Pas vraiment un remake de son propre film de 1933 mais plutôt une variation sur un sujet proche. Mizogushi propose un nouveau portrait de femme digne évoluant dans le monde de la prostitution. Le réalisateur suit deux personnages, la jeune Eiko, qui souhaite devenir une geisha et qui va decouvrir, derrière les apparences, la réalité de ce métier, et surtout Miyoharu, femme noble et bonne qui a prit Eiko sous son aile et assure sa formation. Encore une fois, le cinéaste jète une lumière crue et sans complaisance sur la société japonaise d'alors, au fonctionnement fortement machiste. Aucun homme n'est épargné dans le film. Tous apparaissent en êtres cupides, libidineux et arrogants. Si les clients sont des personnages d'une grande médiocrité dans leur comportement, ne concidérant les geishas que comme une marchandise à offrir en cadeau pour fêter un contrat, il en est de même du père de Eiko. Avare et cupide, il refuse dans un premier temps de servir de garant pour la formation de sa fille avant de venir emprunter de l'argent à sa protectrice. Les deux geishas sont écrasées par leur statut et la pression sociale, ce qui est brillament souligné par la mise en scène de Mizogushi qui filme souvent les deux femmes en plongée. Celles-ci semblent constament enfermées dans le cadre, prisonnières d'un quartier des plaisirs qui apparait, par le choix des cadres et de l'éclairage, comme une cage. Et si les deux femmes surmontent au final l'épreuve qu'elles affrontent, la conclusion porte en elle une noirceur et une amertume évidentes, Miyoharu finissant, pour une question de survie et pour protèger son élève, par cèder à la volonté des hommes.