Cà débute comme une mauvaise série américaine : jeune premier beau sourire cerveau vide, rombière bavarde, intrigue stupide sensée faire rire, ennuyeuses bagarres sur musique de samba. Ca se termine de la même manière. Ce pourrait être un zéro pointé, mais il y a la partie centrale. Et là, curieusement, à partir de séquences improbables et confuses qui ne sont pas prises au sérieux, le réalisateur et le monteur plongent dans un autre univers, aux techniques proches de celles de Godard (Pierrot le fou, 1965) ou Resnais (Muriel, 1963) : voix off sur images montrant autre chose que ce qui est raconté, insert de portraits de personnages dont on évoque le nom, dialogues sonnant volontairement faux, succession de flashbacks courts, et même un « carton », façon film muet. L’effet de distanciation produit donne une impression de rêve étonnante, pour peu que l’on se laisse entraîner sans chercher à suivre une intrigue dont l’équipe technique n’a cure. Commencer la vision du film au moment où l’on aperçoit fugitivement Anna nue sur la plage, couper après l’explosion des baraquements.