Ok, ce film a été réalisé avec un budget moyen, mais sincèrement, c’est pas une excuse ! Cette adaptation de Burrough signée de l’artisan de films d’aventure Kevin Connor est décevante. Du côté des bons points, je note des acteurs concernés. Peter Cushing, quoique d’une maigreur inquiétante dans ce film, est plein d’entrain, il y croit visiblement et s’amuse comme un petit fou que ce soit avec des tablettes obscures ou un arc. A ses côtés, Doug McClure assure la partie muscle du film, et il est loin d’être mauvais. Il a un certain charisme et lui aussi semble y croire. Autour de ce duo, des seconds rôles de qualité. Une Caroline Munro qui n’a pas grand-chose à faire autre que d’être jolie, et ma foi, elle remplit le contrat. Cy Grant est plutôt convaincant lui aussi dans un rôle d’appui. Finalement, les seuls qui déçoivent ce sont les antagonistes, mais j’y reviendrai !
Ce bon casting est accompagné dans les bons points de décors très convenables. Pas facile de reproduire un univers entier avec un budget limité, mais le métrage arrive à créer une ambiance à part à base d’éclairages étranges, de fausse lave, et de quelques (rares !) effets spéciaux qui marchent, notamment ceux concernant La Taupe. A noter une ambiance sonore assez étrange, plutôt éloignée du côté symphonique orchestral qui préside généralement à ce genre de production, ce qui participe de la création de cet univers singulier.
Maintenant, en mauvais point, il y a pratiquement tout le reste ! A commencer par des effets sur les créatures tout bonnement invraisemblables ! Plutôt que l’animation image par image, le film a fait le choix de cascadeurs dans des costumes, et le résultat est horrible ! D’autant plus que les costumes sont horriblement mal fait. On voit toutes les coutures pour ainsi dire et visiblement pas conscient du désastre, le réalisateur nous les montre en long en large et en travers. Le pire reste à mon avis les masques atroces des Sagoth, hyper visibles sur les multiples gros plans que Connor nous assène ! C’est une cata de A à Z.
Là-dessus il faut ajouter un bruiteur complètement fou qui nous casse littéralement les oreilles tout du long avec des cris, des hurlements, c’est insupportable. Je ne comprends pas, mais le film est assourdissant sans raison.
Si l’on arrive à supporter ça, il faudra aussi supporter une histoire longue, mais longue ! Pleine de raccourcis (visiblement tout le monde parle anglais à l’aise dans ce bled ; McClure connait parfaitement le fonctionnement tribale local ; Cushing écrit le Mahar en 30 mn !), elle est ennuyeuse, en grande partie car elle n’a aucune épaisseur (les protagonistes sont réduits à leur rôle minimum syndical), aucune émotion (le final s’y prêtait, il est réduit à néant), peu d’humour (hormis Cushing qui en amène un peu), une violence hyper légère et vintage au possible, le film sonne creux. Il sonne creux et Connor fait s’éterniser certaines scènes. Visiblement très fier de ses monstres, notamment de ses méchants, les scènes qui les font apparaître durent vraiment beaucoup trop longtemps. Une scène d’action qui dure limite 10 mn avec son poulet géant qui file à deux à l’heure, comment supporter ça ?!
Malheureusement ce film est un authentique ratage. Malgré ses acteurs investis, ses décors kitsch exotiques et amusants, sa bande son originale, cette adaptation de Burroughs est authentiquement décevante. Je mettrai 1.5, mais c’est vraiment car Cushing sauve la dernière partie avec sa décontraction et son flegme britannique.