L’humanité a traversé de nombreux âges, celui de la pierre, du bronze et du fer, avant d’atteindre il y a un siècle l’âge de la stupidité, à savoir l’industrialisation, entraînant la Terre dans une ère de pollution qui la ronge jour après jour. The Age of Stupid, docu-fiction tristement réaliste, et se basant sur des faits réels, est l’énième tentative voulant tirer la sonnette d’alarme, et malgré une sortie mondiale à grande échelle (63 pays, ce qui lui vaut d’être dans le Guinness Book), aura été boudé du public. D’ailleurs pour montrer à quel point il est dur de financer un projet de ce genre, il aura fallu plus de 3 ans à la réalisatrice, Franny Armstrong, pour réunir les 500.000 euros nécessaires à sa production, ce qui laisse perplexe quand on sait qu’il ne faut que quelques mois à Michael Bay pour réunir 250 millions de dollars pour ses Transformers.
L’histoire prend place en 2055, sur une Terre dévastée par une troisième guerre mondiale, et imaginé en suivant les prévisions scientifiques actuelles. Toute les données historiques de l’évolution humaine sont stockées sur une ruche de serveurs informatiques, et un documentaliste décidera de les étudier afin de comprendre comment l’humanité a pu détruire la planète et laisser ce lieu inhabitable à ses descendants.
Suivant des vies différentes, des enfants Irakiens au retraité ayant été victime de Katrina en passant par un couple Britannique écolo, le film nous offre un large panel pour illustrer son exposé. On se rend donc compte de la pollution à une échelle relativement vaste, nous montrant des Alpes sans neige en hiver, une Nigérienne obligée de passer les poissons mazoutés — par Shell — à la lessive avant de les vendre, un conseil municipal Anglais refusant la mise en place d’éoliennes, ne voulant pas gâcher son paysage.
Le film marie habillement réalité et fiction afin de mieux nous faire prendre conscience de l’impact de nos actions d’aujourd’hui, qui attendront le point de non-retour en 2015, car si la courbe de pollution ne prend pas le sens inverse nous mènera à ce que le film nous prédit.
S’adressant à un public assez large, le réalisateur évite tout ce qui pourrait être rébarbatif, nous épargnant les ennuyeux étalages de chiffres entrelacés d’explications incompréhensibles, souvent abstraits et soporifiques, se concentrant d’avantage sur l’être humain et le concret.
Point original, pour étayer son argumentation et expliquer certains faits, l’oeuvre s’illustre de micro dessins-animés particulièrement cyniques et efficaces, et renforçant son côté ouvert à tous types de publics.
Ce cynisme se répétera dans un épilogue particulièrement émouvant et nous amènera à réfléchir sur notre propre utilité.
Pour conclure un excellent film, porté par Pete Postlethwaite (nominé aux Oscars), nous livrant comme à l’accoutumée une interprétation à la hauteur de sa réputation, et illustré par des tranches de vies pour la plupart touchantes, certaines allant même jusqu’à nous faire verser une larme.
Mention spéciale pour Franny Armstrong qui nous sert un docu-fiction nous mettant en face de la réalité et nous ouvrant bien plus les yeux que ne le faisait le cul-cul Home.
(à noter que le film est disponible en téléchargement légal entre 2 et 6 euros, c’est vous qui choisissez le prix en fonction de vos moyens. Rendez-vous sur http://www.spannerfilms.net/films/ageofstupid)