Avis sur Les Murmures du vent

Quand on vous présente un film irakien, premier film d'un jeune réalisateur dont c'est le premier film, et qui traite du problème kurde, ce peuple sans pays partagé entre Irak, Iran et Turquie, vous n'espérez qu'une chose : vous régaler et soutenir ce film. En plus, vous savez que ce film, présenté à Cannes 2009 à la Semaine de la Critique, est court (1 heure 17 mn), ce qui, pendant ces 12 jours de cinéma, était une exception notable. Problème vite rencontré : vous vous apercevez rapidement que le réalisateur marche sur les traces de Abbas Kariostami, ce qui, pour beaucoup, serait un compliment, mais représente pour vous un défaut quasiment rédhibitoire ! Certes, vous êtes conscient des difficultés qu'a dû rencontrer le réalisateur pour faire aboutir son projet, vous essayez de vous concentrer sur les beaux paysages qui vous sont proposés mais le temps vous parait bien long et ce film court vous parait durer bien longtemps. Dommage !

La science nous ment : la lumière ne voyage pas à des centaines de milliers de Km/h. Ce ne sont pas des photons, mais de la poussière mordorée chargée d'histoires, de vies, de voix, qui voyagent et se déposent au gré des vents, tamisées, captées avec patience, qui se transfusent en sensation. Les ondes des télécommunications ne sont pas immédiates, stériles, dociles, domestiquées, évidentes, rectilignes, allant d'un point A à un point B, ni les messageries instantanées. Il existe encore d'autres circuits, secrets, vivants, inaccessibles, échappant aux dévots du Grand Buzz cybernétique propagateur de Néant. Voyez le temps qu'il a fallu à ces visages burinés, ces montagnes, ces chants déchirants, pour parvenir jusqu'à nous. Mam Baldar n'a pas failli à sa mission ; il en a arpenté des périls, des chemins poussiéreux, cabossés, pierreux, des zones interdites, dangereuses, difficiles, pour nous porter son message, sans rien en perdre en route, et ce sont des êtres, des vies, des morts, des naissances, des joies, des cris, des prières qu'il transporte avec obstination, abnégation et émotion. Contemplatif et puissant. Déconseillé à qui ne goûte pas l'allégorie, la patience, le temps, le vent, l'orage... Travail sur le son remarquable.

Le panneau initial nous explique que ce film traite de l’Anfal, ce génocide kurde ordonné par Saddam Hussein au cours de trois opérations en 1986, 1988 et 1989 au cours duquel 182 000 Kurdes auraient trouvé la mort. On à tous en mémoire le bombardement aux gaz chimiques de la ville d'Halabja en 1988. Shahram Alidi ajoute que de nombreuses femmes auraient été emprisonnées dans des camps où envoyées dans des bordels à l’étranger. Ceci dit, le film dépasse largement le cadre du problème kurde. C’est une fable sur la destinée humaine tout entière. Il ne faut pas s’attendre à un scénario à l’américaine haletant et sophistiqué. C’est plutôt un poème total, fait de mots, d’images et de situations. Et malgré toute la brutalité du destin kurde, c’est un hymne à la beauté qui vole très haut. Énorme coup de cœur.

Un film d'une belle sensibilité dont les messages sont le plus souvent suggerés. Nous suivons le personnage principal dans sa quête qui nous plongera dans les souffrances et tourments que vivent les Kurdes. Un film inhabituel passionnant du début à la fin, de ce démarrage à la prise de vu
e étrange jusqu'à ce cri final...

Un très beau film, de très belles images de cinéma pas que de paysages - un conte antique, beau, simple, émouvant. Parfois difficile mais qui apporte à chaque séquence quelque chose. Ne joue que dans trois salles à paris. les remplir svp.