Cela faisait très longtemps que je souhaitais le voir, merci donc à ESC pour m'avoir enfin permis de le faire à travers cette belle édition. Dans un beau noir et blanc typiquement 60's magnifiquement restauré, cette production Hammer ayant pour particularité de
ne jamais avoir recours au fantastique
(même si l'intrigue en joue plutôt habilement) brille ici surtout par son scénario, usant habilement des apparences et faux-semblants pour construire un suspense souvent subtil, à défaut de faire hurler de peur. Si certains aspects sont plus prévisibles (le chauffeur trop gentil pour être honnête), quelques scènes savent clairement faire leur effet, notamment celle de la piscine ou encore de l'accident, fort bien réalisées. À ce titre, s'il ne fait rien d'extraordinaire, Seth Holt fait preuve de beaucoup d'application, de soin, évitant le recours abusif à la musique. L'interprétation, sans être éclatante, s'avère solide et homogène, Susan Strasberg se montrant séduisante dans ce rôle d'handicapée plus forte qu'elle n'y paraît, Christopher Lee apparaissant surtout comme un élément trompeur dans la logique manipulatrice du récit. Enfin, si la première
machination
était (relativement) devinable, le « twist » final s'avère pour le coup vraiment surprenant, d'autant qu'amené presque calmement, tout en gardant une réelle intensité, voire une certaine ironie. Bref, sous ses airs de modeste série noire se cache en réalité un vrai bon film de genre, presque « hitchcockien » parfois dans sa façon de construire un suspense intelligent : l'attente valait la peine.