Film culte des années 70 auréolé d’un Palme d’Or à Cannes, "M.A.S.H." doit sa renommée à son ton éminemment anti-militariste, franchement novateur lors de sa sortie en salles. Mais que reste-t-il aujourd’hui du film de Robert Altman ? Car "M.A.S.H." a particulièrement vieilli, de sorte que ces défauts, sympathiques en 70, sont aujourd’hui difficilement acceptables. La mise en scène, tout d’abord, est franchement foutraque, Altman alternant les séquences étirées au-delà du raisonnable (en général, les atterrissages d’hélicoptères que le réalisateur semble affectionner tout particulièrement) et les répétitions en pagailles (les scènes au bloc et leurs gros plans sur les mains des chirurgiens lassent très vite). "M.A.S.H. " restant avant tout un film satirique, un rythme plus soutenu aurait été souhaitable (la BO typiquement 60’s ne venant pas aider). L’intrigue, ensuite, étonne par son absence de structure et donne à "M.A.S.H." des allures de film à sketchs. Les gags sont d’ailleurs assez inégaux, certains brillant par leur inventivité (le running gag avec le sergent Radar, l’annonce des films projetés dans le campement…), d’autres étant bien plus attendus voire lourdingues (les ébats dévoilées par le micro, la scène de la douche…). Le principal reproche que je peux adresser au film est sûrement de souffrir d’une nature hybride (pas vraiment une comédie, pas vraiment un film de guerre) sans pour autant inventer un nouveau genre. On a ainsi souvent l’impression de se retrouver le cul coincé entre deux chaises, ce que la mise en scène bordélique ne vient pas arranger. Heureusement, le film bénéficie d’une liberté de ton et d’un décalage permanent qui font tout son charme. Il faut voir ces toubibs siroter des Martini, draguer tout ce qui bougent, jouer au golf, débarquer en chemise bariolées ou préparer toutes sortes de sales coups pour égayer leur quotidien pour comprendre ce qui a fait le succès du film. Ce décalage (et le parti-pris d’Altman de refuser de montrer les batailles) confère à "M.A.S.H. " un ton absurde sans pour autant être parodique, qui aurait pu être difficile d’accès si le réalisateur ne s’était pas entouré d’acteurs magnifiques et visiblement ravis de faire partie de l’aventure, à commencer bien sur par le trio infernal composé de l’énorme Donald Sutherland, de l’excellent Elliott Gould et du tout jeune Tom Skeritt. Les 2nds rôles ne sont pas en reste même s’ils ont moins marqué les esprits, à part, bien sûr, Robert Duvall en Major rigide et Sally Kellerman dans le rôle culte de l’infirmière Lèvres-en-feu. Bref, "M.A.S.H. " devait très certainement être fantastiquement révolutionnaire lors de sa sortie mais n’a pas forcément supporter le poids des années.