France, alias Franssou, reçoit 50.000 euros d'héritage d'une arrière-grand tante oubliée. Elle décide de mettre entre parenthèses sa vie de professeur de lycée, et d'aller claquer le magot en quatre mois dans un palace, l'hôtel Carlton de Cannes. Elle y fait la rencontre de Stéphane, mi-escroc, mi-rat d'hôtel, beau parleur et tête à claques. Elle repère son petit jeu, s'amuse à le suivre. Il l'invite à dîner, lui tord le bras et l'abandonne dans un parc, pour lui apprendre à l'espionner. Mais quand il se retrouve menacé des pires sévices s'il ne rembourse pas une dette de jeu, il ne trouve personne d'autre pour lui avancer les 30 000 €. Sauf que Franssou a deux conditions : qu'elle puisse rester avec lui jusqu'à ce qu'il l'ait remboursée, et un taux d'intérêt à 100%.
Avec la jeune fille collée à ses basques, il essaie de se remplumer en escroquant René, ancien pilote automobile qui débite des pensées dignes de Jean-Claude Vandamme. Devant les réticences du philosophe des bacs à gravier, il pousse Franssou dans les bras de celui-ci. Bien entendu, rien ne se passe comme il l'a prévu...
Encore une comédie française, genre dominant de la production hexagonale ! Celle-ci se démarque du paquet des anciens de Canal, ou des films construits sur une idée loufoque ("Jean-Philippe"), par le clacissisme de la réalisation de Christian Vincent. On est plus proche des comédies américaines des années 30, basées sur une opposition de personnages et une précision quasi-horlogère des dialogues.
Le film repose sur l'abattage de José Garcia, sympathiquement odieux, qui refuse de reconnaître l'attirance qu'il éprouve pour sa partenaire pot-de-colle. Face à lui, Isabelle Carré est parfaite dans le rôle de la candide qui s'avère progressivement plus maline et tout aussi dépourvue de sens moral que son partenaire. Elle promène sa grâce lunaire dans des robes ultra légères, manifestant par l'esquisse d'un sourire combien elle n'est pas dupe des ruses cousues de cable blanc des deux hommes qui la convoitent.
François Cluzet est un peu en retrait, prisonnier du QI à un chiffre de son personnage. A signaler des seconds rôles dans la grande tradition du cinéma français : Michel Vuillermoz, raisonneur insupportable -et insupporté ; et Jean-Paul Bonnaire (Le Père Maxence des "Choristes"), qui espionne Franssou et René lors d'un dîner romantique pour le compte de Stéphane, et qui a bien du mal à rendre compte de ce qu'il voit tout en mangeant son tourteau...
Même s'il n'arrive pas à tenir le rythme sur toute la durée du film, Christian Vincent réussit par moment à enchaîner des séquences hilarantes dignes de l'opposition de Katharine Hepburn et Cary Grant dans "L'impossible Monsieur Bébé" (La scène de leur dispute débordant sur le couloir de l'hôtel devant deux touristes japonais terrorisés est un bijou !).
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