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Alexcherbourg
19 abonnés
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2,5
Publiée le 27 janvier 2011
Stromboli raconte l'apprentissage initiatique de l'humilité devant Dieu. Bien que le sujet soit plus ou moins clairement exposé dans le texte introductif, la présence de Dieu est avant tout symbolique: le volcan. Rossellini a évolué depuis Rome, Ville Ouverte et évite maintenant les lourdeurs didactiques, il recourt à des associations d'idées et des métaphores. Le sujet le nécessitait sans doute: son plaidoyer prosélyte est plus que contestable. Là où le film est particulièrement subtil, c'est que le personnage principal joué par Ingrid Bergman est antithétique par rapport au groupe de villageois. Elle est étrangère, bourgeoise, alors que les habitants de Stromboli ont un mode de vie humble et ancestral.Sa métamorphose morale apparaissant ainsi singulière et l'antipathie qu'inspire le personnage font croire que le réalisateur ne cherche pas à franchir nos boucliers intellectuels. Pourtant, malgré le libre choix que Rossellini prétend laisser au spectateur, certains intellectuels ont été, tels la protagoniste, métamorphosés par le film: Eric Rohmer a trouvé sa foi mystique en regardant Stromboli. Ce film n'est donc pas anodin et il faut le voir en connaissance de cause. Si on laisse de côté sa religiosité, ce film a tout du bon film raté. Avant tout, en raison de sa technique approximative: par exemple pendant l'éruption du Stromboli, le réalisateur réutilise plusieurs fois les mêmes images, la bande son tourne en boucle avec les mêmes cris d'enfants récurrents, la postsynchronisation utilise parfois deux timbres de voix différents pour le même acteur... Ingrid Bergman surjoue. De plus, la psychologie des personnages est très grossière, sans nuances donc. A peine arrivée sur l'île, pourtant de son plein gré et dans des circonstances plutôt heureuses, l'héroïne n'a de cesse que d'en repartir. Le film n'aurait été que plus poignant si elle avait lentement mûri son étouffement intellectuel. Au final, un film brouillon et prosélyte, mais probablement à l'époque un des plus sincères réalisés par Rossellini.
Je retiendrais de ce film la beauté, la concision néoréaliste avec laquelle tout est filmé. Ce fut mon premier Rossellini et le travail de l'image, de l'éclairage, des plans très raffinés. L'esthétique est presque parfaite. Néanmoins, en mettant à part l'exceptionnelle interprétation d'Ingrid Bergman, ce film est joué par des acteurs auxquels je n'ai même pas pu accrédité un semblant d'émoi. L'intrigue est originale mais elle s'éternise et le dénouement ext une caricature et totalement prévisible.
Il s'agit d'un film assez inégal de Rossellini. Il est évident que le tournage a été compliqué, surtout quand on considère l'éruption volcanique imprévue et les tentaives osées de Rossellini quand il s'agit des jeux de caméra. Mais cela est il suffisant pour conférer une quelconque valeur ? Je ne pense pas. En revanche, la splendeur des décors naturels et la beauté du noir et blanc vont améliorent mon opinion de ce film. Malgré cela, il est indéniable que Stromboli contient des défauts majeurs. Le peu de profondeur psychologique des personnages est consternant et, l'ironie de l'histoire, c'est que les comédiens endossant les rôles ont un jeu à peine crédible, ce qui me paraît être un comble pour un film néoréaliste. Le propos intellectuel, quant à lui, est tombé en désuétude tant cette apologie du christianisme et de la pêche sont lourdes et traitées avec un talent plus que contestable. Je finirais en accusant ce film de supercherie faussement intellectuelle car si le discours tenu sur le mariage paraît argumenté et lucide, Voyage en Italie en donne une théorie située à l'extrême opposée. Rossellini a ce don incroyable, mais irritant, de sembler plus intellectuel qu'il ne l'est.
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4,0
Publiée le 5 janvier 2014
Immense classique du nèo-rèalisme italien, le "Stromboli" de Roberto Rossellini marque les dèbuts en Italie de l'actrice suèdoise Ingrid Bergman en expatrièe (l’un de ses meilleurs rôles) dans une île volcanique d'une beautè sobre et inquiètante qui surgit de la mer avec ses pics abrupts et dèchiquetès! Comment ne pas se sentir attirè, fascinè par cette île surprenante qui èvoque sur le champ l'oeuvre de Rossellini! Ce dernier traite dans ce film de la rencontre de deux psychologies opposèes, mais qui vont trouver un terrain d'entente comme dans la Nature elle-même, comme c'est souvent le cas chez Rossellini! C'est encore avec la magnifique Ingrid Bergman, devenue sa femme entre-temps, que Rossellini tournera son "Viaggio in Italia", le chef d'oeuvre du cinèaste! Mais entre-temps, le spectateur devra braver et faire l'ascension du Stromboli (près de 700 mètres d'altitude au sommet de la Sciara del Fuoco, une pente impressionnante) dans un final que l'on peut considèrer d'inoubliable! Tout comme la fascinante pêche à l'espadon dont on en sort aussi terrassè que Bergman! Signalons enfin que la musique est de Renzo Rossellini, frère du metteur en scène, et un prènom qui mèrite d'être retenu, car Renzo ètait avant tout un crèateur...
Des longueurs à faire bailler des statues avec en plein milieu un quasi documentaire sur la pêche au gros dont on n'a que faire, une scène de cruauté gratuite (le lapin), une psychologie des personnages restée à l'état d'esquisse (avec le cliché du brave et irréprochable curé), des incohérences (la maison qui est intacte alors qu'elle a reçu des projections volcaniques) et pour parachever le tout une fin aussi stupide que malhonnête.
S'il est un film dont on peut dire qu'il est "un reportage sur son propre tournage", c'est bien "Stromboli", magnifique lettre d'amour de Rossellini à Bergman, sa maîtresse enceinte, qu'il filme comme on ne l'a jamais encore filmée. Hymne (sévère mais pas austère) à la vie et à la nature - dans laquelle on peut voir ou non, le visage de Dieu, mais il faut se méfier de cette analyse religieuse, réfutée plus tard par Rossellini lui-même -, "Stromboli" multiplie les paradoxes : son filmage brut, voire simpliste (Rossellini haïssant la "belle image" et travaillant surtout sur le rythme), n'empêche pas l'explosion d'un grand lyrisme émotionnel, en particulier dans les célèbres et remarquables dernières minutes ; le réalisme quasiment documentaire de certaines scènes (la pêche au thon, impressionnante, et l'éruption du volcan, sans aucun effets spéciaux, la nature ayant courtoisement servi Rossellini lors du tournage) contribue à construire la symbolique et l'abstraction du sujet (l'enfermement et la libération).
"Stromboli, terra di Dio" est la première des nombreuses collaborations entre Roberto Rossellini et Ingrid Bergman (ici dans le rôle de Karin). L'actrice suédoise y campe une réfugiée qui épousera un jeune italien et vivra sur l'île volcanique de Stromboli. Ces deux premières parties du film sont justement les plus fortes. L'entrée en matière met en évidence de façon remarquable le chaos qui régnait dans les camps de réfugiés et la rencontre amoureuse à la fois brève et concluante. Si le spectateur s'imagine alors un film romantique où le couple va pouvoir vivre heureux dans un cadre atypique, il se trompe. Au contraire, Rossellini filme l'île comme un décor horrifique, constamment dangereux et à la population hostile. La tension que font naître les rapports entre les autochtones et Karin ou encore entre cette même Karin et son mari est d'ailleurs éprouvante. L'implication du spectateur dans cette histoire d'amour qui s'écroule est totale du fait de l'incarnation des personnages, filmés avec un réel désir de la part du cinéaste. Il est cependant dommage que la dernière demi-heure s'attache plus à des scènes spectaculaires (par ailleurs très bien mises en scène) qu'à ses personnages. Du coup, le sort de l’héroïne n'est pas loin de laisser indifférent. Sans révéler le final, l'apparition d'une thématique biblique associée à la protagoniste n'est pas très convaincant et se révèle surtout approximative. Un film riche, souvent très fort mais qui finit par décevoir à cause de son indécision.
Premier des 6 films qu'Ingrid Bergman tournera sous la direction de Rosselini. Stromboli se penche sur l'ame humaine et ses affres. La dimension métaphysique de l'œuvre eurent raison de ce très beau film tournée intégralement sur l'île de Stromboli.
" Stomboli " est le tout premier long métrage que je visionne de Roberto Rossellini, et je dois avouer que j'ai été particulièrement captivé par le style de ce metteur en scène. Cette histoire qui est très ancrée dans la religion, raconte la vie d'une jeune Lituanienne qui épouse un pêcheur pour échapper à un camp de réfugiès, et va vivre avec lui sur l'ile volcanique de Stromboli, qui deviendra au fur et à mesure du récit, un véritable enfer pour elle. Dans le rôle principal, nous retrouvons une Ingrid Bergman impériale et qui nous offre une interprétation comme elle seule avait le secret. L'actrice, qui est au centre du film, se trouve être extrêmement émouvante, pleine de justesse et elle est filmée de main de maître - et certainement avec beaucoup d'amour - par un Rossellini qui l'épousera peu de temps après. Autres atouts de ce film d'exception , il s'agit d'une part de la photographie en noir et blanc de Otello Martelli - qui nous offre des images de toutes beautées de l'île de Stromboli où le film à été tourné - et d'autre part de la partition musicale de Renzo Rossellini très religieuse et qui apporte beaucoup de finesse sur les scènes clés de l'oeuvre. Il s'agit donc, pour moi, d'un véritable chef-d'oeuvre dans son style et qui me donne énormément envie de découvrir d'autres films de ce metteur en scène.
"Stromboli, terra di Dio" marquait en 1949 la première collaboration entre Roberto Rossellini et sa muse Ingrid Bergman. Conservant la marque assumée du néo-réalisme, cette oeuvre puissante est pourtant moins un portrait politico-social qu'une formidable étude de caractère, tout particulièrement celui de la protagoniste principale. Le film entier repose sur l'analyse de son comportement, tant l'intrigue est minime comme laissée de côté et que les personnages secondaires ne sont que des pivots répondants à l'âme perdue et désespérée tant exposée. Ambitieux et risqué mais amplement réussi. Le cinéaste va au contact des êtres et les observe : il ne leur laisse que très peu souvent la parole et ne cherche pas à s'embarquer dans de vastes dialogues inutiles. Pour lui, tout passe par l'image, les démarches, visages meurtris et expressions interprétables à de multiples niveaux. Style complexe et passionnant, rempli comme d'habitude de fines et intelligentes métaphores provoquant par la suite le ressenti du spectateur, puissant et inhabituel. Le huis-clos se fait sentir, l'enfermement est aussi bien physique que moral et l'on ressort bouleversé de quelques magnifiques séquences très inspirées. L'aspect documentaire sert la fiction, argumente le propos, le renchérit et s'inscrit parfaitement dans une logique de continuité visuelle tant sur le plan des cadrages que du montage. Vive, sèche, précise, sans détours, frappante et saisissante, voici comment se définit par de simples mots la mise en scène très recherchée du cinéaste, prenant du recul sur son sujet, privilégiant une forme au service du fond que l'on est pas prêt d'oublier, nous gratifiant de prises de vues aussi surprenantes que stupéfiantes. Bergman est magnifique, transporte son personnage vers les plus hauts cieux du septième art comme les profondeurs abyssales de la dépression. Ce film sublime n'a contre lui qu'un rythme parfois pas aussi tendu qu'on l'aurait espéré.
Ingrid Bergman est incontestablement une belle femme et sans doute une bonne actrice, ce qui n'excuse pas le fait -inexplicable- de s'être perdue dans l'un des innombrables navets de Monsieur Rossellini : elle aurait dû être plus prudente ! mais peut-être l'avait-on mal renseignée, peut-être avait-elle un besoin pressant d'argent et puis... une actrice, faut que ça mange. Ou bien est-ce pour faire "bien" sur le curriculum : "j'ai tourné un navet intello en Italie... je suis internationale" !
Donc, c'est des andouilles de petzouilles à Stromboli, l'île au volcan, un trou perdu de la méditerranée. Suuuper. Quel rôle idiot, quelle lenteur, quelle purge et quel néant. A oublier bien vite et à jeter dans le volcan avec les cendres et tout le reste.
Un film réalisé avec brio où Ingrid Bergman brille pour son interprétation bouleversante. Rossellini nous emmène au cœur d'une île prison où Ingrid Bergman se retrouve piégée après un mariage hâtif. Les décors sont somptueux et le cinéaste se sert de ces paysages désertiques et exigus avec beaucoup de finesse. On est engoncé, mal à l'aise, tout comme l'héroïne au contact de ce lieu inhospitalier et de ses habitants pas plus accueillants. Le tout est donc réussi, même si le scénario reste assez linéaire. Le dénouement est assez déroutant et le film, au-delà de sa mise en scène superbe vaut surtout pour Bergman, absolument géniale de force et de fragilité.
La minuscule (mais imposante) île de Stromboli est le personnage principal de ce film « carcéral ». Une jeune femme (très antipathique – dommage, cela empêche de s'identifier corps et âme à elle) décide d'épouser un inconnu pour échapper à la prison, et se retrouve finalement dans une prison bien plus éprouvante : sur une île peuplée d'habitants hostiles et arriérés. C'est une véritable vision de l'Enfer que nous offre Roberto Rossellini, magnifiée par la présence du volcan, menaçant. Les petites sociétés conservatrices sont rarement montrées avec autant d'acuité.
Le courant néo-réaliste italien me plait beaucoup pour son côté épuré de tout artifice pour exposer une réalité d’après-guerre pas forcément glorieuse mais non dénuée d’humanité. J’avais beaucoup aimé Rome Ville Ouverte du même cinéaste, Stromboli prend le même chemin même si l’œuvre se révèle plus personnelle et intimiste que le film cité précédemment qui exposait plutôt une vision globale et était plus proche de la structure d’un film choral. Ici Ingrid Bergman campe une réfugiée de guerre lituanienne qui tombe amoureuse d’un italien natif de l’île de Stromboli et qui se mariera avec lui pour vivre sur son île natale. Rosselini signe un drame fort, l’histoire d’une femme libre qui se retrouvera prisonnière de l’île mais aussi des préjugés et de la ringardise de ses habitants qui refusent toute once de progrès et d’évolution des mœurs. Le film est très bien mis en scène et fait une part belle aux décors naturels de l’île qui se révèlent beau et très photogéniques. La grâce de Ingrid Bergman est sublimée par la réalisation de l’homme amoureux de l’actrice derrière la caméra, dans Vivre sa Vie, Godard avait réussi à faire la même chose avec Anna Karina. Bergman avait vraiment un charme fou, typique des contrées nordiques d’où elle est native. Sa beauté, son regard mélancolique, sa posture en font une des plus belles actrices de cinéma. Mais le film ne se limite pas qu’à son actrice principale. Outre le côté dramatique du film que j’ai évoqué avant, Stromboli évoque également le côté sombre de l’être humain et sa capacité inévitable à s’autodétruire et à se liguer dans cette destruction. La fin du film est magnifique également, un grand moment de cinéma. Je reprocherais peut-être au film son côté légèrement théâtral mais je garde un avis très positif du film qui m’a beaucoup plu, vraiment bien.
Dans ce chef-d'œuvre absolu du néoréalisme italien, Roberto Rossellini nous fait suivre Ingrid Bergman, éblouissante de beauté dans le rôle d'une Lituanienne issue d'une famille aisée, ayant tout perdu pendant la Seconde Guerre Mondiale. Bloquée dans un camp pour réfugiés en Italie, elle voit dans la proposition de mariage d'une jeune homme qu'elle connaît à peine le seul moyen d'échapper à son triste destin. Contrainte de le suivre sur son île sicilienne de Stromboli, elle comprendra qu'elle a troqué une prison contre une autre. L'île, quasi-désertique, vit au rythme des éruptions de son imposant volcan qui le domine. Ses habitants sont d'une très grande dureté et l'accueil est glacial. Le réalisateur italien filme ici magnifiquement la vie quotidienne du village et de ses habitants – les scènes de pêche au thon, comme les séquences où le volcan se réveille, sont absolument impressionnantes. Et l'environnement immédiat du village, à la fois majestueux et effrayant, est magnifiquement reconstitué. Surtout, le cinéaste raconte avec force la solitude d'une femme condamnée à la stagnation, qui n'a aucun échappatoire à son propre malheur. La musique est superbe, la mise en scène magistrale. Dans la vraie vie, Rossellini épousera Bergman à l'issue du tournage. Rarement fiction et réalité ne s'influencèrent de manière aussi directe. Merveilleux.