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Pascal
163 abonnés
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5,0
Publiée le 17 juin 2021
Tout d'abord une remarque liminaire : le titre en français est mal choisi, puisque la traduction littérale du titre japonais est " la ballade de Gion" qui correspond d'ailleurs au sens du film. Notons qu'il n'y a aucun musiciens dans ce film ( certes il y a de futures musiciennes- entre autres- dans deux scènes du film.Dont une , mais brève ). J'irais droit au but : le film est un chef-d'oeuvre du cinéma et est une des oeuvres maîtresses de cet immense réalisateur : Mizoguchi). Tout est parfait dans ce film (réalisation, direction d'acteurs, interpretation, photo ). Tout cinéphile amateur de cinéma du répertoire a vu, ou verra ce film. L'intrigue est mince mais quand on voit le résultat final...A voir et à revoir indéfiniment.
Pas vraiment un remake de son propre film de 1933 mais plutôt une variation sur un sujet proche. Mizogushi propose un nouveau portrait de femme digne évoluant dans le monde de la prostitution. Le réalisateur suit deux personnages, la jeune Eiko, qui souhaite devenir une geisha et qui va decouvrir, derrière les apparences, la réalité de ce métier, et surtout Miyoharu, femme noble et bonne qui a prit Eiko sous son aile et assure sa formation. Encore une fois, le cinéaste jète une lumière crue et sans complaisance sur la société japonaise d'alors, au fonctionnement fortement machiste. Aucun homme n'est épargné dans le film. Tous apparaissent en êtres cupides, libidineux et arrogants. Si les clients sont des personnages d'une grande médiocrité dans leur comportement, ne concidérant les geishas que comme une marchandise à offrir en cadeau pour fêter un contrat, il en est de même du père de Eiko. Avare et cupide, il refuse dans un premier temps de servir de garant pour la formation de sa fille avant de venir emprunter de l'argent à sa protectrice. Les deux geishas sont écrasées par leur statut et la pression sociale, ce qui est brillament souligné par la mise en scène de Mizogushi qui filme souvent les deux femmes en plongée. Celles-ci semblent constament enfermées dans le cadre, prisonnières d'un quartier des plaisirs qui apparait, par le choix des cadres et de l'éclairage, comme une cage. Et si les deux femmes surmontent au final l'épreuve qu'elles affrontent, la conclusion porte en elle une noirceur et une amertume évidentes, Miyoharu finissant, pour une question de survie et pour protèger son élève, par cèder à la volonté des hommes.
Un autre excellent film de Mizoguchi, peut-être moins connu que les autres, mais tout aussi violent dans sa dénonciation du comportement de l'homme vis-à-vis de la femme. A défaut d'être follement révolutionnaire au niveau du sujet (Mizoguchi avait déjà fait un film similaire, "Les soeurs de Gion", en 1936), on ne peut qu'admirer la mise en scène toujours chargée de sens : la lumière et le cadre semblent littéralement emprisonner les deux geishas, à l'image de la tentative de viol d'Eiko, que l'on voit à travers une grille de lourds barreaux.
Il y a cette prise de conscience nécessaire pour la jeune apprentie, mais il y a cette tradition ancrée chez les jeunes femmes. Ce métier comme un honneur. On sent bien que la sœur veut tout faire pour l'aider à choisir une autre voie, mais en même temps, il y a cette aura des femmes qu'on convoite. Le dilemme est bien là et le film le présente comme un choix possible mais........
La découverte de l'univers des Geishas par une jeune fille souhaitant s'émanciper. Une chronique âpre et sensible, entre espoir et désillusion, dans le Japon d’après-guerre.
Kenji Mizoguchi nous réalise comme très souvent de grand film ! Les musiciens de Gion est une oeuvre qui mérite + de visibilité ! Un scénario simple mais une mise en scène impressionnante pour l'époque !
Le film retrace la découverte par la jeune Eiko de l’univers et de la vie des Geishas, ces femmes de compagnie spécifiques à la culture Japonaise qui officient dans les salons de thé, et qui doivent agrémenter les soirées des clients par leurs prestations artistiques et leur conversation. En la suivant c’est à la même découverte que le spectateur est convié. Au-delà de cet aspect « documentaire », c’est de la condition féminine plus généralement que Mizoguchi parle. Si les geishas de sont pas des prostituées, elles s’en rapprochent par le rapport de domination que génère la vente de leurs services, rapport de domination qui peut parfois faire comme ici que la limite soit franchie. Le cinéaste fait parfaitement ressentir la condition « d’enfermement » de ces femmes dans leur statut, par l’histoire elle-même et par sa mise en scène, millimétrée et pudique : le film est un film d’intérieur, où chaque plan les enferme dans un cadre restreint par des murs, des portes, des fenêtres, des grilles, qui limitent leur espace et restreignent leur univers (dans le même esprit les rares plans d’extérieur ont pour cadre d’étroites ruelles sans horizons). Les hommes montrés dans le film sont tour à tour veules, vulgaires ou stupides, et tentés, pour ceux qui le possèdent, par l’abus de pouvoir. Face à eux, en situation de dépendance économique, les femmes (pas toutes, le propos n’est pas trop caricatural) n’ont pour remède que la compréhension et la solidarité. Même s’il n’a pas le souffle et l’émotion des chefs d’œuvre du cinéaste, c’est un grand film féministe ; en 1953 !
Un chef d'œuvre absolu! Un point d'orgue dans la carrière de Mizoguchi. Une interprétation géniale de la tradition de la tradition des geishas japonaises .
On n'ira pas jusqu'à dire que c'est documentaire, mais c'est documenté. Précarité, domination masculine, agressions sexuelles, ce film magnifiquement mis en scène est terriblement moderne et plus sombre qu' "Au gré du courant", de Naruse, tourné trois ans plus tard.
Avec les musiciens de Gion, on comprend que la femme et sa sensualité sont les points d'encrage de l'oeuvre toute entière de Kenji Mizoguchi. C'est un film qui va à l'essentiel. Sa durée est adaptée au propos, il n'y a pas de scène en trop. Les personnages sont profonds, torturés. Comme dans les contes de la lune vague après la pluie ou dans miss Oyu. La mise en scène est une nouvelle fois très fixe, caractéristique intrinsèque d'une époque où le cinéma était encore très proche de la photographie. Et pourtant, le rythme n'a pas besoin d'être rapide donc ça ne gêne pas du tout. Un bon film, comme tous ceux que j'ai vu jusqu'à maintenant du réalisateur. Pas son meilleur mais il mérite son visionnage, rien que pour comprendre la vie des Geishas pendant la période japonaise d'après guerre. La dualité entre la fascination qu'elles entrainaient et leur vulnérabilité est vraiment intéressante. Il y avait une certaines pureté qu'on retrouvait aussi dans certains corps de metiers féminin des pays d'europe occidentale. Les parallèles sont intéressants à faire. Surtout quand on voit que cette pureté est à présent aux abonné absents par chez nous...
La chasteté, l'obstination inflexible et la conviction d'une maiko expérimentée. La pureté, l'inexpérience et la naïveté de la jeune maiko. La beauté et la tristesse de la scène où Kigure enlève son kimono à la fin.On ne peut s'empêcher d'imaginer ses émotions complexes.