1982 : le peu de succès commercial des Faucons de la nuit (Nighthawks, Bruce Malmuth,1980) et d’À nous la victoire (Victory, John Huston, 1981) amène Sylvester Stallone à constater que, pour l'instant, seul Rocky lui réussi. Cependant, ayant tout de même un statut de star et n'étant pas très motivé pour refaire un épisode de Rocky, il réclame un salaire (énorme pour l'époque) de 10 millions de dollars. Les producteurs acceptant cette requête, il réenfile les gants de boxe.
La boxe, voici désormais ce à quoi se résume ce nouveau volet. Le premier Rocky ne traitait que très rapidement du noble art, le second y laissait une place plus importante, le troisième n'aura que ce sport comme sujet. La très grande majorité du film concerne les séquences d'entrainements et de combats
(3 complets plus un résumé de nombreux matchs, ce qui représente le maximum dans la saga)
. Cette fois-ci, les scènes dramatiques sont donc réduites au minimum
(malgré la rapide mais intéressante évocation de la jalousie, l'enfonçant toujours plus dans l'alcoolisme, de Paulie envers Rocky, qui est parti du même point que lui mais qui lui a réussi, et la nouvelle lecture plus nuancée du personnage d'Appollo)
et le scénario, où commence à pointer des incohérences
(on n'arrête pas de répéter que Rocky est champion depuis 3 ans alors que Rocky II se déroulait en 1976 et que celui-ci en 1981, le fils de Rocky semble être un peu grand pour un personnage sensé avoir 3 ans, les dates sur la tombe de Mickey ne correspondent pas avec l'âge qu'il dit avoir dans le premier épisode, les problèmes de santé évoqués surtout dans le second volet mais également rapidement au début de ce même film sont complètement oubliés...)
vire au simplisme.
Malgré tout, Sylvester Stallone en profite, comme toujours, pour faire le point sur sa propre carrière. Il nous montre donc son personnage s'étant embourgeoisé et ayant perdu la rage qui l'habitait par le passé
(au point de perdre son premier combat contre Clubber Lang)
, ce qui correspond au peu de motivation qu'il semble posséder pour ce volet et à une forme de recul sur son statut vacillant de star (aucun de ses films n'appartenant pas à la saga Rocky n'a rencontré le succès). De plus, malgré la lourdeur des traits (Clubber Lang n'est qu'une brute pur et simple) et la transformation des matches de boxe et d'exhibition
(l'affrontement contre le catcheur Thunderlips, incarné par Hulk Hogan)
en combats de gladiateurs, Stallone arrive à donner du rythme à son film et à le rendre divertissant. Enfin, le morceau écrit par Survivor (au milieu d'une bande originale toujours signée Bill Conti) Eye of the tiger, qui apparait pour la première fois dans ce film et qui décrocha une nomination à l'Oscar de la meilleure chanson originale, est plutôt plaisante à entendre et est devenu synonyme de la boxe et du sport en général.
Rocky III est donc un film se situant à des milliers de kilomètres de la subtilité et de la puissance dramatique de l'original mais qui reste malgré tout divertissant. On peut toutefois regretter que ce volet soit, jusqu'à la sortie du quatrième épisode tout aussi simpliste (et qui plus est extrêmement patriotique et anti-communiste), le plus gros succès de la saga, surtout en France, où il récolte 4,5 fois plus d'entrées que le film original (les légèrement plus élevés scores américains et mondiaux, calculés en dollars, étant à relativiser en fonction de l'inflation). Toutefois, Stallone montrera dès le film suivant qu'il est encore capable de subtilité en tournant le premier épisode d'une autre saga à succès (enfin!) qui se simplifiera également dans ses suites : Rambo.