Je les vois arriver les commentaires d'historiens du dimanche. Ceux là même qui vous sorte une liste d'anachronismes avérés ou non afin de ternir la réputation de ce film et celle de son réalisateur : le grand Mel Gibson.
Oui, il a admis avoir inventé la fameuse prima nocta, taxe imposé aux écossais par le gouvernement d'occupation britannique dans le film. Oui, la romance entre William Wallace et la princesse Isabelle est une romance hollywoodienne, cependant digne de celles du grand Hollywood. Et oui, le kilt n'était pas encore l'habillement en vigueur à la fin du XIII ème siècle en Écosse ( la toge avait encore la cote ). Depuis 1995, tout le monde est au courant de tout cela. Mais si de mon côté il me venait à l'idée de vous énoncer tout les anachronismes les plus grossiers et les prises de liberté les plus inimaginables que j'ai pu voir dans tout les films pseudo historiques qui eux sont célébrés par le plus grand nombre et qui jouissent d'une immunité face à la critique ( Dunkerque de Christopher Nolan par exemple ) : j'en aurai pour une semaine.
Lorsque Mel Gibson s'est lancé dans l'aventure Braveheart, il partait de très loin. Il est vrai que porter à l'écran une des pages les plus méconnue de l'histoire occidentale et faire connaître au grand public ce héros de l'indépendance Écossaise que fut William Wallace n'était pas chose aisée. À Hollywood, les films historiques qui marchent ne portent quasiment que sur la Seconde Guerre Mondiale. Et à l'époque, le dernier grand film historique à avoir aborder le périple d'un héros occidental hors XX ème siècle était Spartacus de Stanley Kubrick ( 1960 ).
Mais c'était mal connaître Gibson qui a su prouver par cette fresque épique, majestueuse, cruelle mais ô combien humaine et représentative d'une époque troublée, qu'il est l'un des meilleurs cinéastes de l'histoire.
Il serait futile d'énumérer les séquences d'anthologie qui ponctuent ce chef d'œuvre. De la vengeance de Wallace suite à l'assassinat de l'amour de sa vie par l'envahisseur anglais, à l'hallucinante Bataille de Stirling ( la plus grande bataille du cinéma depuis Alexandre Nevski d'Eisenstein en 1938 ) en passant par le long chemin de croix de Wallace jusqu'à son exécution au cours de laquelle il restera digne, fier et rebelle face à ses bourreaux : Braveheart s'impose comme LE film de 1995 et comme l'un des plus grands films jamais réalisés.
En vérité, les mots me manquent pour évoquer ce long métrage. L'un des rares qui m'ai fait pleurer autant à sa fin. Mais comment ne pas avoir les yeux humides en face d'une photographie aussi resplendissante que celle des Highlands ? Comment ne pas s'émouvoir à l'écoute de la bande originale, monument de cordes aux influences celtiques et pinacle de la carrière du regrétté James Horner ? Et enfin, comment peut on rester de marbre face un Mel Gibson prodigieux dans le rôle de William Wallace et un casting d'exception dans lequel Brendan Gleeson ( Alastor Maugrey de la saga Harry Potter ) joue juste et avec conviction jusqu'au bout, où Sophie Marceau est impeccable du début à la fin et où Patrick Mac Goohan profite d'un de ses derniers rôles pour prêter ses traits au sordide Édouard Ier, roi d'Angleterre, avec le talent qu'on lui connaissait ? C'est bien simple : à moins d'être hermétique a l'histoire, d'être un christianophobe déclaré ou bien de préférer l'holocauste ou l'esclavage comme sujet de film historique : on ne peut pas ne pas aimer Braveheart.
Un de mes films cultes. Un véritable ode à la liberté des peuples à disposer d'eux mêmes et à vivre dignement et loin des tyrans, des parasites, des manipulateurs et des privilégiés de tout bords. À voir impérativement dans sa vie. Car a bien y réfléchir, en terme de performances d'acteurs, de mise en scène, de musique et de photographie : on est peut être en présence du plus grand film de tout les temps.