Quelque chose de vieux, quelque chose de neuf, quelque chose d'emprunté : en voici un titre énigmatique, expliqué dans le quatrième long métrage de Hernán Rossell mais qui se réfère aussi à l'idée conceptrice du film, pour le moins singulière. Le réalisateur argentin a en effet utilisé de nombreuses images de films amateurs familiaux tournés par le père de son actrice principale, pour les intégrer dans une pure fiction. Quelque chose de vieux ne cesse de passer d'une époque à une autre, celle du retour à la démocratie, dans les années 90, jusqu'à l'Argentine d'aujourd'hui. Ce voyage dans le temps, capté par la technologie granuleuse des caméras de la fin du siècle dernier, donne une densité peu commune au film, quelque chose comme de la nostalgie aussi. En même temps, son intrigue est plutôt opaque, l'histoire d'une famille qui prospère dans les paris clandestins, de manière artisanale, tels des "bingo-entrepreneurs", avec néanmoins des à-côtés violents, comme dans tout projet criminel. Dans un film où le hors-champ est essentiel et où la transmission père/fille prend toute la place, l'on a assez souvent l'impression d'être perdu, sentiment largement compensé par la création d'une atmosphère très particulière, celle d'une chronique imaginaire mais vêtue d'habits d'un réalisme troublant.