"Caro Diario" est une autofiction de Nanni Moretti. Le cinéaste italien, le temps d'une balade en vespa, jette un regard amère sur les transformations qu'a subies Rome de 1960 à 1990 en faisant succéder trois musiques au genre différent. Puis direction les îles Éoliennes pour une réflexion sur le maigre intérêt que procure la télévision et sur le travail de l'artiste. Enfin, la dernière partie est la plus intimiste (et la plus drôle malgré son sujet) avec ce rapport entre Nanni et les médecins qui se trompent à tour de rôle de diagnostic. Ironique, provocateur et original, Moretti assume une certaine prétention dans la façon qu'il a de se mettre en scène, puisqu'il s'auto-proclame seul dans le paysage cinématographique italien. Difficile aussi de ne pas reconnaître le narcissisme de l'acteur-réalisateur, qui certes donne la parole aux autres personnages mais le plus souvent pour les ridiculiser. Peu importe, tant le film brille par sa réalisation inventive et audacieuse, son sens de l'émotion et son honnêteté implacable.
Le premier segment du film relève du chef-d’œuvre. Film en liberté, qui fait "un film constitué de panoramiques sur les immeubles" dès qu'il le dit. "Che bello sarebbe un film fatto solo di case, panoramiche su case". Et il le fait. Hymne à la vie, à l'été, à Rome, au soleil latin, méditerranéen, à la musique, à la lumière, à l'accent romain si doux. L'alliage de Keith Jarrett, de Pasolini et de Moretti touche au sublime. Si le deuxième segment est un chouïa plus convenu, le troisième et dernier segment, par moment terrifiant dans sa réalité, éclaire le premier tiers du film, et le plan de fin lui donne tout son sens. Caro diario est un film simple et profond, gai et lucide. Sublime.
Je ne sais pas trop quoi dire, si la première partie m'a paru sympathique, avec en prime une jolie référence à Pasolini, et contenant quelques scènes vraiment sympa (la rencontre avec Jennifer Beals, et surtout Moretti qui lit les critiques des journaux), la suite est beaucoup moins passionnante. La troisième partie est un peu mieux, plus corrosive. Ce qui me gène, je crois, c'est le procédé du film. Vu le titre, je m'attendais à un documentaire intime à la Cavalier par exemple, ce n'est pas tout à fait ça, mais dans le fond ça y ressemble. Sauf que là j'ai l'impression que c'est filmé comme une fiction, j'aurais adoré avoir Moretti qui pendant une heure et demi nous raconte sa vie de cinéaste, là je trouve le procédé un peu artificiel, comme s'il recréait des moments de sa vie. Je trouve ça bien moins émouvant que Cavalier filmant sa propre vie pendant des années, on sent que c'est du vécu, on est émeu, on rit parce qu'on sait que tout est vrai. Là ça ne m'a pas émeu. Alors il y a quand même de jolies scènes, dont un plan long derrière Moretti en Vespa. Mais je ne suis pas rentré dans le film, j'en suis sorti à partir de la deuxième partie. Du coup, je dirais que les trente premières minutes valent à peu près le coup et que le reste n'est guère passionnant, malgré de bonnes idées. Je n'ai pas accroché à ce film.
Film composé de trois chapîtres réalisé par Nanni Moretti sur Nanni Moretti pourtant on ne peut pas accuser totalement Nanni Moretti d'égocentrisme ; disons qu'il avait envie de se lâcher, d'être critique, parfois drôle et humaniste. Bon heureusement que ses films sont beaucoup moins sinistres que ses palmarès cannois en particulier la première des trois parties avec une balade estivale en vespa sur une BO diversifiée et agréable qui s'achève sur le lieu où Pier Paolo Pasolini a été retrouvé assassiné. La seconde partie qui se déroule dans diverses îles italiennes est un peu trop décousue pour vraiment capter l'attention, un moment tout de même amusant avec la séquence sur les pentes du Stromboli où l'artiste demande à des touristes américains de lui raconter la suite d'"Amour, Gloire et Beauté". Enfin, dans la troisième et dernière partie, Moretti se montre critique à l'égard des médecins qui ne savent pas écouter leurs patients. Parfois on sourit mais là aussi c'est peu captivant faute à un trop fort côté répétitif. Reste une entreprise indubitablement originale, une sorte d'essai dans le sens littéraire du terme, avec quelques instants de grâce.
Nanni Moretti, primé à Cannes pour ce film, réalise avec ce "Caro diario", ou "Jounal intime" une œuvre pour le moins personnelle, pleine de sensibilité et de sincérité. Le réalisateur italien endosse en effet son propre rôle, et raconte, en trois chapitres, ses passions, ses peurs, ses plaisirs, son travail... bref, sa vie, composée de petits riens, qui forment un grand tout. On pourrait craindre l'extravagance ou au contraire une certaine distanciation vis-à-vis de lui-même de sa part, mais au contraire, les thèmes et petites histoires qu'il aborde sont traités avec beaucoup de pudeur et de justesse, et parfois avec beaucoup d'humour. On a donc droit à quelques passages savoureux, drôles, fins, mais surtout, la joie et la liberté de l'ensemble vont droit au cœur, et après avoir vu ce film, on a presque envie de considérer Nanni Moretti comme un ami. C'est fort, et charmant.
Journal intime est probablement un des meilleurs films de Nani Moretti et sûrement un des plus représentatifs de son oeuvre, à la fois vision politique, intime et culturel. Il n'est pas fréquent qu'un film découpé en sketch soit réussi, souvent des segments peuvent être assez faibles et déséquilibrer le propos. La première partie, longue balade en vespa dans les rues de Rome au mois d'août, est la plus riche en idée ; une ode au cinéma et un hommage à Pasolini, une critique de l'urbanisme romain. La notion du temps est distordue (le temps mis pour arriver sur les lieux de l'assassinat de Pasolini). La deuxième partie et ses pérégrinations dans les îles éoliennes en vue de repérages pour son prochain film vise une recherche introspective et une occasion de s'en prendre à la télévision et aux petites lâchetés des hommes. La qualité de la photographie, pourtant sans visée touristique, est magnifique. Moretti privilégie les plans larges aux gros plans. Une très belle scène elliptique : celle où il joue au football esseulé (commes ses propres idées?). Il se joue aussi de la structure familiale. Une série de scènes très drôles : les appels téléphoniques et les cris d'animaux, hilarant et aussi bien menée que les meilleurs films comiques avec un grand sens du montage. La partie conclusive est autant une ridicule vision narcissique liée à ses problèmes réels de santé qu'une critique de la médecine et de ses médecins pérorant qu'on croirait sortis des personnages parvenus de Molière. La conclusion est difficilement oubliable. Moretti ne cache pas ses opinions politiques sans concession sur son pays mais en y ajoutant ici une grande liberté de ton qui baigne le film, mais aussi une façon de tourner qui est une ode à la liberté, à la fois Vitorio De sica que Jean Vigo. Le changement du style narratif lors des différentes parties fait toute la personnalité de ce grand film, un des plus en vue lors du festival de Cannes 1994. A noter aussi la très bonne partition musicale diverse et suprenante baignant tout le film. Nani Moretti fournit ici aussi une très bonne performance d'acteur bien plus inspiré que dans Habemus papam où il vampirisait le film en partie.
Cinéphile, ce film de Nanni Moretti exige de son spectateur qu'il ait une culture solide, notamment cinématographique et sur l'Italie du XXe siècle, ne serait-ce que pour suivre un minimum les monologues de l'acteur-narrateur-réalisateur Moretti. Le titre du film est explicite : Nanni Moretti raconte sa vie. Et va jusqu'à confier au spectateur qu'il est atteint d'un cancer. Il commence par nous promener en Vespa dans sa Rome de toujours. La ballade s'achève à Ostie, près du monument érigé à la mémoire de Pier Paolo Pasolini. Dans un deuxième chapitre, nous visitons les îles éoliennes, à la recherche de calme pour travailler. Là encore, les allusions abondent, de L'Avventura à Stromboli, en passant par Silvana Mangano. Le troisième et dernier chapitre, le plus intime, est complètement autobiographique et raconte comment Nanni Moretti était désemparé face aux médecins lui prescrivant des remèdes contradictoires pour guérir son mal.
Chez moi, Moretti est un Dieu. Toute la famille se réunit pour regarder ses films et j'ai été biberonné à ça, donc je ne suis pas neutre. J'ai du le voir 100 fois. Mais j'aime toujours autant. Ses balades, aussi nombrilistes que loufoques, sont un pur plaisir. Et Rome est la plus belle ville du Monde.
Une caméra pour tenir un jouranl intime, savré Nanni Moretti toujours inspiré pour se faire remarquer en toute discrétion. J'adore le premier volet qui nous propose une visite de Rome et de ses environs en vespa. Le 2ème volet est un régal d'humour. Le 3ème nous ferait plutot rire jaune. Que du bonheur!
Manifestement, Nanni Moretti avait des comptes à régler et a choisi le cinéma comme mode de communication. Malheureusement, le film n'est pas destiné aux autres personnes. De très belles images de Rome pour les amateurs.
Un beau film, personnel, pudique et original, un film intime, comme son titre français l’indique, où Nanni Moretti se laisse aller à confier ses états d’âme à une caméra incroyablement mobile et précise. Le film est découpé en trois parties totalement différentes en apparence (Sur ma Vespa, Les Îles, Les Médecins) qui explorent un espace d’interrogations sur la vie. Le dernier volet révèle que finalement cet espace peut se réduire à celui du corps, corps souffrant, lieu des symptômes, corps qui parle et qu’on n’écoute pas. Moretti expose une fois de plus sa compréhension remarquable de la psychanalyse et de l’être humain et tire finalement la grande leçon de cette réflexion en forme d’exercice de style brillant : il est agréable de boire un verre d’eau le matin en se levant !
Un film qui respire la joie de vivre, normal puisqu'il s'agit de la vie de Nanni Moretti. Pas son meilleur film, mais réussi tout de même, notamment grâce à une bande-son décoiffante.
On passe un très bon moment devant ce classique du cinéma italien. Nanni Moretti nous offre son regard plein de sincérité et de dérision sur de nombreux sujets : la vie, la maladie, la médecine, les gens, les enfants, la télévision, le cinéma, et lui-même. Sa voix-off jalonne le film de commentaires bien écrits, toujours justes. Les longs plans sans paroles ne sont pas ennuyeux pour autant, grâce à la musique et aux belles images qui nous entraînent avec elles. On retient des scènes mémorables et hilarantes, notamment une conversation téléphonique insensée avec un jeune enfant et un clin d'oeil amusé à un fameux feuilleton qui illustre parfaitement l'addiction aux soaps opera et par la même occasion le grand pouvoir du petit écran. Une réflexion sur la vie, la technologie, le progrès et ses limites, une philosophie qui nous est transmise, douce et fraîche, comme une glace à l'italienne.