Baby a été très remarqué dans divers festivals internationaux. Parmi eux, il a reçu l’Abrazo du Meilleur Film au Festival du cinéma latino-américain de Biarritz en 2024 et l’acteur Ricardo Teodoro a également été lauréat du Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation lors de la 63e semaine de la critique au Festival de Cannes, l’an passé.
En 2017, le réalisateur Marcelo Caetano a commencé à esquisser le parcours d’un garçon de São Paulo fuyant le domicile familial pour vivre sa vie. Après de nombreuses recherches, il a finalement changé de perspective, en imaginant que c’étaient ses parents qui l’abandonnaient. Par la suite, le film est devenu une histoire d’amour entre Baby et Ronaldo, avec pour toile de fond la ville brésilienne.
La genèse du film a duré sept ans, au cours desquels la ville et l’État de São Paulo sont passés aux mains de l’extrême droite, qui gouverne encore aujourd’hui. Pour élaborer ses films, Marcelo Caetano a réalisé de nombreuses interviews de jeunes sans domicile fixe, issus des communautés LGBTQIA+ ou Noires.
Marcelo Caetano avait déjà filmé les rues de São Paulo dans son précédent long-métrage, Corpo Elétrico, et souhaitait accentuer dans Baby l'importance de la ville dans la mise en scène, comme il l’explique : "La rue occupe une place plus importante dans Baby. Les scènes, y compris d’intimité, sont toujours rythmées par les bruits urbains […] Je voulais représenter ces quartiers qui, par le passé, étaient riches et pesaient dans l’économie et dans la vie culturelle de São Paulo. Aujourd’hui, ils sont quelque peu abandonnés. Malgré un processus de gentrification, ces endroits sont devenus populaires. Il y a beaucoup de diversité et de vie, malgré la paupérisation des habitants."
La majorité des lieux de tournage de Baby se trouvent à dix minutes de chez Marcelo Caetano, dans l’avenue où il habite.
Marcelo Caetano a beaucoup répété avec ses comédiens en amont des prises, afin de pouvoir tourner des scènes dramatiques dans la rue. À l’aide de deux caméras et de ses deux chefs opérateurs, le cinéaste a filmé en caméras cachées avec des objectifs zooms de 120 et 140 mm. Cela a permis de laisser surgir le hasard dans les scènes, au gré des rencontres ou des événements impromptus au lieu de boucler un périmètre, qui aurait fait perdre au film son aspect documentaire, si convoité par le réalisateur.
La notion de mouvement est très importante dans Baby, avec de nombreux mouvements de caméras, des zooms et une mise en scène physique pour l’équipe.
Pour raconter l’histoire d’amour entre Baby et Ronaldo, Marcelo Caetano s’est inspiré, dans sa forme, de Wong Kar-Wai mais aussi des films de Pedro Almodovar dans les années 1990 et de Claire Denis. En outre, le logement social qu’occupent Baby et ses trois amis reprennent les mêmes couleurs et les mêmes espaces que dans Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy.
Marcelo Caetano travaille également comme directeur de casting et avait rencontré Ricardo Teodoro lors du casting d’une série télévisée qu’il avait réalisée. Après un appel sur les réseaux sociaux pour chercher des jeunes entre 16 et 24 ans, il a fait passer des essais à João Pedro Mariano et l’alchimie avec Ricardo Teodoro a été si évidente qu’il a été choisi.
Dans la mise en scène de Marcelo Caetano, la caméra est volontairement très proche des visages des acteurs, surtout de celui de João Pedro Mariano, incarnant Baby. Cela a incité l’acteur à travailler sur diverses émotions et à les traduire sur ses expressions, après s’être confié au réalisateur.
Pour travailler Baby, João Pedro Mariano est allé rendre visite à des mineurs dans un centre pénitentiaire pour jeunes détenus et a passé beaucoup de temps avec eux.
Si la fin du long-métrage s’achève avec une réunion des deux amants, Marcelo Caetano avait songé à une fin alternative, dans laquelle Baby marchait seul dans la rue et disparaissait dans la foule. L'équipe a essayé de la tourner pendant trois jours, mais elle n’y est pas parvenue. L’image de fin du film est issue de rushes, au cours desquelles les comédiens ne savaient pas qu’ils étaient filmés : " Avec mes deux cameramen, on était en train de se poser la question de savoir comment on allait cadrer les deux personnages, de manière à définir la relation qui les unit et sur laquelle il est presque impossible de mettre des mots. Donc on a commencé à zoomer, à regarder les caméras. Je pense que cette scène souligne la difficulté d’identifier et de qualifier les relations amoureuses. C’est aussi en cela qu’elle est mystérieuse." raconte-t-il.