Un ratage, hélas, presque total. Que dire d'un film de capes et d'épées durant lequel on s'ennuie ferme, avare en duels ou en chevauchées, lent, long, sans panache ? Le casting est certes impressionnant mais à côté de la plaque: Philippe Noiret, prévu à l'origine pour le rôle de Porthos, supplia Tavernier de lui confier celui de d'Artagnan, promettant de perdre quinze kilos pour le début du tournage (promesse tenue). Mais cela ne suffit pas ! Noiret était un géant du cinéma mais n'était guère taillé pour camper le fringuant gascon, même vieillissant... il n'est aucunement crédible, voire même franchement lourdaud, dans les -rares- scènes de combat. Dans ce registre, le rôle de Mazarin (dans "Le retour des mousquetaires" de Richard Lester) lui convenait beaucoup mieux. Jean-Luc Bideau ne possède pas le charisme mystérieux d'Athos (dont le scénario, de toute façon, s'acharne à faire une caricature grotesque). Seuls parmi les mousquetaires, Sammy Frey - excellent Aramis- et, dans une moindre mesure, car son rôle est un peu sacrifié, Raoul Billerey en Porthos, tirent leur épingle du jeu. Pour les autres: Claude Rich campe un méchant savoureux mais ce magnifique comédien est en roue libre, il éructe, il marmonne, il chuchote, il mange ses mots et, la plupart du temps, il faut s'accrocher pour comprendre ce qu'il dit. Idem pour le comédien jouant Planchet avec une patate dans la bouche. Reste Sophie Marceau: elle est jolie, elle y croit dur comme fer et... elle a fait virer Freda après quelques jours de tournage ( la carrière de génial "bisseux" ne lui semblant sans doute pas digne d'elle), coulant par la même occasion le film qui, d'agréable série B qu'il aurait pu- qu'il aurait voulu- être s'est transformé en exercice de style un peu vain, ne jouant pas le jeu de son sujet, se révélant, au final, bien plus plat et inintéressant que la moindre "mousqueterie" de cinéastes beaucoup moins côtés que Tavernier, beaucoup plus "bassement commerciaux", comme Hunebelle ou Borderie.
JC Mornard