Bon, ce film a beau être réalisé par un grand maestro du cinéma américain, il ne m'a guère emballé outre mesure. Pourtant, le scénario nous balance à la tête un kyrielle d'idées à même d'emballer un excellents sujet. La mise en scène de Scorsese est bien foutue, certains crieront que le travail fait est magistral, mais on est loin de Mean Street. La caméra se contente de rester fixe la plupart du temps, sans fulgurances ni génie. En revanche la photographie est excellente, de l'intérieur velouté des bureaux à la scène dans une pièce remplie de bougies. Comme autres détails qui signalent un film mineur dans la filmographie de Scorsese on peut constater l'absence de partition musicale autre que celle du show de Jerry Lewis, et un rythme vraiment trop lent. Mais ce qui me dérange vraiment vient des personnages qu'incarnent les acteurs. De Niro est assommant, normal, il joue un type lourd dont on se lasse dès la première scène. La dimension du film n'est pas comique, elle est d'ordre caricaturale. Un bof moyen tente de s'incruster dans le monde de la télévision. Moi ça ne me fait pas rire du tout, ce genre de gars se rencontre trop souvent dans la réalité, hélas. Un gosse adulte qui vit dans son petit rêve, qui ne réfléchit pas, qui n'a pas une once de maturité ni de considération pour les personnes de son entourage. Rien n'existe dans ce cerveau étroit, à part lui même. Jerry Lewis n'est qu'une autre incarnation de lui même, qu'il veut détrôner à tout prix. Si Scorsese a voulu signer une critique acerbe de la férocité du monde de la télévision, à mes yeux il dépeint un homme agaçant au possible et ennuyeux à mourir qui attriste plus qu'il est comique tant ce genre d'individu est présent en quantité à la surface de la terre. Du reste on ne peut en aucun cas blâmer De Niro, qui est justement trop crédible, ni les autres comédiens. Au moins, le final est très drôle, surtout la scène de drague avec Dianne Abhot magistrale, à mourir de rire. Ce protagoniste féminin est sans doute la seule réelle touche d'humour du film, là aussi incluse dans un contexte de vérité crue, car il s'agit du pendant féminin de Rupert Pupkin ! Quant au fameux show de ce dernier, il est d'une nullité incroyable, et la réaction des téléspectateurs qui gloussent bêtement presque déprimante. Les moutons s'entendent bien entre eux, et se font bêler mutuellement. Pas passionnant, pas très utiles pour ceux qui ont un minimum les yeux ouverts sur les gens qu'ils croisent (peut-être tous les jours, oserais-je dire), mais au moins cohérent jusqu'à la fin.