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soniadidierkmurgia
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4,0
Publiée le 20 décembre 2009
Un film vraiment anachronique comme quelques autres qui peuplent la filmographie de Chabrol. Alors qu’elle est déjà passée Chabrol s’accroche encore aux restes de la Nouvelle Vague qui avait ce don si particulier de rendre les dialogues des acteurs presque surréalistes à force d’être débités sur un ton monocorde. Passé cet écueil on peut s’intéresser à l’histoire de ce couple qui va se désagréger à vouloir sortir coûte que coûte des sentiers battus. Il faut aussi préciser que Chabrol s’est amusé à mettre en scène son scénariste habituel ,Paul Gégauff et sa femme ainsi que leur fille pour une sorte de psychodrame en grandeur nature. Fort de sa suprématie intellectuelle supposée Paul impose à sa femme l’amour libre au sein de leur couple. A ce jeu ce n’est pas souvent l’homme qui gagne surtout quand il est plus âgé. Progressivement le mâle dominant va tomber de son piedestal et ce n’est pas un remariage avec une toute jeune anglaise (jouée par la fille même de Gegauff ) qui va changer quelque chose au mal intérieur qui le ronge. Commençant à avoir un comportement anachronique il perd de son aura auprès du petit monde sur lequel il régnait en démiurge despotique. Seul avec une jeune femme qui commence à l’entretenir financièrement il fait subitement son âge. Bien sûr il veut revenir en arrière pour retrouver son lustre d’antan. Mais quand le jouet est cassé on peut rarement le remettre à neuf surtout dans le domaine de l’amour. Dans un accès de colère il finira par tuer sa femme préférant l’incarcération plutôt que l’humilitation permanente. Ironie du sort Paul Gégauff finira sa vie poignardé par son épouse.
L'origine de ce film méconnu de Chabrol est tout à fait singulière. La crise conjugale que jouent Paul Gégauff, par ailleurs scénariste récurrent du cinéaste, et sa femme Danièle est celle, a-t-on appris, que vit le couple à la ville. Chabrol, commis en réalisateur voyeur, filme l'usure du couple, le désamour, la rupture puis la tentative de reconquête par Paul, examen de conscience fait, de son épouse, On regarde le film sans pouvoir faire abstraction du principe de réalité qui se cache sous un scénario-prétexte. Il reste que l'entreprise est peu convaincante -le film tout du moins- et à certains égards déplaisante. En premier lieu parce que les acteurs, qui n'en sont pas, sont mauvais, Paul Gégauff en tête. Secondement, les dialogues sont du même niveau, maladroits et faux. Comme quoi la réalité ne détermine pas l'authenticité. Au centre de cette chronique conjugale courante, Gégauff semble prendre un malin plaisir à se déprécier, endossant le mauvais rôle et la responsabilité de l'échec de son couple, s'affublant d'un caractère détestable. Face à son épouse docile, il incarne une sorte de Pygmalion égocentrique, macho, pédant et même brutal. Se sent-il à ce point coupable pour se noircir ainsi? Toujours est-il que c'est tellement mal joué, mal écrit et démodé (cette bourgeoisie intello des années 70...) que l'histoire de Gégauff perd tout crédit et tout intérêt.
Mal joué et beaucoup d'incohérences. Des dialogues qui sonnent "lecture de texte". Un acteur principal qui ressemble à Klaus Kinski, dans la froideur, l'égocentrisme, la facilité à être détestable. Drôle de coïncidence (le film évoque ses problèmes de couple avec sa femme, actrice principale) cet acteur à été assassiné par sa maîtresse dans la vie réelle. Le film aurait pu s'intituler "Histoire d'un sale con", mais Chabrol en a choisi un plus racoleur. Pas de quoi être fier.