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Nicolas S
45 abonnés
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3,0
Publiée le 28 novembre 2023
Trois soldats allemands et une femme stationnent dans un fort situé sur une île grecque pour surveiller une réserve de munitions. Après plusieurs semaines, c'est l'ennui et la solitude qui les gagnent. Stroszek, en particulier, finit par perdre pied avec la réalité et s'enferme bientôt dans le fort. Premier long métrage d'Herzog, Signes de vie annonce déjà la plupart des obsessions du cinéaste allemand, notamment la question de l'hubris, de la folie, et de l'incommunicabilité des êtres. Les quatre personnes ici souffrent en effet d'une solitude existentielle, qui les coupe des autres, que cela soit par la langue, par la personnalité, ou, pour Stroszek, parce qu'il perçoit des signes et visions inaccessibles aux autres. Tout cela se double d'une dimension documentaire - là encore herzoguienne - puisque le film montre aussi des scènes de vie dont on peut penser qu'elles ne sont pas fictionnalisées. Ces petites capsules d'une Grèce intemporelle sont probablement ce qu'il y a de plus attachant et de marquant dans ce film intéressant mais anecdotique.
Un film terrible. Très étrange. Pesant. Premier long métrage d'un aventurier, Signes de Vie est un film qui transpire de l'intérieur. C'est dans une sorte de torpeur inconsciente que l'on regarde cette oeuvre sèche, pas forcément désagréable à vivre mais tout de même sacrément communicative dans son malaise. Les personnages s'ennuient, tournent en rond, ruminent, pire même : ils n'attendent rien ni personne. De cette inaction permanente va naître la folie du protagoniste, véritable bombe à retardement qui finira par semer la panique dans la région qu'il campe... Tout, dans Signes de Vie, évoque l'aridité : cette photographie magnifique dirigée par un soleil de plomb, cette végétation étouffée par la rocaille et la poussière, ces mouches s'écrasant péniblement contre nos quatre héros et même ce dispositif de mise en scène qu'est le huis clos. Ainsi, Signes de Vie n'est vraisemblablement pas propice à la délivrance ( mêmes les plans larges et les nombreux panoramiques ne parviennent à nous faire un peu respirer ), et le film se regarde d'un oeil léthargique, éveillé mais apathique. Une curiosité de l'incomparable Werner Herzog...
Un des premiers films de Herzog (qui en a fait plus de 50!) et déjà une qualité du cadre intéressante et une étude méticuleuse du comportement humain. l'histoire n'est pas plus emballante que ça mais est portée par des personnages très bien décrits et bien interprétés. Une vision intéressante du poids de la guerre et des responsabilités sur la psychologie de certains individus.
septiemeartetdemi.com - Le premier film de Werner Herzog vide apparemment son esprit d'une grosse envie de partager ce qu'il est à travers sa caméra ; comme l'indique le titre du premier film biographique à son sujet, "was ich bin, sind meine Filme" ; "je suis ce que sont mes films". L'œuvre le prédestine déjà la mode documentaire qu'il reflète bien en laissant des scènes non simulées dans le montage final, où les locaux - les Grecs - amènent même à ajouter des sous-titres dans la version originale (des sous-titres pour les Allemands, donc).
Le régisseur aime aussi tourner avec la seule beauté d'un décor naturel ou peu aménagé. C'est du noir et blanc mais il va montrer au spectateur la couleur du sol sec et chaud, celle du sable omniprésent comme un acteur qui s'ignore, passant entre des mains ou foulé par des pieds enragés. Et c'est aussi un portrait d'hommes vrais, des personnages et non plus des personnes authentiques ainsi que susmentionnées ; des acteurs, certes, qui devant la caméra font semblant, mais le talent déjà évident de Herzog fait que cela revient du pareil au même. Le propos proposé par le titre ne semble que trop clair : n'est-on pas Homme à chacune de nos actions ?
Signes de vie est un beau 1er film, poétique, contemplatif et en noir & blanc. Quelques longueurs mais pas gênantes pour peu qu'on aime ce genre de film. D'abord assez léger le film devient plus sérieux lorsque le personnage principal sombre dans la démence, sans jamais verser dans le subversif. Original et rafraichissant, c'est resté l'un des meilleurs films d'Herzog, loin des œuvres péteuses telles que Coeur de verre notamment.
Un détachement de soldats a pour mission de protéger un dépôt de munition en Grèce, et prend ses quartiers dans un fort à l’abandon. À partir de ce film de guerre en creux, temps de pause où se cristallisent les tensions, Werner Herzog tire une œuvre flamboyante sur la naissance de la folie dans le cœur et l’esprit du soldat : déraciné, traumatisé, ce dernier erre parmi les ruines que son art a engendrées, à la recherche de sens, du sens de son existence. Parce qu’il prend peu à peu conscience que le vide alentour n’a d’égal que son néant intérieur, Stroszek se révolte et reproduit ainsi le fabulateur tzigane venu lui demander asile quelques jours plus tôt. Dans cette perspective, la folie apparaît comme le moyen de reprendre possession de son destin, de rétablir, au sein de cet espace inerte, des signes de vie. Le soldat devient alors une figure prométhéenne et déclare la guerre à ses semblables au nom de sa nature exceptionnelle : on le voit allumer des feux d’artifice pour tenter de graver sa légende dans le ciel obscurci et incendier le soleil et la mer, on le voit s’adouber lui-même roi d’une forteresse qu’il entend bien défendre coûte que coûte. Herzog orchestre cette lente agonie par une rupture rythmique soudaine : un champ d’éoliennes vient contrarier la perception de Stroszek : toutes ces hélices qui tournent ensemble, sans arrêt ni mouvement personnel, trouvent dans l’âne mort que des habitants tarderont à remorquer une résonance funeste. Vanitas vanitatum. Le cinéaste nous fait part des thématiques qui ne cesseront de l’obséder par la suite, et dont la plus prégnante est le vertige de l’homme face à l’impression d’éternité. Impression qui l’engloutit et lui rappelle sa condition de mortel, impression qui le projette dans la banalité de son quotidien, vaste scène décimée par la guerre dans laquelle il ne fait que passer, cherchant par instants à en déchiffrer le sens sur des pierres ancestrales. Signes de vie, premier film, premier chef-d’œuvre pour Werner Herzog.
Premier long métrage de Herzog on y retrouve déjà l'homme face à lui-meme, le point de rupture qui le fait tomber (sombrer) dans la folie. Le rythme est assez lent avec des plans assez contemplatifs...