C'est un nanar, un vrai de vrai, qui trouve sa singularité dans un sujet inattendu et bien audacieux, sans doute, pour l'époque. Comme un OVNI dans le paysage de la comédie populaire. J'ignore si le roman dont le film est l'adaptation est aussi bête et insignifiant; en tout cas, son auteur participe au scénario et signe les dialogues.
Charlie doit bientôt épouser sa promise mais il semble fébrile à l'approche du mariage et de la nuit de noce;
impuissance? homosexualité refoulée?
Déjà, à ce stade, la comédie de René Gaveau est téméraire. Difficile de ne pas déflorer la suite, qui est le coeur du sujet: à mi-film,
Charlie s'enfuit, entre en clinique et change de sexe! La transexualité
comme sujet de comédie en plein coeur des années 50, c'est une sacrée surprise!
Evidemment, les mots sont pesés, implicites. Et, surtout, le thème s'inscrit dans une comédie calamiteuse et n'a pas d'autre sensibilité que la bouffonnerie grivoise. D'ailleurs
le retour de Charlie, devenue Charlotte, dans sa famille
ne s'accompagne d'aucune considération humaniste, éthique ou psychologique. Le film n'est pas fait pour ça. Elliptique, le récit efface les explications de texte - et aucun des familiers, dont le copain d'armée Jean Carmet, ne semble se formaliser- pour ne se consacrer qu'à des blagues sexuelles stupides et à poursuivre dans de consternants jeux de mots ou association d'idées qui, dès le début, sont une indication de l'esprit balourd de la comédie.