Sur le plateau des Grandes Gueules en février 2023, l’avocate Sarah Saldmann s’emporte et affirme que la France est “un pays d’assistés” et que l’on peut vivre pleinement avec le SMIC. Suite à ses propos, l’homme politique François Ruffin lui propose d’aller à la rencontre de la France d’en-bas, celles et ceux qui tentent de (sur)vivre avec des petits revenus ou avec les aides de l’État.
« Mes impôts n’ont pas à payer la médiocrité de ceux qui ne veulent rien foutre ! (...) Une angine et on va pas bosser ? Mais c’est quoi ces gens qui foutent rien ? C’est quoi ces glandus, ces assistés et ces feignasses ? »
Pour leur 3ème collaboration après J’veux du soleil (2019) & Debout les femmes ! (2021), le réalisateur Gilles Perret et le député François Ruffin (tous les deux ouvertement de gauche), proposent à l’avocate (qui se revendique bourgeoise) d’aller à la rencontre de ces petites gens qui sont au chômage, sous perfusion d'aides sociales ou tout simplement au SMIC et qui ont du mal à joindre les deux bouts et à tenir jusqu’à la fin du mois.
« J'ai pas envie de t'emmener faire du tourisme social. »
C’est ainsi que l’on se retrouve au coeur d’un road-movie, dans différentes régions et villes de France (Lyon, Boulogne s/ mer, Amiens, Grigny ou encore Abbeville), mettant en scène la chroniqueuse de TPMP & CNEWS pour lui faire découvrir l’envers du décors (leurs conditions de vie et de travail). C’est ainsi que le documentaire prend alors une toute autre tournure et se transforme en une sorte de “Vis ma vis” (l’émission de TF1 qui était diffusée au début des années 2000) où Sarah Saldmann va prendre conscience de la dure réalité sur le terrain, en fonction des différents métiers qu’elle sera amenée à découvrir, loin de son très cossu XVIe arrondissement. Là voilà en immersion, aux côtés d’un livreur, dans la restauration, dans une usine de poissons, aux côtés d’une aide à domicile, d’installateurs de fibre internet, d’un agriculteur ou encore de bénévoles au Secours Populaire.
« S’que j’veux faire, c’est la réinsertion sociale des riches. »
Bien évidemment, on sait pertinemment qu’après avoir vécu cette immersion le temps d’une semaine, elle ne va pas lâcher son sac à main Dior, ses escarpins Louboutin et ses boucles d’oreilles Boucheron pour aller s’habiller dans une friperie d’Emmaüs et faire du bénévolat au Resto du Coeur, mais il n’empêche, le résultat est particulièrement savoureux. Sarah Saldmann est tellement condescendante et hautaine que l’on jubile de la retrouver avec la France d’en-bas, avec les vrais gens, bien loin du strass, paillettes et Champagne de sa petite vie bourgeoise où le Plaza-Athénée est sa deuxième adresse. Mais ne vous détrompez pas, ce n’est pas elle qui est finalement au centre du film, mais celles et ceux qu’elle a injustement taxés "d'assistés", les travailleurs de l’ombre.
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