L’éventreur de New York n’est clairement pas le meilleur film de Lucio Fulci, mais il se défend. L’interprétation n’est pas géniale, c’est un fait, mais c’est assez caractéristique des films du réalisateur, et à vrai dire ici, ce n’est pas la pire. Jack Hedley est plutôt convaincant dans son rôle d’enquêteur, et mène l’affaire avec implication. A ses cotés on trouve Alexandra Delli Colli et Antonella Interlenghi. Ma foi elles ne se débrouillent pas trop mal, mais sans plus. Il y a du surjeu qui s’installe parfois, ce qui gâche certaines scènes. Je ne parlerai évidemment pas du tueur, pour ne pas dévoiler le suspens. Dans les seconds rôles c’est très très moyen en revanche, et heureusement que leur place est limitée.
Le scénario est assez bien travaillé, avec des rebondissements surprenants. Fulci n’hésite pas à créer de vraies surprises, c’est un bon point. Dommage que le rythme ne soit pas toujours au rendez-vous, et le découpage si haché. Il y a un réel manque de fluidité dans l’Éventreur de New York et certaines scènes s’étirent en longueur sans forcément apporter grand-chose au film (les séquences érotiques notamment, ou celle du cinéma porno).
Visuellement l’Éventreur de New York est moyen. La mise en scène fait le boulot, même si Fulci est loin de ses meilleures réalisations, par contre la photographie a terriblement vieillie. Autant Frayeurs et L’Au-delà par exemple ont su transformer leur âge en belle patine retro, autant l’Éventreur de New York parait très cheap, très pauvre. C’est dommage. Les décors essayent de rendre les dessous peu reluisants d’une ville, c’est pas mal mais pas suffisant. Trop d’atmosphères s’entremêlent en fait, et plutôt que de se concentrer justement dans les milieux interlopes, Fulci navigue trop rapidement d’une ambiance à une autre, ce qui crée d’ailleurs un peu se sentiment de découpage très sec dans le film. Les effets horrifiques sont de qualités en revanche, et les meurtres très appréciables, typiques du réalisateur. Violents et graphiques, ils ont du charme. La musique est aussi très bonne, même si trop peu exploitée à mon goût, surtout de la part d’un réalisateur qui généralement donne une belle place à l’ambiance sonore.
Au final l’Éventreur de New York n’est clairement pas un grand film, mais il fait preuve d’une certaine efficacité, et d’un certain réalisme. L’enquête est loin d’être inintéressante, les moments ultra-violents sont là, la mise en scène est honnête, et l’ensemble arrive assez souvent à s’avérer pervers et glauque. Les scènes érotiques un peu poisseuses ne sont pas étrangères à ce sentiment. Le climax du film est nettement plus cru, beaucoup plus sobre et dépouillé que Frayeurs ou l’Au-delà que je citai, en amont, et si l’ensemble ne s’est pas vraiment bonifié, il reste très regardable.