Le film marque d’abord par ses décors et sa photographie, en portant un regard unique sur un territoire chinois peu montré au cinéma. Zone désertique, ville en déclin avec bâtiments abandonnés, lieu de fête foraine lunaire, zoo dépeuplé, chiens errants… Même si la volonté politique est au nettoyage, à la démolition et à la réindustrialisation, un vent décadent et absurde souffle sur ce territoire. Avec à la clé quelques séquences superbes de « fin du monde » : les chiens figés dans le crépuscule, laissant passer la moto du personnage principal ; la libération des animaux du zoo… Ces séquences, et d'autres, sont magnifiquement photographiées.
Côté scénario, on est surpris par quelque chose qui touche au western, avec le retour d’un paria sur les lieux de son passé, un mélange de rédemption et de règlement de comptes, dans le vent et la poussière. Surpris aussi par une tonalité dramatique qui joue beaucoup sur les revirements de situation. Où les ennemis peuvent devenir des amis. Où la rudesse peut se teinter de tendresse et même verser dans la compassion. Sans exclure quelques touches burlesques. Dans ce canevas étonnant, il y a probablement trop d’éléments narratifs (la relation avec la danseuse de fête foraine, la fin du rapport père-fils, le sauvetage du boucher Hu…), ce qui confère au tableau d'ensemble un aspect un peu disparate. Mais l'histoire de la relation entre les deux personnages centraux, homme et animal abîmés par la vie, est belle et touchante. Avec un chien incroyablement expressif.