Vu à sa sortie en salle et vu dernièrement en DVD. Je ne me lasse pas de voir ce récit à caractère historique. Si Alexandre Dumas a un talent tout personnel pour revoir la Grande Histoire, Patrice Chéreau a apporté sa vision tout aussi personnelle. Et ce mix entre la vérité historique, le talent de Dumas et la vision de Chéreau accouche d’un film réussi. Je me suis encore laissé prendre aux jeux des intrigues, des conspirations. Ça fonctionne encore et toujours et c’est tant mieux. Ainsi, après une énième lecture, je me surprends durant une fraction de secondes à prendre peur pour Henri de Navarre. Et pourtant, je sais pertinemment qu’il va régner, donc échapper à cette famille malsaine. C’est tant mieux parce que comme tous les DVD que j’ai, je vis pleinement l’histoire qui se déroule devant mes yeux, le cerveau complètement immergé. Et comme tous les films visionnés en salle ou devant la téloche, si l’émotion est là, si je crois en ce que l’on me raconte, que les personnages soient fictifs ou historiques, je peux avoir des absences cognitives ou de mémoire ! « La Reine Margot » n’échappe pas à ces absences, je suis ravi de ne pas tout retenir et ainsi d’aller de surprise en surprise. Patrice Chéreau était un homme de théâtre et d’opéra avant tout et ça se voit dans « La Reine Margot ». Dans le mouvement des acteurs, de la caméra. Dans sa mise en scène tout bonnement. Il ne s’encombre pas de la ville de Paris, tout se passe en très grande majorité dans le palais du Louvre et des rues étroites de la capitale, une chambre ici, une boutique par là et la campagne. On ne voit aucun marchand, aucune vie parisienne du XVIème siècle. Comme au théâtre, le décor doit être minimaliste et essentiel. Il participe au récit lequel est vif, impatient, dynamique. Il n’y a pas de superflu, de repos. Les rues de la capitale et les pièces du Louvre respirent une atmosphère étouffante et menaçante. La peur est bien retranscrite, on sue, on tremble comme Henri de Navarre. Elle est partout. Ça se bouscule, ça se frotte, ça se frôle, ça se provoque, ça ironise. Les deux lauréats des César, Isabelle Adjani et Jean-Hugues Anglade sont impressionnants dans leur rôle respectif : Margot pour l’une et Charles IX pour l’autre. Tous deux interprètent avec subtilité et nuance cette folie qu’ils ont en eux. Enfin, cette séquence où Charles IX transpire du sang parce qu'empoisonné maculant la robe blanche de sa soeur qui le tient dans ses bras est à la fois effrayante et poignante. Comme l’affiche. A voir, à revoir…