Entre Cinema Paradiso et Marchand de rêves, on sait ce que le très bien nommé Tornatore tournait : du cinéma, au sens propre. Dans cette entredeux, il fait jaillir de nulle part un ovni diablement littéral sur des diables littéraires : Depardieu, écrivain, accusé, névrotique, et Polanski, lecteur, accusateur, critique. Deux interprétations phénoménales, plus glaçantes que la pluie interminable noyant le commissariat jusqu’aux os, jaunes et noires comme une combinaison métamorphique du cinéma de genre à l’italienne, où les acteurs sont venus tout donner mais sacrifier leur voix dans un tournage multilingue qu’on sait fort peu pratique.
On ne le sent pas venir, mais cette pure formalité est l’annonce d’une nuit qui sera étirée dans l’histoire jusqu’à en faire toute la trame, le long de laquelle on croit apprendre à connaître ces personnages si psychologiquement aboutis dont la caméra retrace le mouvement des émotions sans avoir besoin d’espace.
Une exiguïté policière mais une continuité audacieuse et frissogène dans la sombreur et l’humidité, la prise mayonnaisique d’un maëlstrom fantastique attaché au plus proche de la personnalité des interprètes. C’est une nuit de cauchemar que l’on passe avec la pluie en arrière-fond comme du bruit blanc, pourtant ce sont les ombres qui règnent et des nuages noirs qui s’entrelacent dans les esprits malmenés par le vrai enquêteur : Tornatore, tournant un film et en bourrique, un magicien d’alchimies ténébromanciques, auteur de confusions rendant le débat sur son art impossible mais exaltant tout de même.
Avant tout un face à face de très haut niveau entre deux mythes du cinéma. Une ambiance glauque, poisseuse, suintante, une sorte de huis-clos nocturne dans un commissariat en décrépitude, l'interrogatoire d'un homme errant seul sans papiers dans un bourg ou un meurtre s'est produit; et une mystérieuse amnésie qui mènera à une étonnante surprise, et un deuxième visionnage éventuel pour une compréhension globale de l'oeuvre. On regrettera néanmoins la longueur de l'interrogatoire en question, qui devient lassant à force de questions-réponses, dialogues, puis monologues avant d'arriver au dénouement. Pas étonnant de la part d'un réalisateur qui aime magnifier ses comédiens, auteur notamment de Cinéma Paradiso (longuet aussi).
Comment écrire sur ce film sans être prétentieux ou à côté de la plaque ? Je n'en dirais donc que peu de chose. Un film sur l'après... Y a-t-il quelque chose après ? Après une mort violente et préméditée, passe-t-on par un " interrogatoire " poussé au cours duquel on prend conscience qu'on est plus. Plus rien dans le sens où on n'existe plus pour le monde des vivants. Pour ceux qui restent, il reste des images et une histoire, des souvenirs, des remords et des regrets mais il n'y a plus personne au bout du fil... Les acteurs sont prodigieux. La réalisation extraordinaire. Un grand moment à vivre... domi...
Un huis-clos assez prenant, mystérieux jusqu'au bout et porté par deux comédiens talentueux et se renvoyant la balle délicieusement, à la fois en ironie ou en brutalité. Le scénario garde son suspense, sa noirceur du début à la fin et le film se laisse regarder sans déplaisir !!
"Une pure formalité" est avant tout une curiosité, tout d'abord dans l'histoire déroutante, et ensuite dans le face à face improbable Depardieu/Polanski. Rien que pour ces deux monstres du cinéma, ça vaut le détour. "Une pure formalité" propose une histoire palpitante, bien que peu mouvementée, pour un huis-clos déroutant. On nous plonge dans un mystère, dans lequel le personnage incarné à merveille pas Depardieu se retrouve empêtré, dont Polanski est chargé de résoudre. On n'en sait pas plus que lui, et on prend énormément de plaisir à voir les choses s'éclaircir peu à peu, ou alors à voir le mystère s'épaissir, jusqu'à un dénouement assez inattendu. Le titre à double sens s'avère judicieux, et contribue à marquer le spectateur, lorsqu'il en comprend le vrai sens. A défaut d'être fondamental, "Une pure formalité" marque néanmoins les esprits, et ce dans le bon sens du terme.
Formidable scénario avec une énigme originale qu'on ne découvre qu'à la fin du film et une atmosphère à la Tarkovski - Un formidable rôle pour Gérard Depardieu - Polanski "patenotrement" effrayant -Ca c'est du cinéma !