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Un visiteur
3,5
Publiée le 19 août 2019
Trois chapitres qui constituent plutôt trois court-métrages indépendants, avec pour seul fil rouge le ton autobiographique d’un journal intime. Le premier segment, où Moretti digresse sur les paysages urbains romains en jugeant ses contemporains de manière légèrement condescendante, n’a que peu d’intérêt, à part les interminables et très beaux travellings qui suivent la Vespa de Moretti sur une BO magnifique. Le deuxième, déambulation dans les îles éoliennes, est plus mélancolique et émouvant et m’a fait penser à L’Eternité et un jour et à son réalisme magique, avec en plus quelques traits d’humour très Woody Allen, comme la géniale satire du règne de l’enfant-roi, mon passage préféré. Le troisième est presque un documentaire, qui relate avec une colère froide le calvaire des faux diagnostics qu’a traversé Moretti avant d’être soigné pour un lymphome de Hodgkin. Visiblement cathartique, ce segment parlera surtout aux plus hypocondriaques d’entre nous. L’ensemble est une sorte de Woody Allen en trois temps et sépare des ingrédients qui auraient peut-être mieux fonctionné ensemble. Le prix de la mise en scène à Cannes n’est pas volé, mais ça reste très inégal.
Sorti en 1994, "Caro Diario" est véritablement le film qui a consacré Nanni Moretti auprès du grand public. Cette comédie originale et fantaisiste, construite sur la base de la présentation d'un journal intime (d'où le titre Français) sur grand écran, est en fait une compilation de pensées du cinéaste avec des liens pas toujours évidents, une suite de scènes décalées et en général assez drôles que l'on prend plaisir à regarder sans forcément y trouver une logique imparable. Moretti expose sans détours ses notes au public, par l'intermédiaire du traditionnel mais efficace procédé de la voix-off, servant à mettre en relief des situations un peu statiques. Avec un talent indéniable en terme d'écriture et de narration littéraire, il parvient à imposer un ton doux-amer particulièrement séduisant, usant d'un humour décalé voire corrosif tirant à boulets rouges sur les "ennemis" du réalisateur et ce qu'il méprise en général. N.M. l'interprète s'en sort également avec les honneurs, évidemment parfait lorsqu'il s'agit de grossir pour les besoins de sa démonstration des faits qu'il a lui-même vécu. "Caro Diario" fait donc mouche lorsqu'il enchaîne sans trop se poser de questions des situations parfois inattendues et qu'il ne daigne sortir de la comédie claire et assumée. Néanmoins, on peut ressentir aussi une légère frustration à son égard, du fait de séquences contemplatives pour le moins ennuyeuses et décoratives, donnant la désagréable impression d'être présentes pour faire du remplissage. Outre ces airs de Gus Van Sant (berk !) heureusement très occasionnels, on pourra aussi lui reprocher un certain manque d'inspiration au cours d'un second acte ma foi très lisse. Certes, les paysages et les images sont belles, l'Italie est magnifique (ce n'est pas moi qui vais dire le contraire !) mais franchement, qu'est-ce-qu'on s'en balance ! Et puis la plume et le cynisme reviennent à travers une bonne dernière demie-heure et ce, pour notre plus grand bonheur. Un bon moment.
Cinéphile, ce film de Nanni Moretti exige de son spectateur qu'il ait une culture solide, notamment cinématographique et sur l'Italie du XXe siècle, ne serait-ce que pour suivre un minimum les monologues de l'acteur-narrateur-réalisateur Moretti. Le titre du film est explicite : Nanni Moretti raconte sa vie. Et va jusqu'à confier au spectateur qu'il est atteint d'un cancer. Il commence par nous promener en Vespa dans sa Rome de toujours. La ballade s'achève à Ostie, près du monument érigé à la mémoire de Pier Paolo Pasolini. Dans un deuxième chapitre, nous visitons les îles éoliennes, à la recherche de calme pour travailler. Là encore, les allusions abondent, de L'Avventura à Stromboli, en passant par Silvana Mangano. Le troisième et dernier chapitre, le plus intime, est complètement autobiographique et raconte comment Nanni Moretti était désemparé face aux médecins lui prescrivant des remèdes contradictoires pour guérir son mal.
Un film qui respire la joie de vivre, normal puisqu'il s'agit de la vie de Nanni Moretti. Pas son meilleur film, mais réussi tout de même, notamment grâce à une bande-son décoiffante.
Une caméra pour tenir un jouranl intime, savré Nanni Moretti toujours inspiré pour se faire remarquer en toute discrétion. J'adore le premier volet qui nous propose une visite de Rome et de ses environs en vespa. Le 2ème volet est un régal d'humour. Le 3ème nous ferait plutot rire jaune. Que du bonheur!
Nanni Moretti, primé à Cannes pour ce film, réalise avec ce "Caro diario", ou "Jounal intime" une œuvre pour le moins personnelle, pleine de sensibilité et de sincérité. Le réalisateur italien endosse en effet son propre rôle, et raconte, en trois chapitres, ses passions, ses peurs, ses plaisirs, son travail... bref, sa vie, composée de petits riens, qui forment un grand tout. On pourrait craindre l'extravagance ou au contraire une certaine distanciation vis-à-vis de lui-même de sa part, mais au contraire, les thèmes et petites histoires qu'il aborde sont traités avec beaucoup de pudeur et de justesse, et parfois avec beaucoup d'humour. On a donc droit à quelques passages savoureux, drôles, fins, mais surtout, la joie et la liberté de l'ensemble vont droit au cœur, et après avoir vu ce film, on a presque envie de considérer Nanni Moretti comme un ami. C'est fort, et charmant.
Je ne sais pas trop quoi dire, si la première partie m'a paru sympathique, avec en prime une jolie référence à Pasolini, et contenant quelques scènes vraiment sympa (la rencontre avec Jennifer Beals, et surtout Moretti qui lit les critiques des journaux), la suite est beaucoup moins passionnante. La troisième partie est un peu mieux, plus corrosive. Ce qui me gène, je crois, c'est le procédé du film. Vu le titre, je m'attendais à un documentaire intime à la Cavalier par exemple, ce n'est pas tout à fait ça, mais dans le fond ça y ressemble. Sauf que là j'ai l'impression que c'est filmé comme une fiction, j'aurais adoré avoir Moretti qui pendant une heure et demi nous raconte sa vie de cinéaste, là je trouve le procédé un peu artificiel, comme s'il recréait des moments de sa vie. Je trouve ça bien moins émouvant que Cavalier filmant sa propre vie pendant des années, on sent que c'est du vécu, on est émeu, on rit parce qu'on sait que tout est vrai. Là ça ne m'a pas émeu. Alors il y a quand même de jolies scènes, dont un plan long derrière Moretti en Vespa. Mais je ne suis pas rentré dans le film, j'en suis sorti à partir de la deuxième partie. Du coup, je dirais que les trente premières minutes valent à peu près le coup et que le reste n'est guère passionnant, malgré de bonnes idées. Je n'ai pas accroché à ce film.
Le premier segment du film relève du chef-d’œuvre. Film en liberté, qui fait "un film constitué de panoramiques sur les immeubles" dès qu'il le dit. "Che bello sarebbe un film fatto solo di case, panoramiche su case". Et il le fait. Hymne à la vie, à l'été, à Rome, au soleil latin, méditerranéen, à la musique, à la lumière, à l'accent romain si doux. L'alliage de Keith Jarrett, de Pasolini et de Moretti touche au sublime. Si le deuxième segment est un chouïa plus convenu, le troisième et dernier segment, par moment terrifiant dans sa réalité, éclaire le premier tiers du film, et le plan de fin lui donne tout son sens. Caro diario est un film simple et profond, gai et lucide. Sublime.
13 ans plus tard, "Journal Intime" nous parle toujours aussi magnifiquement de l'état du monde à travers l'état (d'esprit, de santé) de ce diable de Moretti : en 13 ans, le monde est devenu plus dangereux, plus hystérique, et Moretti à la fois plus médiatique et plus silencieux. Mais ses réflexions amusées sur l'addiction aux séries TV ne sont-elles pas plus justes encore aujourd'hui ? Son recueillement (il arrête son Vespa !) devant le lieu de l'assassinat de Pasolini ne nous rappelle-t-il pas que la barbarie anti-intellectuelle est encore plus virulente de nos jours ? Quant à sa description cruellement simple des errements de médecins indifférents et incompétents face à sa maladie, ne souligne-t-elle pas le sentiment de fausse sécurité dans laquelle la société nous tient ? Le dernier regard-caméra, intense, humain, de Moretti est alors le point d'orgue d'un beau film libre, mêlant avec tendresse (une nouveauté à l'époque chez lui) le mouvement et la parole en un acte aussi politique qu'intime.
Un grand film en trois parties. La première, la balade en scooter dans Rome, est une pure merveille de fraîcheur, de liberté, d’amour de la ville et du cinéma ; elle se termine par l’émouvant passage près de la stèle de Pasolini, perdue dans un terrain vague, sur la non moins merveilleuse musique de Keith Jarret. La seconde, un moment de pérégrinations dans les îles éoliennes, consacrée en grande partie à la critique de la dépendance au média « télévision », est plus faible. On retrouve dans la troisième partie le caractère intime de la première, lorsque l’auteur parle, avec humour et distanciation, de son désarroi face à la maladie et au corps médical. Elle se termine, concluant ainsi le film, sur une note d’humilité et de complicité émouvante, nous ramenant symboliquement à l’amour de la vie, dans le simple plaisir de boire un verre d’eau. Merci à Nanni Moretti pour cette expression personnelle, pour ce vrai film d’auteur.
On passe un très bon moment devant ce classique du cinéma italien. Nanni Moretti nous offre son regard plein de sincérité et de dérision sur de nombreux sujets : la vie, la maladie, la médecine, les gens, les enfants, la télévision, le cinéma, et lui-même. Sa voix-off jalonne le film de commentaires bien écrits, toujours justes. Les longs plans sans paroles ne sont pas ennuyeux pour autant, grâce à la musique et aux belles images qui nous entraînent avec elles. On retient des scènes mémorables et hilarantes, notamment une conversation téléphonique insensée avec un jeune enfant et un clin d'oeil amusé à un fameux feuilleton qui illustre parfaitement l'addiction aux soaps opera et par la même occasion le grand pouvoir du petit écran. Une réflexion sur la vie, la technologie, le progrès et ses limites, une philosophie qui nous est transmise, douce et fraîche, comme une glace à l'italienne.
3 parties assez décousues avec une mise en scène très minimaliste. Fait penser aux vieux Woody Allen dans ses thèmes, ses gags et la mise en avant du réalisateur.
Presque 3 étoiles pour ce film vu à sa sortie et revu dernièrement... Finalement un revisionnage déceptif comparé au bâti imaginaire que je m'étais fait entre 1994 et aujourd'hui. De purs blocs de cinéma (l'hommage à Pasolini, le plan sublime de Moretti avec le bateau moderne filant derière lui dans le plan...) et puis des essouflements, quelques longueurs au final qui m'ont empêché d'apprécier pleinement ces vignettes égocentrées d'un cinéaste engagé.