Il y a 5 ans, la Caméra d'Or cannoise avait été attribuée à un film qui ne m'avait pas plu du tout, "mon trésor", le premier film de l'israélienne Keren Yedaya. Par contre, ce film avait rencontré un franc succès critique et le public français l'avait apprécié. 5 ans, après, la même réalisatrice présentait son second film, "Jaffa", en sélection officielle du Festival de Cannes 2009, hors compétition. Un film très différent et, à mon avis, beaucoup plus intéressant. Un film qui, à travers les rapports entre une famille israélienne qui tient un petit garage et leurs deux ouvriers arabes, montre les rapports difficiles qu'entretiennent entre eux, dans l'état d'Israël, les juifs et les arabes de nationalité israélienne. Les rapports difficiles mais aussi les relations amoureuses qui peuvent se nouer, comme ici entre Mali, la juive, et Toufik, l'arabe. En fait, tout irait bien sans la bêtise crasse de Meir, le frère de Mali, dont le racisme et le poil dans la main n'arrêtent pas de mettre de l'huile sur le feu. Alors qu'on croyait assister à une nouvelle resucée de "Romeo et Juliette", un événement dramatique fait bifurquer le film vers une toute autre direction. De son propre aveu, Keren Yedaya s'est beaucoup inspirée des mélos en provenance d'Egypte. Elle excelle dans sa façon de scruter les visages et elle arrive à émouvoir sans trop verser dans le pathos. Dans le rôle du père juif, on retrouve Moni Moshonov, qu'on a pu voir récemment dans les 2 derniers films de James Gray ("Two lovers" et "la nuit nous appartient") ainsi que dans "Kedma" et "mariage tardif". On retrouve aussi la grande Ronit Elkabetz dans un rôle qui ne lui convient pas très bien, celui d'une mère juive à la limite de l'hystérie. On l'a connue meilleure ! Elle retrouve sa fille de "mon trésor", Dana Ivgy, excellente. Quant à Mahmud Shalaby qui joue Toufik, c'est son premier rôle au cinéma et il crève l'écran. Roy Assaf, dans le rôle de Meir, est également très convaincant.