent par leur égoïsme, leur arrivisme et leur cynisme et Edward Mobley (Dana Andrews) qui est peu ambitieux (malgré son prix Pulitzer), n’hésite pas à provoquer le tueur à la télévision et mettre en danger sa future femme, Nancy (Sally Forest), d’où le titre français, trop réducteur car l’histoire du tueur de femmes (John Drew BARRYMORE), connu dès le début du film, est secondaire (malgré une belle poursuite dans le métro) avec un profil psychologique sommaire. Les personnages féminins ne sont pas en reste : Rhonda FLEMMING, la femme de Walter Kyne qu’elle manipule ainsi que son amant, Ida LUPINO (qui a déjà commencé sa carrière de réalisatrice au cinéma puis à la télévision), maitresse de Mark Loving (George Sanders) et sachant user de son pouvoir de séduction et Nancy (Sally FOREST), intransigeante vis-à-vis des écarts de conduite de son futur mari (Dana Andrews). Une belle brochette d’acteurs et d’actrices à la filmographie éloquente mais le film demeure moins puissant que celui de Billy Wilder, « Le gouffre aux chimères » (1951) où Charles Tatum (Kirk Douglas) surpasse les 4 journalistes du film de Lang.