Un an après le sombre La Cérémonie Chabrol opte pour la légèreté avec Rien ne va plus, une comédie policière sur des escrocs à la petite semaine; Victor et Betty, qui, en pickpockets modestes, s'attaquent à des vendeurs de tondeuses ou des congrès de dentistes.
Lors de l'entrée en scène de Maurice (François Cluzet) dans l'intrigue, un cobaye transportant cinq millions de francs suisses dans une valise, le motif bien connu de "l'arroseur arrosé" vient se superposer sur la légèreté désinvolte de l'ensemble pour une intrigue qui s'avère conjuguer allègrement suspens gentillet, dialogues bien dosés, et arrière-fond psychologique. La nature de la relation entre Victor et Betty - sympathiquement interprétés par le tandem Serrault-Huppert - pose en effet question: sont-ce des complices? des amants? un père et une fille?
Ce qui séduit aussi chez Chabrol, c'est cette peinture du quotidien qui vient se greffer naturellement sur les rouages de l'intrigue policière, et les mécanismes du comique, les deux genres dont Rien ne va plus semble se revendiquer. On y voit des gens vivre, simplement, naturellement: se brosser les dents, mettre la table, faire la vaisselle, acheter un Kebab, s'asseoir devant la télévision - toute cette partie qui est hélas proscrite dans les films de genre usuels.
Et même si Chabrol semble emprunter des sentiers battus - ces réminiscences de Hitchcock et de Lubitsch, ce motif de "l'arroseur arrosé" - et offrir une histoire qui parfois, avouons-le, flirte avec l'ennui; il arrive encore à nous surprendre aux 3/4 du film avec cette séquence ahurissante chez Monsieur K., interprété par un Jean-François Balmer jubilatoire, qui écoute la "Tosca" de Puccini, tout en enfonçant une épingle dans l'oeil de Maurice pour le faire parler.
Bref, même si le film reste oubliable, Chabrol a l'air de bien s'amuser, et on veut bien s'amuser avec lui.