François Merlin, écrivain de romans d’espionnage à deux balles, s’inspire des personnages qui l’entourent. Ainsi la belle héroïne est la jolie voisine d’en face dont il est amoureux, le méchant Karpov son éditeur qui vient une fois de plus de lui refuser une avance et le super agent et héros, Bob Saint Clar, bien entendu lui-même. Tellement vrai et tellement drôle… Le début du film mélange ainsi fiction et réalité avec une virtuosité évidente (la scène de l’aspirateur sur la plage avec Monique Tarbès est simplement géniale), avec des dérapages hilarants (les rats aux dents empoisonnées, le sang coulant à flots des escaliers, etc.), tournant en ridicule le genre super espion. Mais le plus drôle reste à venir quand la belle Christine lui explique que les femmes adorent les hommes comme Bob Saint Clar…
Et pourtant la genèse du film fut difficile : Veber avait fait un premier jet et Philippe de Broca pensait que le personnage de Christine (Jacqueline Bisset dans la « vraie vie ») devait être étoffé. Les deux hommes ne purent se mettre d’accord et Jean-Paul Rappeneau fut appelé pour donner son avis. Tranchant en faveur de de Broca, Veber quitta le projet et les deux hommes, avec Vittorio Caprioli, remanièrent considérablement le scénario de départ, en réécrivant la majeure partie. Veber détesta le produit final et demanda que son nom soit retiré du générique. Dommage pour lui car le scénario final égale ceux des grands chefs d’œuvres italiens (niveau que Veber n’a jamais atteint), tant sur le plan comique de sur celui l’imaginaire et de la création. Sur ce dernier point, la plongée en abime apporte une dimension supplémentaire, souvent absente du cinéma comique.
Servi par un casting épatant, certes dominé par le trio Jean-Paul Belmondo, Jacqueline Bisset, Vittorio Caprioli (voix de George Aminel), mais aussi par des acteurs secondaires qui tiennent parfaitement leur place : Hans Meyer, Monique Tarbès, Raymond Gérôme, Bruno Garcin, Jean Lefebvre, André Weber, etc.… Bénéficiant de visuel et montage qui n’ont rien à envier aux grandes comédies américaines, ce feu d’artifice est une des plus belles réalisation du cinéma français et même du cinéma tout court. Un chef d’oeuvre.