Encore un film décoiffant de Julio Medem, fascinant, mais très difficile à classer. C’est une belle histoire qui se passe dans une campagne du Pays basque , dans un petit vallon isolé, et de la rivalité des deux familles qui y vivent . L’épopée des ces familles est racontée sur un demi-siècle, couvrant plusieurs générations, et commence lors de la guerre Carliste de 1870 ( révolte de prétendants au trône d’un frère du Roi, mécontent d’avoir été spolié par la fille du roi défunt , mouvement qui durera plus d’un siècle). Mais le film dérive très vite dans le fantastique, l’onirique. Il est empreint d’une sorte de sorcellerie ancienne paysanne basque, de magie noire, Les vaches servent de fil conducteur, et de baromètre de puissance. Dans le vallon il y a une forêt magique, avec un puits infini, qui mène au centre de la terre. Il y a aussi un piège à sanglier , fantasmagorique, baroque au centre de cette forêt. Les deux familles habitent le même vallon, et se challengent dans la compétition locale et traditionnelle, de coupeurs de troncs d’arbre (Aizkolariak) . La famille qui perdra se diluera, alors que l’autre ira aux championnats régionaux et deviendra riche. Il y aura des vengeances, des histoires d’amour interdites, et des non dits, avec une histoire qui se terminera en 1936, lors du début de la guerre civile espagnole, ou certains choisiront le camp carliste/nationaliste et d’autres le camp républicain. Ce mélange d’histoire et de fantastique est unique, tout a fait singulier et propre au cinéma de Medem. C’est passionnant, il faut se laisser emporter, C’est aussi très pictural, très bien filmé, avec la campagne basque superbe, des plans à hauteur d’herbe, enfouis sous les feuillages, zoomant sur les animaux, , jouant beaucoup de l’alternance d’ objectifs. C’est un cinéma à la fois intelligent et impulsif, mêlant l’émotion et la précision analytique. Un mélange détonnant qui fait de Medem un des plus grands.