"Tiens, mais Finnegan Oldfield, ce n'est pas cet acteur que l'on avait repéré dans Ce n'est pas un film de Cow-boys ?!!" C'est en partant de ce constat (sachant qu'il joue aujourd'hui dans... Les Cowboys), anecdotique certes, mais plutôt amusant, qu'on a eu envie de remettre un petit coup de projecteur sur ce court métrage qui avait beaucoup fait parler au moment de sa sortie il y a 3 ans. Passé par Cannes, puis pris à partie par la Manif pour tous, le film de Benjamin Parent avait "fait le buzz", comme on dit.
Benjamin Parent, réalisateur de ce court métrage, qui avait donc permis de révéler Finnegan Oldfield, bien avant Les Cowboys, a accepté de répondre à quelques questions sur l'acteur, qui sera partout ces prochains mois (Bang Gang d'Eva Husson, Paris est une fête de Bertrand Bonello, et Réparer les vivants de Katell Quillévéré), mais aussi sur le parcours hors norme du film...
Ce n'est pas un film de Cow-boys, le teaser :
AlloCiné : Comment avez-vous repéré Finnegan Oldfield ?
Benjamin Parent, réalisateur de Ce n'est pas un film de cow-boys : C’est ma directrice de casting, Emma Skowronek, qui me l’a présenté. Nous étions en casting depuis 5 mois et je désespérais un peu de trouver « Vincent », le personnage principal du court. Il est le dernier comédien que j’ai rencontré pour le rôle.
Qu'est ce qui a particulièrement attiré votre attention sur lui ?
Il a joué sa scène et au bout de 15 secondes, je savais que c’était lui. Il avait une gueule, un regard et une capacité à faire passer toutes les émotions. On devait sans cesse comprendre ce que vivait le personnage sans que jamais il ne le verbalise. Et Finnegan, avec son jeu très instinctif, suggérait à merveille que c’était la tempête dans sa tête. Et puis c’est un comédien attentif, dévoué, empathique. C’est un plaisir de travailler avec lui, il est très généreux.
Ce n’est pas un film de cow-boys a eu une carrière assez longue et on ne s’y attendait pas. C’était mon premier court métrage et j’étais persuadé de l’avoir raté jusqu’à ce qu’il soit sélectionné, pour son premier festival, à la Semaine de la Critique à Cannes en 2012. Il y a remporté son premier prix, la Queer Palm et tout s’est rapidement enchaîné.
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Je me rends à Melbourne, au MIFF, où pendant trois jours, je regarde des films, je me balade, je vais voir tous les musées de la ville et je ne rencontre personne… Je suis très seul et je déprime… Puis vient la remise des prix à laquelle j’assiste, très dubitatif, et après que tous les prix aient été décernés, vient le Grand Prix. Je n’y songe même pas, c’est un prix qualificatif pour les Oscars, bref c’est impossible… et bim ! On gagne. C’était une sensation folle et si inattendue.Je vais alors passer une soirée géniale en rencontrant enfin les gens et échanger…
C’est une des forces du film, il crée le débat et l’échange. Il m’a permis de faire de belles rencontres et d’obtenir une visibilité, renforcée quelques mois plus tard avec la nomination aux César. Dans la foulée, Finnegan obtient le prix d’interprétation au Festival de Clermont. J’étais très fier et il le méritait tellement.
Ce n'est pas un film de Cowboys a connu une très belle carrière. Quels ont été les principaux temps forts de la vie du film ?
Récemment, la Manif pour Tous a tenté d’interdire la diffusion du film dans des écoles, sans succès, et n’a fait que relancer sa carrière avec plus de 50,000 vues en 3 jours. C’est d’ailleurs une de mes plus grandes fiertés, que le court soit utilisé comme outil pédagogique dans la lutte contre l’homophobie et étudié dans des écoles d’audiovisuel. On ne pouvait pas rêver mieux pour un premier court.
Quels sont vos projets ?
Je suis actuellement en train d’écrire mon premier long que je compte tourner fin 2016 et je prépare un deuxième court. J’ai également d’autres projets tels que des séries et un court en animation, mais que je mets en pause pour me concentrer sur le long. C’est un processus long et fastidieux mais j’ai hâte !
Finnegan Oldfield est actuellement à l'affiche des Cowboys de Thomas Bidegain, avec François Damiens :