Un bon film c’est comme un bon vin, ça vieillit bien, mais des fois ça peut laisser un goût bizarre dans la bouche. Dans ce cas, on dit que le vin est bouchonné, je crois. Et bien ce film d’époque, commence par un dérapage qui aurait du mal à passer aujourd’hui. Le discours de Maurice Chevalier en pervers, entouré de petites filles qui ressemblent à des proies, c’est limite. Pour un peu, je croyais qu’on avait affaire à un biopic sur Francis le Belge, le serial killer. Heureusement la comédie reprend le dessus, entre musical et conte de fées moderne, le tout sans baguettes magiques, mais avec hauts de forme et redingote, c’est assez marrant. La mise en scène est virtuose et pro. On est dans un Paris d’opérette très bien filmé, comme une sorte de musée de la belle époque, et cela reprend un nouvel éclat avec la HD, (vive le bluray quand même !). Certains disent regretter la fraîcheur du roman de Colette. Normal, Minnelli est américain, pour lui, seul le show, compte, la fraîcheur il connaît pas ce que c’est, ça c’est encore un truc des frenchy,ça. Les couleurs sont éclatantes, les plans millimétrés, intérieurs bourgeois, les tours de chant réglés. On sent que tout le monde est mené à la baguette, mais vu l’ampleur des moyens mis en œuvre, c’est obligé. On en a pour son argent, le savoir-faire hollywoodien dans toute sa splendeur, encore une fois. Gigi est loin d’être la gourde attendue, Leslie Caron que je découvre, est délicieuse de candeur et de fausse naïveté. C’est agréable à regarder, et d’une confondante maîtrise. A voir en anglais si possible, et l’accent à couper à la scie égoïne de Maurice Chevalier, n’y faîtes pas attention, on sent bien qu’il le fait exprès.