Jean-Luc Godard, en tant que cinéaste, se porte bien. Dans ce nouveau court métrage épistolaire, il se met en scène affaibli, tombant dans son salon et peinant à se relever. La voix tremblante, lui qui n’a jamais cessé de réfléchir sur le cinéma et son langage, remercie à sa manière. Sans discours formel, il fait en sorte que l’hommage qui lui a été rendu par l’Académie du cinéma suisse ne reste pas lettre-morte.
Les aficionados de l’auteur d’A Bout de souffle et de Pierrot le fou se souviendront sûrement de la façon dont Jean-Luc Godard avait déjà décliné – à la dernière minute, comme toujours – l’invitation à présenter son Adieu au langage, au Festival de Cannes 2014. Sa missive vidéo, à défaut d’être limpide, offrait au monde du septième art un film supplémentaire du cinéaste.
Godard, à 84 ans, n’a manifestement pas décidé d’arrêter de filmer. S’il ne quitte plus sa maison en Suisse, ses productions continuent de se propager sur les écrans du monde entier. Au cours des cinq dernières années, il a signé deux longs métrages à lui seul (Film Socialisme, Adieu au langage) et a participé à deux films collectifs (3x3D, Les Ponts de Sarajevo). Deux de ses dernières œuvres ont même été tournées en 3D.
Aujourd’hui, en sept plans et en quatre minutes, Jean-Luc Godard dresse un portrait de lui usé par le temps, s’écroulant physiquement. Mais c’est aussi l’histoire d’un artiste qui finira éternellement à son bureau, le cigare dans une main, la plume dans l’autre, un bon mot à la bouche et des idées plein la tête.