Hum…hum… Evidemment, il y a les gros accrocs de Godard qui encensent ce film, criant à la « fraicheur inventive », au « génie des mots », « à l’audace mémorable ». Soyons francs, Prénom Carmen est un gros machin pontifiant, prétentieux, qui cache sa vacuité sous une bonne dose de pseudo-intellectualisme ridicule. Lorsqu’on n’a rien à apporter, on pique la musique de l’un, l’intrigue de l’autre, on met plein de mots compliqués qu’on fait ânonner aux acteurs Car oui, ils ânonnent. Ici on dépasse le cadre du murmure, commun au cinéma d’auteur français, car dès qu’il y a un mini bruit d’ambiance on entend strictement plus rien !
Prénom Carmen est pour ainsi dire un gros cirque, ennuyeux à souhait, désordonné, où Godard avance comme dans un nanar de première classe genre Pécas. Il recourt aux mêmes artifices finalement, et le premier d’entre tous, la nudité. Prénom Carmen alterne des scènes d’action d’un ridicule achevé (c’est sans doute pour faire plus auteurisant que série B !), des pauses dialoguées affreusement convenus (le discours sur le capitalisme est d’une vacuité rare), et des scènes de nudité, sur fond de répliques proches du porno crade. Pas que cela me dérange, sauf qu’on sent tellement que Godard n’a plus que cela pour faire survivre son film jusqu’à la durée réglementaire que ça fait pitié.
Alors ok Detmers est très belle, Bonnaffé plaira sans doute aussi, parce qu’il est largement mis à contribution pour les mêmes raisons, mais les voir la moitié du temps à poil et l’autre moitié du temps débiter des répliques débilitantes aux encoignures pseudo-philosophico-bernard-henri-levyliennes, c’est pas possible ! Pour preuve de ce que je dis, il y a quand même un passage où ça philosophe sur la merde (texto dans le film !).
Sur une intrigue totalement bidon (de Carmen il n’y a quasiment que le prénom en fait !), prétexte, sur un rythme d’une mollesse incroyable, sur des dialogues incompréhensibles ou pompeux, Godard s’amuse avec sa caméra. On ne peut pas lui enlever quelques beaux plans, et un certain sens de l’image, mais c’est sans doute là où l’on constate à quel point Godard n’est pas tellement un cinéaste, s’emparant de ce qu’est le cinéma (un mélange de plusieurs arts), mais avant tout un faiseur d’images. Il y aurait de quoi faire de très belles photographies, de nu par exemple, mais ça ne fait pas un film de juxtaposer des images, même belles !
Vous l’aurez compris, Prénom Carmen est complètement inexistant sur le plan du récit, de l’histoire, des dialogues, c’est un gros pensum foireux. L’esthète pourra quand même garder quelques beaux plans et quelques belles choses de mises en scène, mais ce n’est pas un film de cinéma. 1