Santosh marque les débuts au cinéma de la scénariste-réalisatrice Sandhya Suri, après les documentaires I For India et Around India With A Movie Camera, et le court métrage The Field, qui a été nommé au BAFTA du meilleur court métrage en 2019, et qui a remporté le prix du meilleur court métrage international au TIFF en 2018.
L'idée de Santosh est née lorsque Sandhya Suri se trouvait en Inde, où elle travaillait avec diverses organisations non gouvernementales. Une image de manifestantes l’a interpellée, à la suite de l'affaire Nirbhaya en 2012 (un viol collectif avec été commis dans un bus à New Dehli). La réalisatrice se rappelle : "Il y avait l'image d'une immense foule de manifestantes en colère, les visages contorsionnés par la rage, et une ligne de policières qui les forçaient à reculer."
"L'une de ces policières avait une expression si énigmatique. Elle m'a fascinée. Qu'est-ce qui la sépare des manifestants, et quel pouvoir son uniforme exerce-t-il sur ceux qui n'en portent pas ? Explorer cette violence et le pouvoir de cette femme au sein de cette violence m'a semblé passionnant."
À partir de là, Sandhya Suri a commencé à faire des recherches sur les femmes agents de police et a appris l'existence du système gouvernemental de "nomination compassionnelle", qui permet aux personnes à charge des agents de police décédés d'hériter de leur emploi. La cinéaste s'est entretenue avec de nombreuses veuves, ce qui lui a permis de comprendre ce que ces femmes vivaient :
"Certaines d'entre elles avaient vécu une vie très protégée, quittant rarement la maison en l'absence de leur mari. J'ai été frappée par le parcours de la femme au foyer à la veuve, puis à la policière. C'est un parcours sur lequel j'ai voulu écrire et que j'ai voulu regarder."
Sunita Rajwar, qui incarne Sharma, a été choisie par Sandhya Suri pour l'humanité qu'elle allait être capable d'apporter à son personnage : "Il aurait été très facile de choisir quelqu'un de plus menaçant ou intimidant, mais ce que j'aime chez Sunita, c'est qu'elle nous a apporté un personnage vraiment authentique et non archétypal. Elle est insaisissable - la mesure dans laquelle elle croit à sa propre rhétorique est à débattre, et Sunita l'a magnifiquement interprétée."
Le personnage de Santosh n'est par ailleurs pas hermétique à la corruption, comme l'explique la réalisatrice : "Le fait de porter un uniforme de police lui confère automatiquement un statut et un pouvoir, et j'étais curieuse de voir comment elle utiliserait ce pouvoir. Je savais qu'il ne s'agirait pas de l'histoire d'un bon flic dans un mauvais système, mais plutôt d'un univers moralement trouble dans lequel Santosh trouverait sa propre nuance de gris."
Ce film est présenté en sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2024.
Sandhya Suri a également voulu explorer le lien entre Bollywood et la police dans Santosh : "Bollywood et la police ont une relation tellement complexe. Les films policiers de Bollywood font parfois l'apologie de la violence, les officiers de police prenant souvent la loi en main pour le bien de tous. Avec Santosh, j'essayais de m'éloigner de cette idée. Tout le monde est gris et même Santosh n'échappe pas aux compromis."
"De nombreux policiers à qui j'ai parlé ont été inspirés par l'image héroïque d'un policier de Bollywood et j'ai voulu faire un clin d'œil à cette relation étroite entre le cinéma et la police en utilisant la musique de films de Bollywood dans certaines scènes. Cela m'a semblé naturel."