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DarioFulci
103 abonnés
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4,0
Publiée le 1 février 2012
En 1994, les films à personnages multiples qui se sont croisés ou vont se croiser n'étaient pas légion. "Exotica" n'est sans doute pas un film précurseur, mais son intensité dramatique, sa forme scénaristique, sa subtilité des sentiments, n'ont rien d'un brouillon. Quelle maestria dans la forme et le fond ! Atom Egoyan met en place son histoire de façon progressive, laissant monter l'intensité dramatique, filmant ses acteurs troublés en pleine douleur avec douceur. Des héros perdus, qui errent au rythme de la voix de Leonard Cohen. Un poème beau et triste.
Peut-être le film le plus abouti d'Egoyan. La narration va du franchement trouble vers l'universalité des sentiments... La même sensation qu'un lourd nuage qui se dissipe.
Exotica est sans doute le meilleur film d’Egoyan. Son ambiance très particulière rappelle celle de Blue Velvet. Mais Exotica suit le cheminement inverse du film de Lynch. Blue Velvet commençait dans une réalité banale et déviait de plus en plus vers la folie. Ici chaque scène nous donne un morceau du puzzle. Mais, ce faisant, Egoyan ne fait pas que dissiper l’ambiance mystérieuse, mais réussit à la transformer en émotion. Que demande le peuple ? D’où vient le titre ? C’est le nom du club de striptease autour duquel gravitent les personnages.
Ce film m'a hypnotisé au point de le voir plusieurs fois à la suite. Egoyan a certainement voulu montrer quelque chose de très personnel que j'ai ressenti dès le début, sans connaître la fin comme la réaction maladive du personnage masculin principal à la perte de quelque chose, l'impossiblité d'accéder à un paradis (une vie ?) perdue, et le besoin irrépréssible de se droguer pour ne pas sombrer. Un de mes films cultes.
LE plus beau film d'Egoyan, sans aucun doute. Tout y est parfait : direction d'acteurs en état de grâce, musique fascinante, atmosphère à la fois trouble et séduisante (toutes les scénes du club). L'ambiguité est de tous les plans, de tous les personnages. Mystère, maniplation, désir et culpabilité suitent à chaque plan.. Un film tres troublant qui vous poursuit longtemps.
Mise en scène du « regard absolu », la réalisation clinique et froide dAtom Egoyan participe dune mise à nu des protagonistes, dun lent effeuillage, à la manière des strip-teases que propose lExotica. Il ny a pour autant rien dexcitant à cela. Sous une objectivité apparente, et pour le moins dérangeante au vu de la perversité latente qui plane, en premier lieu, sur le film, le réalisateur nous prête à voir des gens qui ne brillent en aucun cas de par leur attitude et encore moins de par leurs actes. A mille lieues du modèle hollywoodien, manichéen et simpliste, il filme des gens maladroits, bancals, complexes aussi bien dans leurs relations à lautre que dans leur chair. Des gens touchants dhumanité. Cest pour appuyer ce propos que le metteur en scène filme en grande partie en focale courte. De cette manière, le spectateur voit tout, ou plutôt, croit tout voir pour ne pas dire tout savoir alors que rien, finalement, nest vraiment élucidé même après le dernier plan du film ... Le voyeurisme latent dans lequel baigne "Exotica" participe dune subtile mise en abyme du procédé cinématographique. A travers ces miroirs sans tain qui nont de cesse de violer toute intimité, Egoyan dresse une audacieuse métaphore du cinéma, questionnant la place des réalisateurs et celle des spectateurs qui se retrouvent confrontés à leur propre reflet, leurs propres pulsions voyeuristes. Le résultat est troublant de vérité. Forcément.
Atom Egoyan prend toujours son temps pour nous installer dans ses films. Il aime le non dit, les situations ambiguës, l'errance, les surgissement venus du passé, les héros meurtris et les personnages secondaires typés. Dans Exotica, s'y ajoute une quasi unité de lieu qui permet une concentration de tous ces facteurs autour de ce club pour hommes seuls au décor rafiné. Peu à peu l'étrangeté s'installe, l'envoutement grandit, et l'on voudrait qu'il n'y ait pas de fin, que tous ces personnages blessés cicatrisent... Mais hélas les dés jetés ne se reprennent pas. "Everybody Knows...", comme le chante Léonard Cohen.
Splendeur que ce film d'Egoyan, auteur réfléchi et sensible qui donne à voir des liens entre les êtres (pas toujours évidents), qui fait sentir les sentiments et leur circulation au fil d'un récit se dévoilant peu à peu, à la manière d'un strip tease, et qui n'en garde pas moins un véritable pouvoir de fascination.