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Plume231
3 859 abonnés
4 639 critiques
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4,0
Publiée le 28 février 2011
Celui qui a dit que la vérité sortait de la bouche des enfants mérite une grosse taloche. En tous les cas, j'aurais eu énormément de plaisir à envoyer la gamine responsable du mensonge de ce film à "Massacre à la tronçonneuse". Mais pour en venir vraiment au film en lui-même, le résultat est très bon voir même excellent. L'homosexualité féminine y est abordée de manière pudique (trop selon certains!) mais celle-ci sert surtout de prétexte à une dénonciation en règle du puritanisme et des conséquences catastrophiques que peut avoir une rumeur. A ce titre, le scénario est un modèle d'efficacité avec des rebondissements placés très judicieusement de sorte à ce que la tension ne se relâche jamais. Efficacité qui "contamine" aussi la réalisation de William Wyler servie admirablement par un montage et un choix de cadres intelligents ainsi que par la beauté des décors et celle de la photographie. Par un jeu particulièrement intense, Fay Bainter se distingue nettement dans les seconds rôles. L'alchimie entre la belle Shirley MacLaine et la divine Audrey Hepburn est étonnante et fonctionne à la perfection. La dernière scène où on voit les "bien-pensants" face à leur médiocrité commune est très forte et achève magistralement cette oeuvre très réussie.
Martha Dobie est jugée coupable par la cour et persécutée par sa communauté pour des actes qu’elle n’a pas commis mais dont les sentiments qui auraient pu la pousser à les commettre font battre son cœur. Cette insupportable contradiction en son âme et conscience l’incitera à s’enlever la vie. Martha et Karen sont deux amies d’enfance qui ont érigé de peine et de misère une école exemplaire pour jeunes filles où l’art, le jeu et les bonnes valeurs se côtoient. Au moment où elles sont sur le point d’atteindre leur vitesse de croisière, une enfant mal intentionnée laisse couler la rumeur que les deux professeures entretenaient une relation contre nature. Sa grand-mère tout aussi mesquine, alerte toutes les familles qui s’empressent de retirer leur fille de l’école. Un projet noble, des vies détruites par des commérages de village et la rectitude morale. L’énergie bouillonnante de Shirley MacClaine sert bien la spontanéité et l’impatience de Martha vis-à-vis la présence du fiancé de Karen et celle de sa tante aux caprices d’actrice déchue. Même chose pour Audrey Hepburn dont les côtés class et sans pli fitent comme un gant au personnage de Karen. Tout au long du film le spectateur scrute son œil à l’affût d’un indice d’amour secret pour Martha. Après l’épopée Ben-Hur, William Wyler prend une pause en s’attaquant à un drame psychologique. Il le fait avec doigté mais sans audace. L’image est franche et le tragique de l’histoire est dans l'ensemble bien rendu même si le jupon aurait mérité de dépasser un peu plus.
Naïf et bon enfant, le film de William Wyler a très mal vieilli. Exagérant les vices et les vertus des protagonistes du drame, depuis la cruauté, la colère jusqu'à la bonté et l'affabilité, il ne peut être convaincant. Le grand spécialiste des thrillers d'unité d'action (généralement une grande maison) déçoit amèrement, d'autant plus qu'il dirige pour la deuxième fois l'une des actrices les plus gracieuses qui soient, Audrey Hepburn.
On a reproché à Wyler avec ce film de ne pas aller assez loin, alors que les mœurs commençaient à se libérer. Hors la censure sévissait encore à l’époque, on avait même interdit au réalisateur l’utilisation du mot « Lesbienne ». Même si l’homosexualité est mieux tolérée de nos jours, sauf chez certains excités du goupillon, la partie du film qui traite de la rumeur et des dommages humains qu’elle provoque n’a rien perdu de sa force dramatique à l’ère de twitter. L’interprétation habitée des deux comédiennes y est aussi pour beaucoup, jouant à merveille sur l’ambiguïté de leur relation, la scène des révélations de Shirley Maclaine reste très émouvante, et de nombreux jeunes ayant du mal à passé le cap du coming out peuvent encore s’y reconnaître. Wyler maîtrise plutôt bien cette mise en scène en quasi huis clos, il fera encore mieux dans le genre avec « The collector » quelques année plus tard.
« La Rumeur » montre a quel point les rumeurs et les ragots peuvent détruire la vie de certaines personnes, surtout que généralement les rumeurs sont déformées et infondées. Mais « La Rumeur » montre a quel point le climat social concernant l’homosexualité est mauvais. Il ne faut pas se voiler la face, il n’est déjà pas terrible en 2009 car encore tabou alors en 1961, c’est plus qu’« unnatural ». Le sujet est donc plutôt osé pour l’époque rappelons que 68 et la « révolution sexuelle » arrive 7 ans plus tard. William Wyler n’est pas débordé par le sujet et même si les sentiments réciproques des personnages sont suggérés, c’est un superbe film sur l’acceptation de soi servit par deux superbes actrices dont la très convaincante Hepburn. Comme quoi « La vérité ne sort pas toujours de la bouche des enfants ».
Remakant son propre film de 1936,"Ils étaient trois",William Wyler se réappropriait en 1961 cette histoire sulfureuse de 2 institutrices de couvent,suspectées d'être lesbiennes."La Rumeur" tourne au psychodrame en studio,avec une chipie à la moue boudeuse,mettant le feu aux poudres.Le problème,si l'on peut dire,c'est que Wyler ne qu'effleurer son sujet,par peur de la censure et du puritanisme américain,par peur de mal exprimer son opinion.Du coup,le sujet se dégonfle,car tabou au sein même du film,et donc plutôt hypocrite.Mais par reflet,c'est aussi la preuve de la frilosité de l'idéologie judéo-chrétienne qui voyait l'homosexualité comme le pêché ultime,indigne de n'être qu'évoqué.En revanche,Wyler parvient à instaurer une insidieuse tension,par le travail sur la profondeur de champ et sur les cadrages,et ce malgré un conservatisme qui manque d'endormir.Evidemment,le couple star formé d'une très émouvante Audrey Hepburn et d'une très intense Shirley MacLaine surmonte toutes les difficultés,pour se révéler autant crédible que digne.Leurs sentiments confus sont assez subtilement présentés,mais encore une fois il manque l'essentiel.
Remarqué pour son sujet sulfureux (l'homosexualité féminine), cet auto-remake du prolifique William Wyler propose une démonstration molle et superficielle mais qu'on imagine bridée pour la code de censure de l'époque. Il faut dire que la mise en scène n'apporte pas vraiment plus de mordant à l'ensemble. Seule originalité, le portrait particulièrement sinistre de nos chères "têtes blondes", qui semblent toujours capables du pire.
La Rumeur c'est un film osé pour l'époque et certains pourront trouver trop sage de nos jours mais pour ma part c'est un très beau drame avec d'excellents acteurs dont bien sur le charmant duo Hepburn/McLaine. Ce film traite avec pudeur mais élégance des amours saphiques, un scénario puissant et intelligent pas de racolages stupides dans La Rumeur avec une fin cruelle mais plus ou moins attendue. Sincèrement je ne pensais pas que La Rumeur me plairait autant, je l'ai regardé avec curiosité pour voir comment l'Hollywood des années 60 allait traiter d'un tel sujet et j'ai eu le plaisir de visionner peut-être pas un grand film mais néanmoins du cinéma intelligent et passionnant. On a vraiment de la peine pour ses 2 jeunes femmes et bien que je sois contre la maltraitance envers les enfants j'aurais (comme beaucoup d'entre vous j'en suis sur) donné une taloche à lui arracher la tête à la sale morveuse à l'origine de cette rumeur.
Captivant, et d'une intensité dramatique bouleversant...un grand film sur la tolérance, magistralement interprété par Audrey Hepburn et Shirley Mc Laine !
LA RUPTURE. Et oui en 1962 la sexualité c'est tabou. Tout en messe basse, certaines scènes ont même du être coupé et le tout reste ennuyant, prude et théâtral.
Réalisateur multi-oscarisé (trois statuettes de meilleur réalisateur pour 12 nominations), William Wyler a vu dès l'arrêt de son activité en 1970, son aura diminuer. A la tête de grosses productions de la fin des années 1930 à l'avènement de Ben-Hur en 1959, symbole du péplum rutilant, il sera considéré en France par les jeunes turcs de la Nouvelle Vague comme un réalisateur sans âme tout juste bon à mettre ses qualités techniques au service des différents studios auxquels il louait chèrement ses services. Dans la continuité de ce jugement peu amène ont été emportés des films aussi personnels que "Rue sans issue" (1938), "La maison des otages" (1955), "La rumeur" (1961) ou L'obsédé" (1965). Seul "Vacances romaines" (1953) sans doute parce qu'il a été tourné dans la patrie de Rossellini et de Fellini aura été préservé. Quant aux grosses productions en question, nombre d'entre elles sont encore très visibles de nos jours ce qui n'est pas si fréquent. Un film comme "Les grands espaces" (1958), western crépusculaire très moderne dans l'approche psychologique des personnages notamment féminins, peut être considéré comme de très haute tenue. Enfin, les films que Wyler tourna avec Bette Davis (trois au total) tiennent eux aussi encore parfaitement malgré leur contexte assez chargé. On peut donc estimer que c'est un faux procès que l'on a fait à William Wyler comme plus étant le plus fier représentant d'un système des studios qu'il était un temps de bon ton de vilipender pour affirmer sa singularité et se faire une place au sein du petit monde de la critique. La preuve de la vocation artistique de Wyler fut de le voir s'atteler à "La rumeur" pour revenir sur l'adaptation ("Ils étaient trois") qu'il avait déjà faite de la pièce de Lillian Hellman ("The children's hour") en 1936 et dont il avait du édulcorer le propos pour contourner le code Hays alors en vigueur. Tiré d'un fait divers datant du XIXème siècle, la pièce traitait ouvertement de l'homosexualité féminine. John Michael Hayes qui a déjà adapté deux œuvres de Lillian Hellman pour Hitchcock ("Mais qui a tué Harry ?" et "Fenêtre sur cour") écrit le nouveau scénario qui s'il n'élude pas la question homosexuelle ne lui fait pas prendre le dessus sur les ravages causés par le phénomène de la rumeur. Ce parti pris qui a pu être vu comme une frilosité de la part de Wyler se comprend mieux aujourd'hui alors que l'orientation sexuelle des individus n'est plus synonyme de rejet dans les sociétés occidentales. Par contre la rumeur commet toujours autant de dégâts et elle a même pris une toute autre ampleur avec l'arrivée des réseaux sociaux. Le film vu à travers ce nouveau prisme revêt une tout autre acuité si l'on s'en réfère à son titre original "The children's hour" qui indique clairement la préoccupation d'Helmann comme de Wyler. La parole des enfants qui doit être bien sûr entendue ne doit pas pour autant être sacralisée selon le bon vieil adage qui prétend que "la vérité sort toujours de la bouche des enfants". Dans la petite bourgade huppée où Karen (Audrey Hepburn) et Martha (Shirley MacLaine) ont ouvert un pensionnat privé pour jeunes filles, c'est tout simplement une petite peste admirablement interprétée par la jeune Karen Balkin qui va ruiner leur carrière et leur vie. De façon sans doute un peu manichéenne mais néanmoins très réaliste, Wyler montre comment une conjonction de faits anodins peut mener au désastre quand elle sert de support au conformisme borné et à l'intolérance. Plutôt que de l'homosexualité, le film nous parle de manière plus générale du refus de la différence qui minent nos sociétés dites civilisées qui s'imaginent avoir besoin de l'uniformité pour survivre ou avancer. Filmé comme un suspense aux rebondissements judicieusement placés pour faire oublier le quasi huis clos de l'action, "La rumeur" doit beaucoup à ses acteurs, du couple vedette à James Garner en passant par Miriam Hopkins ou Fay Bainter. Mais la grande hardiesse de Wyler est sans aucun doute d'avoir réuni deux actrices ayant jusqu'alors évolué dans des comédies légères qui révèlent ici toute l'étendue de leur immense talent. Vieux de près de cinquante ans, le film de Wyler nous rappelle que quelque soit les époques, l'homme n'aime rien tant que dévorer ses semblables.
Démonstratif et empesé disent certains critiques, certes c'est difficile de ne pas le reconnaitre et alors ? Quel formidable suspense et quelle leçon de vie pour celles et ceux qui voient dans le cinéma la meilleure façon de comprendre les rapports humains. Quel scénario intelligent, trop même car il se disperse sur de nombreuses pistes psychologiques ! Tout peut se révéler vrai mais pas tout en même temps. Quel bonheur de voir évoluer tous ces acteurs avec des enfants particulièrement bien dirigés même si Mary Tilford et sa grand-mère en font trop, cela fait partie intégrante du spectacle, je ne changerai rien de leur jeu. C'est un film difficile car les interprétations sont différentes d'un spectateur à l'autre. Pour ma part, je trouve Karen monstrueuse : égoïste, manquant de clairvoyance, stupide parfois envers son fiancé qui représente une sorte de perfection masculine (''La rumeur'' est terriblement misogyne) et au final masochiste avec son regard soulagé tourné vers l'avenir. Ce n'est pas la seule fois au cinéma que l'on montre le coté diabolique de l'enfance, mais ici c'est particulièrement traumatisant, Karen en plus n'étant pas sortie de la sienne. Coté acteur, c'est un plaisir de retrouver Myriam Hopkins la vedette de Lubitsch même dans un rôle à la Gloria Swanson de ''Sunset Boulevard'' et de comparer le talent de MacLaine à celui de Hepburn, actrice pourtant plus reconnue. Wyler possède une grande personnalité, il en marque tous ses films qui forment une œuvre d'auteur.
Un film absolument remarquable, qui met un peu de temps à démarrer, mais qui devient rapidement implacable et particulièrement prenant. Prenant place dans une école pour fille, le film s’articule autour d’une rumeur qui se propage, et qui va mettre à rude épreuve les protagonistes principaux. Bien filmé, superbement interprété, il aborde deux thèmes principaux (la « rumeur » et la « différence ») avec un tel brio que son traitement possède une résonnance universelle et indéniablement moderne. A découvrir sans hésitation !