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Kurosawa
583 abonnés
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2,0
Publiée le 8 mai 2021
"Exotica" est, paraît-il, l'un des meilleurs films d'Atom Egoyan ; à la vision de ce film creux, on prend peur à l'idée de voir les moins bons du cinéaste. "Exotica" est un film qui ne dépasse ses intentions, très vite cernées, et que rien dans le déroulement du long-métrage ne vient dérégler. Miser à la fois sur l'atmosphère (la musique qui se superpose sur la danse sexuée de Christina et sur la voix sensuelle d'Eric) et sur le surgissement progressif d'une thématique massive (le souvenir, à travers le personnage torturé de Francis), c'est la double fonction d'un film dont le mystère s'éternise parce qu'il n'a ni grand chose à dire, ni grand chose à montrer. On ne sait d'ailleurs pas trop ce que l'on attend dans "Exotica", ce qui n'est pas forcément désagréable quand on accepte de se laisser porter par cette sympathique ambiance vaporeuse – rien de vénéneux, hélas, bien que ce soit l'effet recherché – ; mais si l'on se met à être un peu plus exigeant, la vacuité du projet devient évidente, à l'instar d'une résolution vaine et à ce titre émotionnellement inopérante. On ne peut pas dire que le film d'Egoyan soit totalement raté, il laisse bien quelques images du club en tête, mais une conduite aussi lâche du récit ne peut satisfaire. Essayer tant bien que mal de réaliser un film "sensoriel" – c'est beaucoup dire –, c'est ce que l'on fait quand on a aussi peu d'idées.
Exotica est typiquement le genre de film qu'il ne faut pas chercher à "comprendre". Ceux qui ont essayé n'ont pas du apprécier l'expérience. Alors qu'au contraire, le drame d'Egoyan est un voyage, dans lequel il faut accepter de se perdre, au moins au début. Ensuite, les pièces du puzzle se rassemblent et peu à peu la lumière se fait. Un film dont on ressort charmé, et qui n'a rien à envier au cinéma de David Lynch.
LE plus beau film d'Egoyan, sans aucun doute. Tout y est parfait : direction d'acteurs en état de grâce, musique fascinante, atmosphère à la fois trouble et séduisante (toutes les scénes du club). L'ambiguité est de tous les plans, de tous les personnages. Mystère, maniplation, désir et culpabilité suitent à chaque plan.. Un film tres troublant qui vous poursuit longtemps.
Exotica, comme nombre des réalisations d’Atom Egoyan, articule deux thématiques, la mémoire et la famille, de façon ici vertigineuse et enivrante : soit un club de striptease comme moyeu autour duquel gravitent une série de lieux secondaires dont la signification et l’ordre chronologique apparaîtront à mesure que les personnages vont se rencontrer, échanger, se révéler les uns aux autres. Le long métrage constitue avant tout une construction topographique, reflet d’un égarement mental, et procède par métaphores en les reliant entre eux des lieux étrangers, opposés – l’étroitesse d’une voiture, la démesure des plaines. Le club Exotica, qui donne son nom au film, sert au cinéaste d’observatoire dans lequel suivre des destinées qui se croisent ; toutefois, nous ne sommes pas, à l’instar d’Éric, juchés tout en haut de la salle ou cachés derrière les miroirs sans tain, réduits en somme à de vulgaires spectateurs passifs venus profiter des danses lascives, non nous sommes égaré dans le club, nous cherchons à lever un mystère qui nous envoûte ou du moins à créer nous aussi un lien particulier avec le personnel. Aussi le long métrage se situe-t-il entre le regard clinique sur l’homme d’un Cronenberg et l’onirisme sensuel d’un Lynch, tout en réussissant à s’affranchir de ces deux modèles pour proposer une vision audacieuse et originale d’un drame aux mille répercussions, un drame dont le soufre et l’immoralité tendent à se dissiper, dispersés par l’atmosphère exotique et brûlante de la salle de spectacle. Egoyan brosse ici le portrait d’un père et mari meurtri qui trouve en la compagnie d’une jeune danseuse à la fois un enfant à reconquérir et une attirance sexuelle à assouvir, là où la danseuse l’aborde tel un père de substitution venu la sauver de cette débauche artificielle. Exotica est un refuge contre l’espace domestique et ses souvenirs douloureux, incarné par cette maison rouge sang qui clôt un long métrage remarquable en tout point et porté par la sublime partition musicale de Mychael Danna.
L’exotica est un club de striptease pour hommes seuls. Ce club est le centre névralgique de ce huis clos voyeuriste où ce cotoie une faune d’écorchés vifs. Glaces sans teint, couloirs dérobés, miroir et effeuillages à gogo de jolis jeunes femmes ; tout est fait pour assouvir les fantasmes du spectateur masculin, et çà marche bien. Revenons à cette palette de personnages ambigües ; on perçoit très vite que tous ont des fêlures et des comptes à régler avec leur passé. Tous ces personnages marginaux et isolés se croisent ; mais Egoyan fait tout pour garder le mystère entre les liens qui unissent cette dizaine d’histoires personnelles. Le climat de mystère autour de nombreux personnages au passé opaques n’est pas sans rappeler David Lynch (« Mullholland drive » ou « Twin Peaks » entre autre) ; mais Egoyan ne transforme pas l’essai. On reste très distant de ces tranches de vie ; jamais on n’éprouve de sentiments pour ses personnages. Dommage ; d’autant plus que la réalisation fait preuve d’intelligence. Dans le premier quart d’heure, Egoyan nous fait rencontrer la dizaine de personnage qui vont constituer son récit dans une sorte de ballet. On pense à plusieurs reprises être sur le personnage principal, mais il le lâche pour partir sur un autre avec beaucoup de talent. On comprend vite qu’une intrigue supérieure les unit et qu’ils n’en sont que les marionnettes. En compétition officielle à Cannes en 1994, c’est le meilleur film d’Egoyan selon les critiques… Je m’arrêterais donc sur celui-ci.
Mise en scène du « regard absolu », la réalisation clinique et froide dAtom Egoyan participe dune mise à nu des protagonistes, dun lent effeuillage, à la manière des strip-teases que propose lExotica. Il ny a pour autant rien dexcitant à cela. Sous une objectivité apparente, et pour le moins dérangeante au vu de la perversité latente qui plane, en premier lieu, sur le film, le réalisateur nous prête à voir des gens qui ne brillent en aucun cas de par leur attitude et encore moins de par leurs actes. A mille lieues du modèle hollywoodien, manichéen et simpliste, il filme des gens maladroits, bancals, complexes aussi bien dans leurs relations à lautre que dans leur chair. Des gens touchants dhumanité. Cest pour appuyer ce propos que le metteur en scène filme en grande partie en focale courte. De cette manière, le spectateur voit tout, ou plutôt, croit tout voir pour ne pas dire tout savoir alors que rien, finalement, nest vraiment élucidé même après le dernier plan du film ... Le voyeurisme latent dans lequel baigne "Exotica" participe dune subtile mise en abyme du procédé cinématographique. A travers ces miroirs sans tain qui nont de cesse de violer toute intimité, Egoyan dresse une audacieuse métaphore du cinéma, questionnant la place des réalisateurs et celle des spectateurs qui se retrouvent confrontés à leur propre reflet, leurs propres pulsions voyeuristes. Le résultat est troublant de vérité. Forcément.
Vu sur Arte, l'avant-critique disait que c'était le "Taxi Driver des années 90"… Mouais, on repassera…
L'histoire est globalement assez bancale. Néanmoins, il y a une ambiance 90's à couper au couteau, qui mêle un peu maladroitement du Leonard Cohen, du Prokofiev, le tout saupoudré par une ambiance jazzy et mélancolique et c'est ce côté amateur et grunge, qui donne in fine tout son charme à Exotica, qui porte assurément les stigmates de son époque, pour le meilleur, et pour le pire.
En 1994, les films à personnages multiples qui se sont croisés ou vont se croiser n'étaient pas légion. "Exotica" n'est sans doute pas un film précurseur, mais son intensité dramatique, sa forme scénaristique, sa subtilité des sentiments, n'ont rien d'un brouillon. Quelle maestria dans la forme et le fond ! Atom Egoyan met en place son histoire de façon progressive, laissant monter l'intensité dramatique, filmant ses acteurs troublés en pleine douleur avec douceur. Des héros perdus, qui errent au rythme de la voix de Leonard Cohen. Un poème beau et triste.
Toronto, début des années 90. Exotica est le nom d’une boîte à strip-tease tenue par une jeune patronne qui l’a héritée de ses parents, et dans laquelle se croisent habitués, clients d’un soir, danseuses et un DJ quelque peu jaloux. Le film nous dresse le portrait de plusieurs de ces compagnons nocturnes, dont certains sont amenés à se rencontrer aussi dans la « vraie vie ». À la manière d’une puzzle, il nous dévoile des bribes de leurs histoires personnelles, mettant à jour les souffrances et névroses de ces personnages à l’existence chaotique. Atom Egoyan reste assez sage sur la forme, qui contraste étonnamment avec le lieu dans lequel se déroule la majeure partie de l’intrigue. Le générique de début est d’une grande élégance.
Un film long et ennuyeux malgrés la présence de bon acteurs et de jolies actrices. Un film hypnositant à endormir. Le sujet est intéressant. Sorte de puzzle a reconstituer au fur et à mesure. À la fin on en sort en s'étirant d'un profond sommeil.
Exotica est sans doute le meilleur film d’Egoyan. Son ambiance très particulière rappelle celle de Blue Velvet. Mais Exotica suit le cheminement inverse du film de Lynch. Blue Velvet commençait dans une réalité banale et déviait de plus en plus vers la folie. Ici chaque scène nous donne un morceau du puzzle. Mais, ce faisant, Egoyan ne fait pas que dissiper l’ambiance mystérieuse, mais réussit à la transformer en émotion. Que demande le peuple ? D’où vient le titre ? C’est le nom du club de striptease autour duquel gravitent les personnages.
Atom Egoyan prend toujours son temps pour nous installer dans ses films. Il aime le non dit, les situations ambiguës, l'errance, les surgissement venus du passé, les héros meurtris et les personnages secondaires typés. Dans Exotica, s'y ajoute une quasi unité de lieu qui permet une concentration de tous ces facteurs autour de ce club pour hommes seuls au décor rafiné. Peu à peu l'étrangeté s'installe, l'envoutement grandit, et l'on voudrait qu'il n'y ait pas de fin, que tous ces personnages blessés cicatrisent... Mais hélas les dés jetés ne se reprennent pas. "Everybody Knows...", comme le chante Léonard Cohen.
"Exotica " fut présenté en compétition officielle au festival de Cannes en 1994, l'année où "pulp fiction" reçu la palme d'or. Reparti bredouille, certains à l'époque avaient regretté ce manque de reconnaissance. Il obtint malgré tout le prix décerné au meilleur film canadien de l'année ( notre Cesar). Le réalisateur Atom Egoyan est en effet Canadien, d'origine Arménienne. Proche de Cronenberg, il n'en a pas , il faut bien le dire, le talent. Exotica est avec son film suivant " de beaux lendemains " ses deux films les plus réputés. L'intrigue est découpée de telle sorte, que ce n'est que peu à peu qu'elle se révèle et il faut dire qu'elle est mince. Un inspecteur des impôts, dont la fille a été assassinée et dont il a été soupçonné faussement d'en être l'auteur, ne se remet pas de cette perte. Il a appris pendant l'enquête que sa femme le trompait avec son frère. Inconsolable, il se rend fréquemment dans un club de strip-tease "exotica " ou une danseuse vêtue en écolière n'est autre que celle qui fût la baby siter de sa fille. La danseuse qui participa lors d'une battue à la découverte du corps de l'écoliere et le père de la victime cherchent à exorciser leur mal-être provoqué par cet assassinat. Dans une interview réalisée lors du festival de Cannes, Egoyan expliquait son film de la façon suivante : " nous créons des rituels pour gérer nos névroses, mais agissant ainsi notre état empire". Le gros problème du film est qu'il est plutôt hermétique et que beaucoup de spectateurs passeront à côté. Son côté inutilement abscons n'est pas à mettre à son crédit. Toutefois, le film dégage une atmosphère proche de celles des films de Cronenberg et de Lynch, mais malheureusement à plusieurs coudées en dessous de ces références de choix.