Bon, ben Prince Valiant a une mauvaise réputation, et il faut avouer qu’il ne l’a pas franchement volé, malgré un casting étonnant et prometteur.
Celui-ci en effet s’appuie d’abord sur un lot étonnant de figure du genre. On citera ainsi Udo Kier, méconnaissable, Warwick Davis, Ron Perlman, tous plus ou moins, et surtout moins bien exploités. Le summum revenant à Kier qui joue un personnage totalement inutile, et qui aurait pu aisément être absent du film sans difficulté. Pour les personnages principaux, on hérite de Stephen Moyer, qui joue un prince Vaillant assez bébête et naïf, mais avec une belle efficacité. Il sait se glisser dans le second degré sans trop en faire non plus, et finalement il sauve son personnage qui aurait vite pu devenir le Mister Bean des chevaliers. Il est dynamique et plein d’entrain, c’est appréciable. A ses cotés Katherine Heigl est une actrice charmante, qui joue l’habituelle et incongrue princesse guerrière, mais là aussi, comme pour Moyer, elle trouve un bon tempo qui lui évite largement le ridicule et la rend même souvent très fun.
Le scénario est pataud. En fait on a l’impression d’assister à un épisode d’une série tv, pas du tout à un long métrage de cinéma. L’histoire est ultra-convenue, marchant sur absolument tous les poncifs du genre, bien éculés ; l’humour vient souvent donner un caractère nanar au métrage tellement il peut-être absurde parfois (ouah, tu m’as cassé le nez ; oui mais tu voulais me casser le crâne !). Par ailleurs des personnages comme ceux de Kier ou Perlman sont absolument risibles, et il y a des moments de portnawak incroyable (le verre avec la cire ; les crocodiles ; les feux d’artifices ; le dragon mécanique !). Bref on a l’impression d’assister à une attraction de fête foraine, pas du tout à un film de chevalier, et même si c’est rythmé, c’est assez bouffon.
Visuellement le réalisateur est à la masse. Surement trop occupé à camper un Gauvain branquignole qui passe le film évanoui ou prisonnier, il propose une mise en scène affligeante. Scènes d’action illisible, plans relevant du n’importe quoi (l’attaque du château), manque total d’ambition qui plonge notamment le final dans un style Xéna la guerrière du pauvre, Hickox se mange aimablement sur ce coup. Dur d’imaginer que c’est lui qui avait fait deux excellents Waxwork par le passé. Pour le reste Prince Valiant donne le sentiment d’avoir eu un budget minable, avec une accumulation stupéfiante de décors en carton-pâte pour certains indigents, et d’une photographie incapable d’offrir un quelconque moment beaux. Mêmes les passages en bord de mer sont ratés. Je n’évoque même pas les effets pyrotechniques, bien loupés aussi, et jusqu’à la bande son qui manque complètement d’allure.
En clair Prince Valiant est un mauvais film, c’est clair. Pourtant doté d’acteurs qui relèvent un peu le niveau, bien rythmé, on sent qu’il joue la carte du second degré, mais je crois tout de même qu’il se voulait trop sérieux pour ce que l’on peut voir à l’écran. En effet c’est tout de même une accumulation de bouffonnerie dont j’ai du mal à croire que c’était volontaire. Le 1.5 est justifié par cette orientation comique revendiquée, qui du coup peut faire pardonner certaines choses, mais quand même, à moins d’aimer se marrer, prince Valiant n’est pas indispensable.