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Yves G.
1 455 abonnés
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4,0
Publiée le 14 janvier 2022
Irene Girard (Ingrid Bergman) est une riche Américaine qui vit depuis plusieurs années à Rome avec son mari. Elle y mène grand train sans prêter d’attention à son fils unique, Michele, une dizaine d’années à peine, qui se jette dans l’escalier de leur luxueux appartement, par chagrin. Cet accident et la mort de son enfant font à Irene l’effet d’un électro-choc. Elle réalise l’inanité de sa vie, centrée sur son seul confort. Avec un cousin de son mari, elle découvre les banlieues misérables de la capitale. Elle y rencontre une femme qui élève six enfants. Irene la remplace au pied levé à l’usine où elle vient de la faire embaucher. Elle recueille une prostituée qui se meurt de la tuberculose. Elle réussit à convaincre un jeune malfrat, qui vient de braquer une banque et de tuer un gardien, de se rendre. Son comportement inquiète son mari qui la fait interner dans un asile psychiatrique.
Europe 51 est un des films les plus marquants de Roberto Rossellini et du néo-réalisme italien. C’est le deuxième après Stromboli qu’il tourna avec Ingrid Bergman, l’actrice américaine qu’il venait d’épouser, qui était enceinte de sa fille Isabella pendant le tournage. Il fit scandale en Italie à sa sortie ; car il renvoyait dos à dos les grandes idéologies sur lesquelles et contre lesquelles l’Italie post-fasciste se reconstruisait lentement : le capitalisme, la religion et même le communisme.
Quel est le sujet de Europe 51 ? La sainteté. Le sujet traverse le cinéma et la littérature : Le Journal d’un curé de campagne, Sous le soleil de Satan, Thérèse, Jeanne d’Arc, Breaking the Waves, The Leftovers…. Roberto Rossellini – dont le premier fils était mort d’une appendicite à neuf ans seulement en 1946 – venait de tourner un film consacré à Saint François d’Assise, Les Onze Fioretti. Le saint, qui avait renoncé au confort bourgeois pour une vie de privations consacrée aux pauvres, le fascinait. Il se posait une question simple : que ferait Saint François aujourd’hui ? comment serait-il accueilli ? Il a une autre référence : la philosophe française Simone Weil, qui tenta de comprendre la condition ouvrière par l’expérience concrète du travail en usine.
Le résultat est un chef d’oeuvre. Superbement restauré, il est ressorti en salles mercredi dernier. Le noir et blanc de Rossellini est velouté. Le visage d’Ingrid Bergman est le plus beau qu’il fut jamais donné de voir. Seul bémol, l’actrice est doublée en italien. Sans doute ne le parlait-elle pas parfaitement. Mais censée jouer une riche Américaine, on lui aurait volontiers pardonné quelques fautes d’accord pour avoir le plaisir de l’entendre.
« Europa 51 » est à la fois une épreuve et un bonheur pour le cœur.
Cela se passe à Rome, une femme, bourgeoise, vit à travers ses mondanités et autres réceptions pour lesquelles il est urgent qu’elle se change attendu qu’elle a été retardée sur son trajet par des grèves. Et elle a donc si peu d’oreille et de temps pour écouter son garçon de 11/12 ans, Michel.
Le drame survient et la vie d’Irène Girard bascule, passant d’abord par l’effondrement puis se relevant grâce à une révélation. Son entourage se perd alors en conjectures, sans jamais chercher à la comprendre, englués qu’ils sont tous dans leurs habits de certitudes, ceinturés par les habitudes.
Sa révélation est douce -jamais assénée par le réalisateur- et elle n’est ni politique, ni religieuse. Ingrid Bergman y apporte sa lumière, elle irradie son personnage, comme souvent à travers bien de ses rôles. C’est là son second film sous la férule de Roberto Rossellini.
L’actrice Hollywoodienne de Casablanca « , « Pour qui sonne le glas » ou encore « Les enchaînés » scandalisa la Profession à l’époque en quittant fille et mari, car après avoir vu « Rome ville ouverte » et « Païsa » elle écrivit au réalisateur une lettre où elle disait : « Cher M. Rossellini, J’ai vu vos films Rome, ville ouverte et Païsa, et les ai beaucoup appréciés. Si vous avez besoin d’une actrice suédoise qui parle très bien anglais, qui n’a pas oublié son allemand, qui n’est pas très compréhensible en français, et qui en italien ne sait dire que « ti amo », alors je suis prête à venir faire un film avec vous. » Ingrid Bergman
Elle fut donc l’héroïne, le médium de Rossellini.
Dans « Europa 51 » hommage est rendu aux humbles et parmi eux un personnage superbe, magnifiquement interprétée par une délicieuse Giuletta Masina (deux ans plus tard le 1er film avec Fellini, et l’amour et le cinéma que l’on sait…
Bergman et Rosselini est l’une des plus belles histoires d’amour et de cinéma. 6 films et 3 enfants en découlèrent. Leur histoire est inscrite en chaque cinéphile à travers leurs films, grâce leur en soi rendue.
Roberto Rossellini prend un sujet qui aurait parfaitement correspondu à des cinéastes féroces comme Luis Buñuel, Dino Risi ou encore Pietro Germi. Mais là où ses trois derniers aurait chargé à fond le trait dans la critique sociale, Rossellini prend le contre-pied de tout cela en l'épurant au contraire, en imposant une force tranquille en quelque sorte à l'ensemble. Il préfère plutôt se concentrer sur son sujet principal à savoir la rédemption d'une femme et par l'intermédiaire de cela sur la cinégénie exceptionnelle de son actrice principale (et épouse à l'époque !!!) Ingrid Bergman. On ne peut pas vraiment lui en vouloir, en particulier pour le dernier aspect.
Il y a bien quelques longueurs par ici ou par là mais l'ensemble s'avère fort convaincant. Autant le dire tout de suite, avec "Europa 51", on touche à l'âge d'or du cinéma italien. Que d'émotions durant ses 120 minutes. Un très grand Rossellini avec une Ingrid Bergman absolument exceptionnelle.
Porté par une Ingrid Bergman de toute splendeur, Europe 51 dresse avec force et sensibilité le portrait d'une femme de bonne famille dans l’Italie de l’immédiate après-guerre, qui, n'ayant pas su comprendre et écouter les souffrances de son jeune fils qui va mettre fin à ses jours, va décider de changer radicalement les priorités de sa vie afin de retrouver un sens à son existence. Poussée par une indescriptible force intérieur, elle va se consacrer à aider les pauvres, les exclus, les prostituées... des banlieues de Rome, allant jusqu'à rompre avec sa famille et ses codes bourgeois. Remarquablement mis en scène par Roberto Rossellini, ce portrait de femme en errance est une superbe réflexion sur la culpabilité, la repentance, l'engagement total et la sainteté. Magnifique.
L'histoire d'une prise de conscience. Comme une révélation. Je n'ai pas pu m'empêcher d'y voir une Jeanne d'Arc. Une sorte d'illumination sur sa propre destinée. Pourquoi suis-je venu au monde? Me serais-je trompée toute ma vie. Cette idée de foie hallucinatoire ne m'a pas forcément attiré le plus. Mais on ressent la force qui est en elle, née d'une douleur terrible.
Un drame existentiel austère et troublant, à défaut d’être captivant, d’une bourgeoise qui, suite au décès de son enfant, a décidé de faire don de soi, en complet décalage avec les valeurs de la société contemporaine, porté par l’interprétation émouvante d’Ingrid Bergman.
Sans être le film le plus célèbre de son auteur, Europe 51 n'en est pas moins une de ses oeuvres phares. Porté par une superbe, digne, émouvante et habitée Ingrid Bergman, Europe 51 porte au plus haut le genre néo réaliste italien. Roberto Rossellini ose même des incursions documentaires dans la chaîne de fabrication d'une usine où dans la monstration du fonctionnement des hôpitaux psychiatriques (et le test de Rorsach). Le cinéaste veut sûrement porter une critique du système italien d'après guerre, sur ce point, le film évoque Sciuscia de Vittorio de Sica (où de très jeunes délinquants étaient mis en maison de correction au lieu de servir à reconstruire le pays). La première demi heure, où règne une forte et palpable tension, est un pur chef d'oeuvre. La relation d'une mère à son fils, incompris, est très juste. Ce qui est aussi très fort est le positionnement de l'héroïne vis à vis de sa famille. Elle est incomprise dans sa démarche comme si la mort de l'enfant était même niée. De même, on est admiratif devant la façon dont Rossellini filme et cerne Ingrid Bergman. Europe 51 est dotée d'une sublime photographie qui rend le noir et blanc lumineux. Le cinéaste n'hésite pas à magnifier les cadres naturels (ruelles sombres et sinistres, terrains vagues...). La musique de Renzo Rossellini est impressionnante. Très originale aussi est la façon de décrire l'asile psychiatrique et ses personnages détruits. Le cinéaste construit sa thématique sur la notion de sainteté de l'héroïne qui va jusqu'à effrayer le prêtre. On pense à Jeanne d'Arc, les films de Dreyer... La femme est elle folle où est elle une sainte ? Elle n'agit de la sorte que pour pallier son sentiment de culpabilité dans un environnement qui ne la comprend pas. Quelques longueurs ne ternissent que très peu ce grand film très puissant et magnifiquement triste.
le film est assez troublant . A lire le script, on pourrait penser à un film engagé : une mondaine frivole au départ prend conscience consécutivement à la perte de son enfant de la pauvreté dans le monde et décide d'agir malgré la pression de sa famille qui veut la faire passer pour folle. Mais plutôt qu'un film cherchant à éveiller la conscience du spectateur face à l'injustice que représente pauvreté ( comme peut l'être le voleur de bicyclette ) j' y vois plutôt un appel à la réflexion sur le rapport qu'entretient l'être humain par rapport au monde qui l'entoure .Quand on interroge l' héroïne sur ce qui la pousse à aider les pauvres ,elle répond que ce n'est pas l'amour mais la haine de soi et elle semble accepter son enfermement imposée ( comme si elle se crucifiait elle même ) plutôt que répondre à l'appel du peuple qui voit en elle une sainte . Comme si la sainteté qui amène à faire des grandes choses et mettre en cause l'ordre établi du monde pouvait avoir une origine pathologique .Mais l'une des forces du film est de pas répondre à cette question mais d'ouvrir le champ de réflexion au spectateur ( croyant ou non croyant) par effet de miroir que lui renvoie l'image christique et sacrificielle d' Ingrid Bergman. Un film presque catharsistique auquel on continue à penser bien après la sortie de la salle.
Une bonne oeuvre sur les comportements héroiques & l'acte gratuit ( + tellement d'actualité... ) sinon la complètude d'une heroine constamment menacée ; quoique la psychologisation de fin un peu trop évidente laisse à désirer - notamment bien sûr le passage sur ces " forclusions ". -
Quel choc, ce film plus de 70 ans après sa sortie est toujours bouleversant de vérité. Bien sûr la pauvreté n'est plus aussi criyante en France en tout cas, les très riches ont appris à communiquer et nous avons remplacé la confrontation brutale des rapports de classe par une ère de glaciation relationnelle, une athrophie des rapports humains spoiler: que préfigure l'hospitalisation de cette grande bourgeoise dans un asile psychiatrique. Ce qui n'est pas non plus s'en rappeler la description d'un monde glacé et silencieux au coeur de l'enfer de Dante, ce compatriote italien de Roberto Rossellini. Par la recherche d'un absolu d'amour et un don de soi total, le personnage merveilleusement incarné par Ingrid Bergman nous démontre en creux la superficialité de notre époque et la vraie révolution que représente le dépassement de nos égaux et de nos peurs. Discours intelligent et sensible qui a aussi le mérite de dépasser la confrontation politique d'après guerre entre communisme et christianisme, renvoyant tout le monde dos à dos dans sa bien pensance et ses contradictions.
Roberto Rossellini est l’un des réalisateurs les plus importants du cinéma néoréaliste italien, période allant de 1943 à environ 1955. Ingrid Bergman, dans le rôle d'une bourgeoise mariée à un ponte de l'industrie, se remet totalement en question suite au suicide de son fils. A travers sa métamorphose, l'Italie des années cinquante se dévoilent sous nos yeux, à travers son expansion capitaliste et sa hantise du communisme.
Chef d’oeuvre ! Ingrid Bergmann est divine, elle incarne la grâce, la souffrance, la redemption, le désespoir dans le rôle d’une mère brisée…. L’actrice sublime des sentiments rares et subtils au delà de sa condition de femme et de mère, au delà de sa simple humanité. Peut être le plus beau film de Rossellini selon moi. Le plus sensible, le plus profond, le plus absolu.