Il y a des films dont on ne comprendra jamais la présence dans de prestigieux festivals comme celui de Cannes, dont "My magic" a participé, tenez-vous bien, en compétition officielle. Il y a peut-être (peut-être...) une envie de faire original dans cette fable enfantine et d'une désarmante naïveté, mais pour le reste, difficile de comprendre ce qui a pu pousser les sélectionneurs à sauvegarder ce film parmi leur belle liste, si ce n'est peut-être qu'il provient, chose rare, de Singapour. Filmé dans des couleurs naturalistes déprimantes et parsemé de zooms à la loupe, "My magic" ne peut pas prétendre à une quelconque beauté visuelle. Quant à l'intérieur (scénario, sentiments, montage), et même si la sincérité est souvent palpable, le film est encore plus laid. S'il semble être filmé par un étudiant en faculté cinéma, le film ne tire même pas parti de la simplicité de son scénario, qu'il confond avec simpliste. La bizarrerie du montage (qui prouve bel et bien que le film n'a rien à raconter) entraîne quant à elle une lassitude énervante, peu aidée par une esthétique jamais travaillée dans laquelle reflètent quelques lumières glauques d'un Singapour misérable. Les personnages, un père magicien et son fils mature (et plus responsable que son pâpounet), forcément opposés et que la beauté de l'amour va réunir, sont victimes d'un oubli total de caractérisation. Le film est plus un prétexte pour montrer l'étendu du talent de Francis Bosco (mauvais acteur, bon magicien) et ses splendides numéros que pour raconter une histoire. La caméra, en permanence fixée sur l'un des deux personnages, sans pour autant savoir en capter la tristesse ou la joie, nous montre une micro-famille peu crédible, filmée avec un misérabilisme imbuvable, type 'Thema : La misère du quotidien à Singapour'. Finalement, c'est carrément dans la conclusion, sosie d'une pub EDF et d'un spot pour le tourisme, que "My magic" dégoûte pour de bon ; après avoir filmé un univers surréaliste violent et malsain, imb