J’ai enfin découvert dans son intégralité "Madagascar", dont je n’avais vu que quelques bribes ici et là. Je dois reconnaître que l’affiche ne m’avait guère attiré, car elle présente des personnages aux contours anguleux, me faisant horriblement douter sur la qualité graphique de l’œuvre. Ayant décidé de rester moins bête, je me suis donc lancé dans le visionnage d’une œuvre qui a été suivie de deux autres séquelles plus les dérivés. Le constat est sans appel : les studios Dreamworks nous proposent quelque chose de totalement délirant. Délirant par l’originalité du scénario, délirant de par son côté fun, délirant par son aspect fou-fou, délirant par son rythme, délirant par sa drôlerie. A mon grand étonnement, nous voilà projetés dans le zoo de New York, peuplé d’animaux qui n’ont pas besoin de dresseurs pour faire le spectacle. Ainsi nous sommes confrontés à l’association de bêtes très différentes les unes des autres, pas très éloignées des personnages des cartoons d’antan. Nous sommes donc en présence d’animaux sauvages en captivité, dont certains rêvent de liberté et de grands espaces. Est-ce là un message destiné à promouvoir la beauté et le respect de la nature ? Même la responsable du zoo semble se résoudre à cette idéologie, ce qui me parait impensable, du moins dans la forme présentée. Cela dit, il paraît impossible de répondre à cette question, car une fois dehors, nos personnages ne pensent qu’à rentrer. Donc à y regarder de plus près, on se rend compte que le scénario n’a pas de… scénario. J’ai seulement l’impression que les scénaristes se sont laissés porter par leur imagination. Nous avons donc une œuvre tournée uniquement vers le divertissement. Et c’est ce que c’est, aux prix d’aventures plus dingues les unes que les autres, de contradictions qui pourraient être prises pour des incohérences. Aussi on pardonnera les clins d’œil faits à des références cinématographiques, comme "Seul au monde", ou encore "Les chariots de feu", reprenant des thèmes musicaux déjà célèbres. Etait-ce pour cacher un manque d’inspiration du compositeur ? Hans Zimmer et John Barry nous ont habitués à bien mieux, en tout cas à bien plus créatif. Ceci dit, en reprenant "I like to move it, move it", alors chanté par Real 2 Real, on nous amène la scène la plus spectaculaire. La qualité d’animation est bonne et, selon la chef-décoratrice, le choix des contours anguleux prêtés aux animaux principaux est motivé par le fait qu’ils se complètent par leur forme géographique en s’imbriquant comme les pièces d’un puzzle : le lion en triangle, l’hippopotame en cercle, la girafe en long trait, et le zèbre en cylindre… Mouais… Si elle le dit… je veux bien la croire… Les artistes et leurs lubies, hein… A donner une signification aux contours anguleux, je dirai que c’est davantage pour les ranger efficacement dans les cases du zoo, et/ou que la vraie nature de ces animaux est cassée par leur vie en captivité. Bon enfin là n’est pas le débat. "Madagascar" offre un bon divertissement qui ne demande pas à réfléchir. Si vous parvenez à poser votre cerveau et à le laisser de côté durant 85 minutes, alors le scénario regorgeant de scènes ridicules
(comme celle où le lion se rend compte qu’il est un lion et qu’il mange accessoirement des zèbres, pour ensuite dire à son compagnon d’échappée de ne pas l’approcher parce qu’il est un monstre)
vous feront sourire malgré vous, voire carrément rire. Quand on dit que le ridicule ne tue pas…