Révélée par la doublette La Vie des Morts d'Arnaud Desplechin / Les Voleurs d'André Téchiné, la comédienne Laurence Côte est devenue depuis, entre autres, réalisatrice. Elle vient de terminer le tournage de son 3ème court-métrage, intitulée La mère à boire, avec Emmanuelle Devos. Rencontre avec l'actrice, récompensée en 1997 par le César du Meilleur Espoir...
AlloCiné : Racontez-nous la genèse de votre court-métrage "La mère à boire" ?
Je suis en train d’écrire un long-métrage avec Takami Productions. Nous avons eu de l’argent du CNC pour l’aide au développement. En sortant de l’oral pour obtenir cette aide, nous nous sommes dits avec Michel Tavares et Karine Blanc, que ce serait bien que je fasse un court en attendant, vue que ça risquait d’être long… Cette histoire personnelle s’est imposée à moi. Ce n’était pas évident car c’est de l’ordre de l’intime mais mon co-scenariste, Noël Fuzellier, m’a vraiment aidé à le fictionnaliser.
Je souhaite juste que "La Mère à boire" me ressemble.
Le tournage s'est achevé à la fin du mois d'avril. Le montage a déjà débuté ? Quand peut-on espérer le voir fini ?
Je ne sais pas... Je vais aborder le montage son et j’ai du mal à me projeter dans le futur. Il sera vu en temps et en heure. Je ne suis pas pressée. Je souhaite juste qu’il soit réussi à savoir qu’il me ressemble.
Laurence Côte réalisatrice…
Chaque court métrage est souvent l’occasion d’avancer dans son travail de réalisation. Quel challenge a représenté "La mère à boire" ?
La dernière fois que j’ai réalisé des courts, c’était il y a une bonne dizaine d’années. Depuis les techniques ont changé. De plus, je tournais avec Emmanuelle Devos qui même si je la connais, ça me foutait les jetons. Je voulais être à la hauteur. Et ensuite avec mon fils. Tout ça , m’a mis une grande pression.
J'aime les comédies qui parlent de l'intime.
En tant que réalisatrice / auteur, quelles sont les thématiques qui vous sont chères ?
J’aime les comédies qui parlent de l’intime. Sinon en tant que spectatrice, j’aime aller tout voir...
Après plusieurs courts métrages, un format qui est à la fois une façon particulière de raconter une histoire et un entrainement pour le long, à quand le passage à l’étage supérieure ?
Comme je le disais, je suis en train d’écrire un long avec mon co scénariste de La Mère à boire et de Julien Guetta. Mais je préfère ne pas raconter l’histoire. Je suis superstitieuse et je n’aime pas "vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué"...
Emmanuelle Devos…
Vous avez tourné deux fois avec Emmanuelle Devos (dans les deux moyens métrages "La Vie des Morts" et "Les Cendres du Paradis"). Avoir joué avec elle vous a-t-il aidé à la diriger ?
Depuis que je connais Emmanuelle, sa carrière a beaucoup évolué. Oui forcément, la connaître m’a aidé à la diriger car j’ai une grande confiance en elle. Je l’ai connu à ses débuts et j’ai tout de suite flashé sur cette fille : je la trouvais canon, elle avait beaucoup de classe. Donc mon engouement pour elle est sincère. Je l’ai beaucoup vue jouer au cinéma et au théâtre.Mais cela ne m’a pas empêché d’avoir de la pression car je voulais être à la hauteur et ne pas la décevoir.
Je voulais être à la hauteur d'Emmanuelle Devos, ne pas la décevoir.
Emmanuelle Devos n’avait pas tourné dans un court métrage depuis quelques années. Comment on la convainc de revenir au court ? Par l’histoire racontée ?
Je pense qu’Emmanuelle m’a fait un immense cadeau en acceptant de jouer dans mon court…Par amitié sûrement et aussi parce qu’elle a beaucoup aimé le scénario. C’est une actrice exigeante et sa confiance m’a portée, boostée.
Laurence Côte actrice…
Quel regard portez-vous sur votre parcours à ce stade de votre carrière ?
A un certain moment, les gens ne m’ont proposé que le même genre de rôle que celui des Voleurs (ndlr : réalisé par André Téchiné)...Je me suis heurtée à la difficulté de convaincre les réalisateurs que je pouvais jouer autre chose. Je me suis sentie rejetée et cela m’a profondément blessé. Maintenant, j’ai dépassé cette souffrance et me sens bien dans ma vie. Mes deux enfants m’ont amené au concret de l’existence. Je fais mes trucs dans mon coin. Dernièrement, j’ai fait une mise en scène de théâtre, deux farces (L’Ours et La Demande en mariage) de Tchekhov, un auteur que je vénère, que je reprends à l’Aktéon en septembre.
Après "Les Voleurs"', je me suis sentie rejetée et cela m’a profondément blessé.
Avez-vous des projets en tant que comédienne à venir ?
A part mon copain réalisateur et par ailleurs co-scenariste Noël Fuzellier qui me fait tourner notamment dans son dernier film, le court-métrage Y a pas de lézard, non…
Propos recueillis par Thomas Destouches à Paris le 22 juin 2015
Laurence Côte faisait également partie de la belle bande de Nos Enfants Chéris, la comédie de Benoît Cohen...