Si vous pensez que Sonny Chiba est un ersatz de Bruce Lee, vous vous trompez. Quand Lee était félin et gracieux, Chiba est grimacant, primal et implacable. Ses mimiques sont impressionnantes et son style fait autant penser à du karaté qu'à du combat de rue. Macho, badass, et impitoyable, Sonny Chiba c'est le mec qui vous crève les yeux si vous le regardez mal et viol votre femme, votre fille et votre mère si vous insistez. C'est ça, le genre du bonhomme!
Dans ce film réalisé en 1974, Sonny tabasse des méchants, casse des os, marrave des femmes avant de les prostituer pour se rembourser et va exterminer un gang mafieux à lui tout seul. La classe. Pas de sentiments chevaleresques donc mais un sens de l'honneur hérité de la rue et de ses contacts avec les brigands qui va l'amener à prendre part pour une fille à papa uniquement parce que ses employeurs ne voulaient pas assez le rémunérer. On est loin des niaiseries car il faut comprendre que Chiba est un animal, un fauve, un prédateur qui ne vit que pour lui et dans son intérêt.
Badmotherfucker par essence, violent parce que la vie lui a pas laissé le choix, pratiquant le karaté non pour être zen mais pour donner libre court à la rage qui le consume, Chiba n'existe que pour se battre ce qui tombe bien!
Le film est gavé de baston en tout genre ponctué par une émasculation, une énucléation ou autre arrachage de pomme d'Adam. Un délice qui n'a pas pris une ride et qui tranche avec toutes les productions habituelles dans le domaine.
Miraculeusement, la réalisation suit. Sans en faire des tonnes, elle est honnête, lisible, efficace et est accompagnée d'une BO tout dans l'esprit des seventies que n'aurait pas renié THE SHAFT. Par contre, il est vrai que le film souffre de la caractérisation des méchants - le noir est violeur, le blanc est traite, etc... - mais c'est clichés sont inhérents aux films d'exploitation donc pas de raison de s'offusquer.
Bref et pour conclure, si vous trouviez Bruce Lee trop gentillet, Jackie Chan trop comique, Sonny Chiba est fait pour vous! Vénère d'un bout à l'autre et s'assumant complètement, ce film se termine par une scène cultissime sur un supertanker dont Tarentino ne s'est jamais remis. THE STREET FIGHTER mérite sa sulfureuse réputation et se doit d'être vu!