Sharkman a une très mauvaise critique générale, sur tout les sites que j’ai pu rencontrer, pourtant, honnêtement, c’est un film très plaisant.
D’abord il est difficile de dire que l’interprétation est franchement mauvaise. Alors d’accord tout les acteurs ne s’en sortent pas bien, et c’est particulièrement vrai des seconds rôles qui, comme on l’aura remarqué, sont bourrés d’acteurs slaves (probablement bulgares, habitude de la boîte de production). Mais le film a quand même des atouts. Certes William Forsythe est assez surprenant dans le rôle du leader, mais en même temps Sharkman est clairement second degré. Aussi je pense que ce contre-emploi est volontaire, et après tout, pourquoi un héros ne serait pas un peu ventru ? Assez apathique, il sauve quand même les meubles par son expérience. Il y a aussi un casting féminin plaisant avec Hunter Tylo et Elise Muller (actrices pas géniales mais ne manquant pas de charme), et bien sur Jeffrey Combs. Celui-ci est toujours un gage de qualité à quelques exceptions près, et là ce ne loupe pas. Il interprète un rôle qui évidemment est taillé sur mesure pour lui, et même si ce n’est pas là sa meilleure prestation (coté savant fou difficile pour lui de faire oublier Re-animator) il est juste et bien dans l’âme du film. Ce n’est pas vraiment le héros, mais il truste la vedette.
Le scénario n’est pas ridicule. En fait le postulat de départ est sympathique, un peu délirant certes, mais justement, c’est ce que l’on attend d’une telle production. Bien sur l’histoire oubli très vite sa bonne idée pour livrer ensuite un survival avec un homme-requin. C’est simpliste, mais rudement efficace, car Oblowitz maitrise son affaire. C’est rythmé au poil, c’est plein de moments anthologiques (l’accouchement par exemple), et finalement Sharkman ne se prend pas la tête. Il faut divertir, et il y va gaiement même si ce n’est pas toujours fin, et même s’il y a des incohérences. D’ailleurs l’idée d’avoir choisit la tête d’un requin marteau montre clairement la dimension hautement délirante et second degré de la chose.
Sur la forme, Sharkman est loin d’être mauvais. Oblowitz est, c’est vrai, loin d’être un génie, mais je pense que Sharkman est l’un de ses meilleurs films (il m’en manque quelques-uns à regarder). Il fait un travail assez fluide et sans grosses erreurs, essayant d’insister sur la nervosité des attaques. La photographie est tout à fait convenable, il n’y a pas de gros problèmes là-dessus, et les décors tiennent la route pour une production évidemment assez fauchée. Là où le film s’en tire bien, c’est cotés effets horrifiques. En effet si le monstre n’est pas toujours top, en revanche les effets horrifiques sont nombreux, généreux, et souvent très réjouissants pour l’amateur. Honnêtement lorsque les personnages se font manger c’est vraiment d’excellents moments, car en plus le monstre assez particulier donne lieu à quelques surprises gratinées ! Musicalement parlant en revanche ne vous attendez pas à du lourd.
Pour conclure Sharkman est un film sympathique. Généreux, enveloppé d’un second degré assumé et d’une témérité à toute épreuve dans les idées délirantes, il semble presque appartenir à une autre époque tant ce type de films s’est raréfié depuis les années 80. Honnêtement pour les amateurs de films de monstre, d’horreur kitsch, il convient de regarder Sharkman, d’autant qu’il est formellement pas si mal que ca.