Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Les Damnés" et de son tournage !

Naissance du projet

Si les films précédents de Roberto Minervini se déroulaient tous dans l’Amérique d’aujourd’hui, le cinéaste a choisi, avec Les Damnés, de se centrer sur la guerre de Sécession : "J’ai toujours eu un problème avec les films de guerre en raison des archétypes que l’on y rencontre : l’idée de la cause juste, la lutte du bien contre le mal, la vengeance, l’héroïsme. Il n’y a jamais eu une approche que je pourrais qualifier d’humaine."

"Au lieu de cela, on nous propose des archétypes qui propagent des idées fausses et des croyances au sujet de la guerre. Je trouve incroyable que les gens soient enclins à faire confiance à un gouvernement en matière de guerre et de défense - surtout ici aux États- Unis, mais pas seulement. La guerre devient une chose intouchable et l’héroïsme guerrier se retrouve sacralisé", explique le metteur en scène.

Cannes 2024

Les Damnés a été présenté en sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2024. Roberto Minervini est familier de la croisette puisque The Other Side y a été montré en 2015 dans la section Un certain regard et Le Cœur battant en Séances spéciales en 2013.

Pourquoi l'Ouest ?

Les Damnés se situe dans l’Ouest, une partie du pays à laquelle on s’intéresse moins dans les récits de la Guerre de Sécession. Roberto Minervini justifie ce choix : "Il était important de ne pas trop se laisser écraser par la lourdeur de l’Histoire. Pour ce qui est de ce groupe de personnages, ils observent depuis la marge, presque comme s’ils se regardaient eux-mêmes, ce qui est d’ailleurs une réplique du film. Cela aurait été complètement différent s’ils avaient été en Virginie, par exemple."

"Je voulais me débarrasser un peu du poids de l’Histoire pour faciliter ce voyage expérientiel, pour permettre à quelque chose de plus cathartique et de plus primordial de venir de l’intérieur et de la part de ces individus. En ce qui concerne le Montana et le Old West, 1862 est l’année où la ruée vers l’or a commencé dans ces régions. Il s’agit de terres encore vierges, mais quelque chose de plus important est en train d’émerger qui modifie l’idée de pour qui et contre qui vous vous battez."

"Je voulais les situer dans un endroit qui est en quelque sorte un poste d’observation, sans ployer sous la responsabilité de représenter cette guerre, mais en même temps je voulais être sur une terre qui a été si importante dans l’Histoire, et en particulier pour les guerres indiennes - un endroit très spécial sur le plan de l’énergie, et nous pourrions même dire sur le plan spirituel."

Filmer la bataille

Pour la séquence de la bataille, Roberto Minervini avait quelques points de départ en tête. Le premier était de toujours être comme un reporter en train de suivre les gens qui sont au cœur de l’action, en adoptant leur point de vue et leur champ de vision. Le réalisateur confie : "Deuxièmement, dans une bataille, le plus important est de ne pas être vu. Je ne voulais donc pas montrer de moments où l’on voit l’ennemi de près - je voulais que les ennemis soient cachés, tout comme nous."

"Et troisièmement, je voulais éliminer cette idée du front, qui en général est très importante dans la réflexion sur la guerre et sa représentation. La ligne de front nous donne l’idée d’une attaque ordonnée, d’une compétence. C’est un présupposé rassurant mais il est le premier à s’effondrer car en réalité le chaos règne en maître et il est absolument impossible de déterminer d’où viennent les tirs. Ce qui était important, c’était le manque de visibilité de l’ennemi et la perte de la perception du temps et de l’espace."

Signification du titre

Le titre du film est venu à l'esprit de Roberto Minervini avant tout le reste : "Il a un côté marrant, ce titre – ça fait un peu Sergio Leone, c’est très film de genre. C’est aussi un petit hommage à un groupe de punk-rock que j’aime bien. En outre, il y a cette idée qu’une fois qu’on entre en guerre, une fois qu’on a combattu, c’est la fin de quelque chose, on est pour ainsi dire condamné."

"Damnation contre condamnation, il y a aussi une forte composante religieuse qui fait partie intégrante de la Guerre de Sécession. C’est donc un titre qui renvoie à un genre, mais aussi à une expérience religieuse, plus élevée, que le film interroge", raconte-t-il.

Casting varié

Roberto Minervini a fait appel à des acteurs avec lesquels il avait déjà travaillé (par exemple, les membres de la famille Carlson étaient dans Le Coeur battant). Avec ces derniers, il s'est rendu à Helena, dans le Montana, et a ouvert la porte à la communauté locale. Le metteur en scène se rappelle : "Nous avons lancé un appel ouvert et annoncé que tout un chacun pouvait participer. De nombreux membres de la Garde nationale stationnés dans le Montana se sont présentés. Un groupe de pompiers est venu et a participé pendant quelques heures."

"C’est quelque chose à quoi je tiens : dans mes films, les gens vont et viennent, j’aime cette idée qu’on ne peut pas délimiter des groupes précis, qu’on ne peut pas les circonscrire. C’est la beauté d’un casting à portes ouvertes, qui a ses inconvénients parce que tout doit être constamment réorganisé. J’ai dû m’écarter de ce que je croyais être en train de faire et suivre d’autres voies parce que les personnages ne fonctionnaient pas. Mais je connais très bien ce processus. Cette façon de travailler signifie que le film est en constante évolution et en perpétuel mouvement."

"Le but est de vivre cela collectivement, et il y a une sélection naturelle des personnages au fil du tournage. Ceux qui arrivent jusqu’au bout sont ceux qui sont les plus engagés, avec qui il y a une sorte de symbiose entre eux, moi et ce qui nous entoure."

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