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soniadidierkmurgia
1 177 abonnés
4 170 critiques
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3,5
Publiée le 23 juin 2024
Après le très réussi et désormais reconnu « Light Sleeper » sorti sur les écrans en 1992, film noir sur les états d’âme d’un dealer (Willem Dafoe) haut de gamme en bout de course livrant stupéfiants en tous genres à domicile pour une clientèle huppée et qui envisage une reconversion, Paul Schrader dont l’esprit et la créativité ne sont jamais très éloignés de la chose religieuse, se lance dans un pamphlet caustique et acéré sur l’univers vicié des prédicateurs évangélistes américains qui se révèlent souvent n’être que des businessmen féroces ne reculant devant presque aucune compromission pour tirer tout le jus de la crédulité parfois exaltée mais toujours sincère des pratiquants. Un livre d’Elmore Leonard grand écrivain souvent adapté à l’écran (« 3h10 pour Yuma », « Hombre », « Paiement cash », « Get shorty », « Jacky Brown »), lui sert ici de support pour réaliser une comédie débridée, iconoclaste, sulfureuse mais aussi très lucide sur les liens entre affairisme et religion. Une comédie parfumée en sus d’une sensualité torride qui se matérialise à travers le couple formé par Bridget Fonda alors au sommet de sa popularité et Skeet Ulrich acteur convaincant mais plus confidentiel. Un domaine où l’on n’attendait pas forcément le scénariste de « Taxi Driver » (Martin Scorsese en 1976), « Raging Bull » (Martin Scorsese en 1980) et réalisateur de « Blue Collar » (1978) et « Hardcore » (1979), grand admirateur de Robert Bresson, Yasujiro Ozu ou Ingmar Bergman et dont les intrigues sont certes stylisées mais plutôt sombres. Pour ce tableau très coloré un peu foutraque mais tout à fait roboratif sont convoqués Christopher Walken redoutablement onctueux et flegmatique en prédicateur reconverti, désireux de faire son retour tel un requin attiré par l’odeur du sang, Bridget Fonda son acolyte dont la mission est de prendre dans ses rets au moyen de son regard éthéré et de son sourire plein de promesses tous les possibles récalcitrants, Skeet Ulrich jeune homme sans histoire sujet aux stigmates et doué d’un pouvoir de guérison objet de toutes les convoitises et enfin Tom Arnold inénarrable en fondamentaliste un peu bas du front, prônant le retour aux pratiques ancestrales qui semble s’être lancé dans la lutte du pot de terre contre le pot de fer dans un pays où le dieu dollar fait lui aussi l’objet d’un culte religieux. Lola Davidovich , Anthony Zerbe, Paul Mazurky, Gina Gershon complètent une palette de personnages illustrant avec bonheur mais aussi avec la distance nécessaire toute la faune animant une pratique religieuse foisonnante dont le terrain de jeu privilégié se situe essentiellement en Amérique du Nord et du Sud avec une nette progression en Afrique subsaharienne. On prend donc beaucoup de plaisir à voir ce film magistralement interprété par des acteurs qui visiblement s’amusent beaucoup et qui nous fait découvrir une face méconnue du talent de Paul Schrader. « Touch » ayant été très mal accueilli, le réalisateur prudent est par la suite resté dans le registre où il est le plus attendu.
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3,0
Publiée le 26 juillet 2010
Immense scènariste ("Taxi Driver"), metteur en scène de talent, Paul Schrader signe avec "Touch" une nouvelle odyssèe christique, celle d'un vèritable messie - Skeet Ulrich, une des rèvèlations de "Scream" - ègarè dans un monde de cynisme et de veulerie! Au passage, le cinèaste fustige tout à la fois les formes d'intègrisme et le pouvoir des mèdias, s'interrogeant sur l'impossibilitè de revenir aujourd'hui à une fois pure et dèsintèressèe! On notera une sèquence èrotique d'anthologie ou la magnifique Bridget Fonda lèche la plaie du flanc gauche de frère Juvènal! Pas du grand Schrader mais un film ètonnant avec pas mal de rebondissements, entre stigmates et miracles à l'appui...
Portrait à charge du catholicisme américain sans aucune finesse et sans rythme, une interprétation de l'acteur principal digne d'un eunuque, seul Bridget Fonda mérite un regard soutenu dans cette oeuvre de Schrader.