J’avais déjà vu Le Cobaye 2, un film qui ne m’avait pas spécialement marqué, paraissant finalement vivoter sur quelques images de synthèse originales pour l’époque mais insuffisantes pour véritablement porter le film. Et puis en plus on avait perdu le casting du premier épisode, qui opposait quand même Jeff Fahey et Pierce Brosnan !
Le premier Le Cobaye est un métrage à l’approche indéniablement original. La réalité virtuelle créant un super-méchant capable de naviguer entre les univers et utilisant des super-pouvoirs d’un style rarement vu au cinéma. S’emparant d’un sujet audacieux, et en avance sur son temps pour l’époque, bien qu’il s’inscrive dans la dynamique informatique et numérique qui allait inspirer pas mal sur cette période le cinéma de genre, ce film présente, rien que là, un intérêt certain. De surcroit, il amène des sous-intrigues culottées, comme la relation de Fahey avec le père Francis, ou encore la dépendance de Brosnan au numérique au point de délaisser sa famille. Le Cobaye n’est pas parfait, mais l’histoire a une certaine richesse, le rythme est correct, et dans l’ensemble c’est plus profond que le deuxième film. On saluera aussi le refus d’un manichéisme excessif, un autre bon point.
Alors certes, la qualité du fond ne parvient pas complètement à faire oublier des défauts. Le film est finalement peu horrifique, et loin d’être aussi angoissant que le sujet aurait pu permettre. Dans le genre, Scanners de Cronenberg est au-dessus, c’est net, à la fois dans la violence graphique et la tension suscitée par des hommes aux pouvoirs desquels il est difficile de se protéger. Reste des mises à mort singulière, mais le vieillissement des effets visuels les rendent parfois peu crédibles aujourd’hui. Je note toutefois que le film, compte tenu de son budget et de son âge n’a pas à rougir de ses images entièrement numériques, et elles restent tout de même une curiosité. Pour le reste, le film est assez bien fait, avec une mise en scène un peu terne mais sans excès, et je salue tout de même les efforts faits pour ne pas faire cheap. L’explosion finale par exemple est très soignée.
L’interprétation est sans doute un peu faible compte tenu du casting. J’attendais plus de cette rencontre entre Fahey et Brosnan. Si le premier m’a laissé une belle impression, notamment en type légèrement attardé, en revanche Brosnan ne m’a pas paru spécialement à l’aise ici. Il est un peu tiède, moins percutant qu’attendu, mais peut-être cela vient-il de la solide prestation de Fahey, qui dispose aussi d’un personnage plus intéressant que celui de Brosnan. Il est plus trouble, plus évolutif, il a tout simplement plus de relief, et du coup Brosnan se fait un peu voler la vedette. Après, autour de ce duo, c’est aussi trop tendre. Il manque notamment un rôle féminin bien mieux dégrossi, car si Jenny Wright est une petite bombe et s’avère superbe le temps d’une scène de sexe, et si Colleen Coffey tanne à raison Brosnan qui est toujours fourré sur ses machines, leur présence à l’écran et leur importance dans l’intrigue reste réduite.
Le Cobaye est un film de SF efficace, et en tous les cas bien meilleurs que sa suite. Toutefois, il doit en grande partie son intérêt aujourd’hui pour son sujet original, encore aujourd’hui peu traité et par la curiosité de découvrir de bons acteurs à leurs débuts. Ce n’est pas exceptionnel, un peu fade et maladroit parfois, mais difficile de bouder son plaisir. 3.5