Rue sans issue
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Plume231
Plume231

3 977 abonnés 4 639 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 6 juillet 2015
Un symbolisme parfois un peu trop voyant, les riches obligés de sortir par la porte de derrière et donc de croiser les pauvres un peu lourd ça... , mais globalement William Wyler a réalisé avec "Rue sans issue" une oeuvre qui dégage de la puissance et qui détonne par rapport au cinéma hollywoodien de l'époque.
L'ensemble se situe dans un quartier de New-York qui a la particularité d'être juste à la "frontière" entre les huppés et la plèbe. Cela promet une confrontation entre ces deux classes sociales diamétralement opposées qui ne va pas manquer de se manifester à plusieurs reprises. Sans parler qu'un gangster désabusé, recherché par la Police, et qui s'est fait changer de visage, se pointe dans ce quartier, qui est celui de son enfance, pour revoir sa mère et son ancienne petite amie...
Contrairement à ce que pourrait laisser penser le synopsis, et ceux malgré une scène de gunfight, on n'est pas du tout dans le film de gangsters mais dans le pur drame social. Drame social qui contrairement aux autres productions américaines de l'époque étonne en établissant un constat assez pessimiste (pour ne pas dire réaliste !!!).
Du côté de l'interprétation, si les "Dead End Kids" et Sylvia Sidney s'en tirent excellemment, celui qui tire totalement son épingle du jeu c'est sans conteste Humphrey Bogart, dans le rôle d'un bandit en fuite pour lequel on va parfois avoir de l'empathie, enfin en particulier dans la scène où il est confronté à sa mère et celle où il revoit son ancienne petite amie, pas encore star mais qui avait déjà tout pour l'être et qui écrase ici un Joel McCrea un peu fadasse.
William Wyler, loin d'être juste le réalisateur de "Ben Hur" (qui en plus est selon mon humble avis très loin d'être sa meilleure oeuvre !!!), prouvait ici, comme il le reprouvera quelques années plus tard avec le magnifique "Les Plus Belles Années de notre vie", qu'il était un cinéaste talentueux, très talentueux même pour filmer de manière forte et prenante le quotidien des gens simples.
Pascal
Pascal

169 abonnés 1 736 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 11 octobre 2022
William Wyler, n'a pas la même réputation dans l'hexagone et outre Atlantique. Woody Allen en fait son cineaste nord américain préféré et Wyler est de ses collègues le plus titré aux oscars de l'histoire.

On précisera que si Wyler est bien né en Alsace, il faut ajouter que ce fût de parents suisse et lorsque cette région appartenait à l'Allemagne.

" rue sans issue" (1937) est tiré d'une pièce adaptée par Lilian Helman ( compagne de l'auteur de roman noir de référence,Dashiell Hammet).

La vision sociale de Helman est bien connue et il faut reconnaître que ce film noir est avant tout une critique d'une société qui affirme fautivement laisser sa chance à chacun de ses membres. En réalité, nous dit Helman, il est presque impossible d'échapper à sa classe sociale.

Selon la documentation, le film fit beaucoup de bruit à sa sortie dans la patrie du libéralisme économique et on le comprend.

A côté de ses points forts ( scénario et dialogues), on peut regretter quelques faiblesses notables et il faut bien l'avouer dommageable, à l'impression d'ensemble éprouvée par le spectateur à la fin de la projection.

Les décors et la photographie ne sont vraiment pas à la hauteur surtout dans les 45 premières minutes et nuisent à l'adhésion totale à cet opus de Wyler.

La seconde partie est très nettement plus réussie que la première, grâce notamment à son casting de premier ordre qui prend alors toute son ampleur.

Sylvia Sydney actrice majeure du cinéma hollywoodien des années 30-40, connue pour ses rôles de fille du peuple frappée par le malheur, mais gardant une rectitude morale est ici dans son registre.

Bogart est convaincant dans un rôle de méchant antipathique, tandis que Joel Mac Crea ( acteur de gabarit imposant, au visage et à l'expression trop figés pour en faire une super star) qui se spécialisera pendant la décennie suivante dans le western, produit une des meilleures prestations de sa filmographie.

Les amateurs de la filmographie du réalisateur ne manqueront pas ce film plastiquement imparfait mais porté par un sujet très fort qui le rapproche de certains films futurs de Elia Kazan ( " sur les quais" par exemple), certes beaucoup plus accomplis.

En voyant " rue sans issue" on ne peut s'empêcher de penser que la bande de jeunes délinquants décrite par Wyler, fut une source d'inspiration pour Sergio Leone dans son dernier opus " il était une fois en Amérique " avec notamment la bande de "noodle".
BigDino
BigDino

8 abonnés 473 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 13 juin 2015
Film de gangster oui, mais atypique, plus près du ton des romans de Kenji Nakagami que des films noirs américains. Le ténébreux Bogart qui tente de s'accrocher aux bribes de son passé, image possible et désabusée du futur de ces gosses des rues dont on suit les errements cède la vedette au couple qui essaye de sortir de ce quartier sans avenir. C'est dans la description de cette vie de tous les jours dans un quartier misérable, avec les riches obligés de côtoyer les miséreux mais s'efforçant de ne pas les voir, retranchés dans leurs résidences aux allures de chateau-fort, dans les enfants des rues s'efforçant de s'occuper comme ils le peuvent, souvent au détriment des autres, que réside le propos du film. Plus qu'un film noir, c'est une fresque des bas-fonds, une peinture d'une communauté fermée cherchant à élargir son triste horizon. Une tragédie donc, mais une tragédie de tous les jours, de celle qui se joue en bas de chez nous sans qu'on daigne même le remarquer.
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