Le Train (1964) est assurément l’un des meilleurs films (si ce n’est pas LE meilleur) de John Frankenheimer (Le Prisonnier d'Alcatraz - 1962). Initialement réalisé par Arthur Penn, très rapidement la relation s’est tendue avec Burt Lancaster, qui souhaitait un vrai film d’aventure (en plus d’incarner le personnage principal, il est aussi le producteur du film), ce dernier décida quelques jours après le début du tournage de le renvoyer au profit de John Frankenheimer). Le film nous replonge en pleine Seconde Guerre Mondiale, alors que l’armée Allemande est sur le point de capituler, Paris d’être libéré et que les alliés sont attendus d’un jour à l’autre, le colonel Von Waldheim (magnifique Paul Scofield), grand amateur d’art, décide de réquisitionner toutes les grandes toiles peintes par les plus grands artistes français (exposés au musée du Jeu de Paume). La conservatrice (Suzanne Flon) impuissante face à ce pillage de tous les fleurons de la peinture française (Gauguin, Renoir, Van Gogh, Manet, Picasso, Degas, Miro, Cézanne, Matisse, Braque, Utrillo, ...), véritable patrimoine de notre pays (!), décide de faire appel à des cheminots résistants (les toiles devant être convoyées vers l’Allemagne en train). C’est le chef de gare (le brillant Burt Lancaster) qui va devoir déjouer les plans des Allemands en attendant de pied ferme l’aide des alliés qui se fait attendre.
130 minutes au cours desquelles on découvre des actes de bravoures poignants, nous offrant même lors de certains passages, quelques fous-rires nerveux tant le suspense est à son comble (notamment lorsque les cheminots trompent les allemands en modifiant le parcours et le nom des gares). Très réaliste et impressionnant dans son traitement et sa mise en scène (comme en atteste cette spectaculaire collision entre deux locomotives), le film met à l’honneur les cheminots français (comme en atteste les remerciements au début du film) pour leur courage et leur bravoure. Véritable ode à ses défenseurs de notre patrimoine qui se sont sacrifiés pour quelques toiles peintes, des vies contres des toiles de maîtres, majestueusement retranscrit ici en noir & blanc et parfaitement interprétés par des acteurs franco/américains (signalons aussi la présence de Jeanne Moreau & Michel Simon).